Le cinéma et Brive c’est une longue histoire. De nombreux films ont été tournés dans la cité corrézienne et il serait bien hasardeux de se risquer à établir une longue liste de peur d’oublier une oeuvre. Si un film devait actuellement sortir du lot ce serait sans doute Adolescentes, réalisé par Sébastien Lifshitz avec Anaïs Chambeaudie et Emma Jaubert deux jeunes Brivistes, récemment récompensé du prix Louis-Delluc (voir par ailleurs).
Brive c’est aussi ses cinémas, Les Nouveautés, aujourd’hui disparues, Le Rex, Le Splendid autrefois situé au théâtre municipal, le ciné-club également disparu, le Centre culturel de l’avenue Jean-Jaurès, le Mega CGR. Brive c’est également l’option cinéma-audiovisuel du lycée d’Arsonval qui existe depuis les années 1990. C’est encore Les Rencontres du moyen métrage, festival international.
Brive terre de cinéma ? Sans aucun doute !
Tous les jours nous vous proposons une rencontre avec un acteur de la scène briviste. Aujourd’hui Pierre Magnol, motion designer. (7/12).
Textes Julien Allain ; Photos Diarmid Courrèges.
Pierre Magnol, 49 ans, fait référence dans son métier. Depuis Saint-Viance cet autodidacte travaille pour le monde entier en tant que motion designer. Dernièrement, il a participé au film Kaamelott qui devrait sortir cette année en tant que superviseur des effets spéciaux et devrait être au générique du prochain film de Sébastien Bailly. Cet insatiable bosseur aux multiples travaux poursuit, ces derniers temps, des projets plus personnels qui lui tiennent à cœur sur Brive et sa région tout en assurant des cours à Paris, chez Vidéo Design Formation où il transmet son savoir faire. Itinéraire d’un précurseur.
« Depuis petit, surtout depuis l’âge de huit ans, je suis fasciné par le cinéma notamment par les génériques et par les films de science fiction. Dans un coin de ma tête, je me projetais de travailler dans ce domaine. Sans avoir d’idées précises. Malheureusement à l’époque, habitant Allassac, c’était difficile de s’imaginer tout ça. Il y avait un néant d’orientation. Mais surtout pour intégrer certaines écoles il fallait friser l’excellence ou être du sérail. Etant en échec scolaire, c’était impossible », avoue Pierre Magnol.
L’Allassacois, passe son bac, puis enchaîne les petits boulots « J’ai été brancardier, projectionniste itinérant… Et un jour, mon père entend parler de l’école 3iS en région parisienne qui ouvrait une formation continue de monteur vidéo truquiste aux demandeurs d’emploi. J’y suis allé, à la sortie, j’ai trouvé immédiatement un boulot au sein du groupe Canal +, je suis entré à la chaîne Demain !, pour laquelle j’ai travaillé environ deux ans. Cela devait être entre 1996 et 1999. »
Après avoir été licencié, Pierre Magnol intègre la première formation en France de chef de projet multimédia. « C’était à Limoges. C’était les débuts du tout numérique. Je trouve encore une fois immédiatement un emploi après cette formation chez Ultime une petite société. J’y travaille deux ans, la boîte coule, elle ne survit pas à l’explosion de la première bulle Internet. Alors en 2001, je m’installe à mon compte en tant que freelance à Saint-Viance », explique Pierre.
Depuis le village corrézien bordé par la Vézère, Pierre Magnol travaille pour le monde entier et acquière rapidement une notoriété dans le cercle très fermé, à l’époque, de ce métier. « J’ai fait partie de trois premiers motion designer français. Forcement, mon travail était vu. Aujourd’hui, je ne ferai pas la carrière que j’ai faite. C’est contextuel. Je suis arrivé avec une pratique et un savoir faire au bon moment », assure humblement Pierre Magnol.
De la chance, un contexte sûrement mais aussi beaucoup de talent et de travail. C’est sans doute pour cela qu’Alexandre Astier, dont l’exigence est reconnue, créateur de la série Kaamelott mais également de nombreux one man show, pour lesquels Pierre Magnol avait déjà travaillé (notamment sur l’ExoConférence), le recrute pour le film Kaamelott en tant que superviseur des effets spéciaux. Sans doute l’un des films français les plus attendus de ces dernières années.
A côté de cet énorme projet par ailleurs terminé, Pierre Magnol devrait participer au prochain film de Sébastien Bailly, Comme une Actrice. « La rencontre s’est faite naturellement », assure Pierre. « Je suis en train de travailler sur le maquettage des effets spéciaux du film ». Cet hyperactif multiplie les idées. Il travaille déjà sur un documentaire sur la jeunesse alternative briviste. « C’est un projet qui me tient très à coeur. Nous sommes en plein casting. Nous recherchons des jeunes qui sortent de l’ordinaire que cela soit par leur pratique sportive ou culturelle », explique Pierre. « Il y a des talents à Brive dont on ne parle pas et qui, une fois leur bac obtenu, s’en vont. Il faut faire en sorte de les garder. De répondre à leurs attentes et besoins », suggère le Saint-Viançois. Une autre idée bouillonne dans le cerveau de Pierre Magnol. « Je réalise actuellement un petit film sur les paysages de la Corrèze. Je suis très fier d’être d’ici. Je souhaite mettre ce territoire en valeur. Je souhaite également mettre en place une sorte de jeu photographique sur des lieux insolites de Brive. C’est en cours. Ça s’appellerait Détails. »
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Lycée d’Arsonval ; Hélier Cisterne réalisateur ; Sébastien Bailly réalisateur ; Louise Bordas régisseuse ; Antoine Parouty chef opérateur, Clotilde Gillardeau