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Un premier bilan pour la Maison de soie

La Maison de soie qui accueille les victimes de violences, a tout de suite montré son utilité : en à peine quatre mois, 82 victimes y ont déjà bénéficié d’un accompagnement global et personnalisé. La visite ce matin de la préfète Salima Saa a permis de dresser un premier bilan.

C’est le genre de bilan dit “positif” dont on aimerait se dispenser tant il reflète la permanence d’un fléau que notre société a du mal à éradiquer. Et pourtant, la Maison de soie qui a ouvert en novembre dernier, a déjà prouvé qu’elle avait tous les atouts que ses partenaires voudront bien lui donner, pour combattre ce mal récurrent. Elle est située dans l’enceinte du centre hospitalier de Brive, sans en être un service. “Nous ne sommes que les hébergeurs”, précise son directeur. Un hébergeur primordial avec l’accès facilité aux services médicaux. L’emplacement est discret, en rez-de-chaussée. On y accède par le parking de l’hôpital à hauteur des urgences comme par un portail sur l’avenue Henri-Queuille. Les locaux sont petits, mais suffisants pour offrir un cocon accueillant, une écoute bienveillante et un suivi gratuit.

La Maison de soie s’est construite sur le modèle de la Maison des femmes de Saint-Denis, première structure du genre mise en place en 2016 par le Dr Ghada Hatem, et a pour objectif d’accueillir les victimes de toutes les violences, intrafamiliale, sexuelles, psychologiques, sociales, migratoires, et de leur proposer un accompagnement sur le plan médico-psycho-social et judiciaire. Sa force est de réunir un large partenariat d’acteurs intervenant dans ce domaine et de puiser dans leurs compétences. Des acteurs associatifs, comme l’historique SOS violences conjugales qui œuvre depuis 30 ans, médicaux, judiciaires  des forces de l’ordre ou de la justice… “Cette Maison de soie sera ce que nous en ferons, nous la coconstruisons ensemble“, indique le docteur Claude Rosenthal, l’un des porteurs du projet.

“C’est un lieu unique qui permet de traiter l’ensemble des problèmes et qui répond vraiment aux besoins. Les personnes victimes de violences se sentent toujours coupables, sont en état de précarité et de faiblesse et n’ont pas la force d’aller frapper à la porte de chaque structure”, reconnaissait la préfète Salima Saa à l’issue de sa visite.

“Le premier contact se fait de façon physique ou téléphonique, programmé ou non”, explique Claire Laval, l’une des deux sages-femmes coordinatrices. “Il y a un entretien, de référence en présentiel, mais il peut se faire par téléphone et de manière anonyme. Nous recueillons les besoins et les souhaits. C’est la victime qui fait le choix de son parcours, nous sommes là pour la guider et l’orienter vers les partenaires.” Une prise en charge d’abord, un accompagnement ensuite. “Et lorsqu’un rendez-vous n’est pas honoré, nous ne perdons pas le lien”, ajoute son pendant Marie Scotet. Le suivi ne se milite pas qu’au médical, social ou juridique. “Il faut aussi penser à l’avenir et à la reconstruction afin de permettre à la personne de retrouver une vie sociale, une reconnexion à leur corps, à la joie. Nous avons ainsi mis en place divers ateliers, danse, chant, karaté…”

En 2020, dans ses premiers mois d’existence, la Maison de soie s’est surtout attachée à apporter des réponses aux femmes et hommes victimes. “Nous allons aussi mettre en place un parcours enfants. L’enfant, même in utero, perçoit la violence autour de lui. Qu’il soit victime ou témoin, s’il n’est pas accompagné, il devient un futur auteur en puissance.” La Maison de soie s’est aussi fixée comme ambition de prendre en charge les auteurs de ces violences. Notamment avec et grâce à l’ARAVIC (Association de réinsertion des délinquants et aide aux victimes en Corrèze) qui est référent sur le département pour un projet de CPCA (Centre de prise en charge  des auteurs) qui devrait être opérationnel mi 2021.

“Aujourd’hui, il existe huit maisons de ce type en France et le réseau va se développer dans les années à venir”, escompte le docteur Rosenthal. Signe des temps où ces violences se sont accrues, aggravées par les addictions de toutes sortes, les écueils sociaux et économiques, les confinements. Signe des temps aussi où la parole peut enfin se libérer.

Pour joindre la Maison de soie:

  • par téléphone au 05.55.20.57.24
  • par mail à maisondesoiebrive@gmail.com
  • sur place lundi de 9h à 17h, mardi de 9h à 18h, mercredi de 8h à 13h, jeudi de 9h à 18h et vendredi de 8h à 17h
  • un site maisondesoiebrive.fr et une page Facebook.

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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