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La Maison de soie est créée pour une meilleure prise en charge des violences faites aux femmes

La soie évoque la douceur mais aussi un processus de transformation du cocon en fil résistant. D’où le nom donné à cette association qui est née hier après-midi. Discrètement adossée à l’hôpital de Brive, elle se veut une structure d’accueil, d’orientation et de coordination de tous les partenaires qui œuvrent chacun de leur côté pour apporter aux femmes victimes de violences une réponse à leur problème. Innovante, elle considère aussi la violence comme une pathologie qu’il faut soigner par une prise en charge médicale de ses auteurs.

La veille, le 2 septembre, le Premier ministre Jean Castex réaffirmait le caractère inadmissible de ces violences en visitant la Maison des femmes à Saint-Denis, structure qui a inspiré la Maison de soie de Brive. “Sa gestation aura duré plus de 2 ans, mais les dépassements de terme sont essentiellement dus à la Covid-19”, a expliqué le “papa”, le docteur Claude Rosenthal, président de Gynécologie sans frontières. Le projet a germé de cette frustration qu’il partage avec nombre de professionnels à ne pas savoir/pouvoir apporter une réponse probante aux femmes victimes de violences de toutes sortes. Car ce problème soulève bien des aspects qui ne sont pas seulement médicaux comme en attestait la diversité des partenaires venus de divers horizons pour assister à cette première assemblée générale de l’association. “Vous êtes dans une salle d’accouchement et un bébé va naître”, déclarait le médecin avec émotion.

Le projet initialement porté avec deux sages-femmes, Claire Laval du réseau périnatal Nouvelle-Aquitaine sur le territoire Limousin et Marie Scotet, praticienne libérale, a su indéniablement fédérer les acteurs médicaux, politiques, institutionnels, associatifs, tant il touche à un réel problème sociétal. “En 2019, il y a eu 174 victimes de conflits intrafamiliaux dont 146 femmes, chiffre Claude Rosenthal. A l’appui, une carte pointant en rouge foncé la Corrèze comme un des départements où la mortalité rapportée au nombre d’habitants est la plus importante.

Murie par un long processus, la Maison de soie qui va progressivement se mettre en place, a comme berceau le centre hospitalier, mais dans un bâtiment distinct, à la fois proche et en dehors de la fonction médicale de l’établissement, “un endroit discret, adapté aux circonstances”. Son conseil d’administration qui sera renouvelé chaque année par tiers, est composé de 15 membres élus pour 3 ans, représentant les divers aspects de cette problématique (l’Office municipal de solidarité, l’association Ecoute et soutien, l’Aravic, SOS Violences conjugales, la CMC Les Cèdres, l’hôpital de Brive, le conseil de l’Ordre des sages-femmes, l’Udaf, le conseil de l’Ordre des médecins, Gynécologie sans frontières, le CDIFF, une psychologue, le conseil de l’Ordre des avocats et un médecin légiste). Seront également invités à participer aux réunions des représentants institutionnels et des experts qualifiés.

Dans sa conception, le projet s’est inspiré de la Maison des femmes de Saint-Denis, première structure du genre créée en octobre 2016 et gérée par le docteur Ghada Hatem, qui accompagne les femmes victimes de viols, de violences et d’autres abus sexuels. Une référence. Les fondateurs ont d’ailleurs répondu à un appel de la Fondation des femmes à créer ce type de lieux pour que les femmes se reconstruisent et reçu 43.000 euros. Ainsi qu’une effigie colorée rappelant celles de Niki de Saint Phalle qui prendra bonne place au sein de la Maison de soie. Frédéric Soulier, maire et président du conseil de surveillance de l’hôpital, a salué la création de ce nouveau service comme “un moyen de décloisonner les intervenants et d’offrir ainsi une meilleure coordination”. Au delà d’une réponse aux violences faites aux femmes, l’originalité de la Maison de soie est aussi de considérer la violence comme une pathologie et à ce titre d’essayer par un effort commun d’apporter des remèdes avec une prise en charge médicale des auteurs. Portée sur les fonds baptismaux hier, la structure va donc désormais vivre en trouvant progressivement son fonctionnement.

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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