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“Le drapeau du 126 était caché dans notre grenier”

“J’avais une dizaine d’années. C’était pendant la Seconde guerre mondiale. Le drapeau était bien plié dans un carton sous des piles de linge“, se souvient Denise Entraygues. “Ma mère me l’a montré et m’a dit qu’il ne fallait surtout en parler à personne. C’était un secret.” Un secret que la famille aura gardé plus de 75 ans.

Le 7 février dernier, le 126e régiment d’infanterie a commémoré sur la place du 14 juillet une page méconnue de son histoire: sa renaissance après avoir été dissous en août 1940. La prise d’armes avait comme invité d’honneur le drapeau de l’époque, un vétéran sous cadre, portant beau ses couleurs défraîchies telles des médailles obtenues au prix du sacrifice. C’est lui, 75 ans plus tôt, presque jour pour jour, que le régiment reconstitué a en effet retrouvé lors d’une même prise d’armes, avant de partir dans sa campagne d’Allemagne. Le colonel Duché, dernier chef de corps avant la dissolution, qui avait pris soin de le soustraire pour qu’il ne tombe dans les mains ennemies, avait alors remis le précieux étendard tricolore à son successeur, le commandant Passemard. L’histoire officielle relate que le drapeau aurait été ainsi caché, on dit même enterré, pendant 4 ans dans un jardin.

“C’est un secret, il ne faut le dire à personne”

Enterré ? Pas enterré ? “Peut-être, je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que le drapeau a été caché dans notre grenier. Combien de temps, je ne sais pas”, témoigne Denise Entraygues. Elle avait alors une dizaine d’années. Son père, militaire au 126, était le capitaine René Baurain. “Il a été fait prisonnier et était détenu dans un oflag (camp d’officiers, NDLR) en Poméranie”, explique-t-elle.

“Ma mère, ma grand-mère et moi habitions aux Tilleuls. Un jour, elle nous a réunis avec mon oncle et nous a emmenés dans les combles où nous avions un grenier. Là, elle nous a montré le drapeau. Il était caché sous des piles de linge, bien plié dans un carton. Je m’en souviens très bien. C’est Madeleine Duché, l’épouse du colonel, qui le lui avait confié. Nos familles se fréquentaient, nous étions même des parents très éloignés. Je ne me rendais pas compte de ce que c’était, mais ma mère a précisé: “C’est un secret, il ne faut le dire à personne”. Il ne fallait surtout pas que ça s’ébruite car nous n’étions pas loin du Terminus, siège de la police allemande. Il n’y avait que la passerelle qui nous séparait.”

L’épisode est resté dans les annales familiales. Et il aurait pu y rester encore longtemps, jusqu’à finalement tomber dans l’oubli. “Lorsque je questionnais ma mère, elle ne souhaitait pas le dévoiler.” Ce qui avait été fait, était passé. Jusqu’à ce que Denise découvre notre article dans le Brive Mag de février et cette histoire est revenue jusqu’à nos oreilles. Denise a accepté de témoigner. “Ce n’est pas pour la gloire”, précise-telle, “mais pour la vérité historique.”

Sur ce sujet, vous pouvez aussi consulter notre précédent article:

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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