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Brive Festival : un final en apothéose

Clap de fin hier soir pour Brive Festival. La 15e édition s’est achevée par une puissante soirée alignant le rappeur Niska, une incendiaire Catherine Ringer et des survitaminés Shaka Punk. Le grand écart, à l’image des 3 précédentes soirées, réussit à séduire les générations. Le festival qui revendique cette “identité familiale”, a une nouvelle fois battu les records d’affluence. Bilan d’une édition à nulle autre pareille.

Hier soir, les fans étaient encore là de bonne heure pour ne perdre aucune bribe du premier en lice, en l’occurrence un Niska toujours “sapé comme jamais”. Avec son verbe véner’ et des basses assommantes prompts à séduire les plus jeunes, le rappeur aura d’emblée donné le ton d’une soirée qui promettait tout sauf d’être douce. Et elle ne le fut pas, au grand bonheur des plus jeunes… et des moins qui ont vu une Catherine Ringer embrayer dès son entrée sur scène.

Cachée sous un blanc chapeau cloche, la chanteuse a enclenché “Hé, c’était comment avant d’être un œuf?”, l’un des titres de son dernier opus Chroniques et fantaisies. Le grand retour de la reine Catherine avec ses vocalises d’exception et son sourire toujours en coin. Une Catherine Ringer devenue “senior”, capable de faire avec tout son talent l’état des lieux de sa vie en annonçant “des chansons assez fraiches mais aussi des très, très vieilles”.

Oublié le sublime tango électro de son dernier passage à Brive Festival il y a 4 ans avec Gotan Project. La chanteuse est revenue à son excentricité, ses déhanchés endiablés et a littéralement enflammé la plage et les loges alentours, hypnotisant le public de sa voix pleine de passion. L’occasion de vérifier que les tubes des Rita Mitsouko n’ont pas pris une ride en 35 ans. La grande dame évoque le nom de son ancien compagnon et la foule exulte. Plus de 10 ans après sa mort, Fred Chichin est bien toujours là à ses côtés comme dans le cœur du public et leurs tubes Andy ou Marcia Baila continuent à faire danser même les plus jeunes.

Place ensuite à la déferlante SHK PNK. Une vague de folie a inondé comme il y a 3 ans la plage dans un délire de sons et d’images. Un show explosif! Il n’aura fallu attendre que le deuxième titre pour que le survolté Frah se jette une première fois dans la fosse, marche sur le public, revienne aux pieds d’une Sam à la crête dressée pour repartir un peu plus tard dans la nasse, fendre la foule, la dominer à nouveau, commander la marée humaine, grimper sur une loge… Avec toujours cette jubilatoire décadence invoquant un monde post apocalyptique où se croisent créatures fantastiques et fantasques, robots et poupées hybrides, aéronefs ou cachalots et bien sûr les emblématiques singes qui accompagnent le groupe. Un univers futuriste ultra-soigné et réaliste dont les Shaka savent jouer à merveille, à l’image d’une facétieuse danse avec une armée de robots ou des réjouissantes battles entre les (vrais) musiciens et les avatars de stars disparues, Bowie, Prince… Des bêtes de scène. Plus déjantés, tu meurs. Même Catherine Ringer n’a pas résisté à faire une gesticulante apparition. Le groupe a comme à son habitude tenu de bout en bout le public en haleine, laissant exsangues pour un moment cordes vocales et tympans.

Cette ultime soirée en apothéose s’inscrivait dans la veine des précédentes, en jouant le grand écart entre les genres. “C’est une volonté de croiser les publics“, explique Stéphane Canarias. Le directeur de Festival Production revendique cette identité: “Nous sommes un festival familial et la programmation nourrit ce concept. Nous réunissons dans la même soirée de quoi séduire à la fois les ados, leurs parents et leurs grand-parents”. Cet ADN expliquerait-il la réussite de la manifestation estivale? Pas seulement car il y a aussi la proximité entre artistes et festivaliers, une proximité très appréciée par les uns comme les autres. “Le spectateur le plus éloigné se situe à 50m de la scène. Ce petit périmètre concentre 8.000 personnes. Il y a une telle densité…” Vu de la scène, avec les loges qui enserrent le sable, s’en dégage une vision surprenante d’arène. “Francis Cabrel a évoqué un théâtre à ciel ouvert.”

Cette édition a ainsi battu tous les records. Celui d’abord de la fréquentation avec une jauge accrue de 20%: “Nous arrivons à un peu plus de 32.100 personnes en 4 soirs. Davantage qu’en 2017 alors que nous étions sur 5 jours”. Les 3 premiers soirs se tenaient à guichets fermés et comme l’an dernier, c’est le lundi qui s’est retrouvé à la traine (relative vu le monde encore hier soir). “Nous envisageons de démarrer la prochaine édition un jour plus tôt, le jeudi, pour finir dimanche.” Bien sur, il y a toujours des améliorations à apporter, comme réduire la file d’attente au cashless le premier soir ou celle des toilettes (jusqu’à 45 minutes à patienter), véritable point noir de cette édition. “Il y en aura davantage l’an prochain”, promet le directeur. “Avec le président de Festival production Christophe Sabot, nous avons eu justement une réunion en mairie avec Frédéric Soulier afin d’améliorer l’accueil des festivaliers.”

Cette année, pour la première fois, il y a avait aussi un Off qui a irrigué dans l’après-midi le centre-ville avec une quarantaine de concerts gratuits grâce à un partenariat avec les bars. “C’était bien le vendredi, génial le samedi, plus compliqué dimanche et lundi avec les magasins fermés, mais il faut insister, les gens étaient contents. Ça nous permet de proposer des artistes que nous ne pouvons pas intégrer directement dans la programmation du In.” Le festival déborde bien au-delà de sa plage, car s’il y avait bien ce Off programmé l’après-midi, un autre “off” s’est tout naturellement immiscé chaque soir avec des restaurants pris d’assaut le long de l’allée des Tilleuls ou les pelouses de la Guierle accueillants de nombreux pique-nique.

Désormais, Brive Festival formule 4 jours se structure comme une fusée à 3 étages: des artistes régionaux l’après-midi, des émergents en inter-plateaux sur la scène Corrèze et les pointures sur la grande scène. Il y avait même dans le Off une surprenante déambulation non musicale (lier notre article en cliquant ici). “J’adorerai qu’il y ait une profusion de concerts dans les rues de Brive avec des spectacles de rue déambulatoires”, rêve l’initiateur de ce qui s’est imposé comme le grand rendez-vous de l’été. “C’est parti de Brive plage. J’avais 28 ans quand j’ai créé ce bazar, il n’y avait pas grand monde pour y croire. On a démarré avec 2 tentes, une pagode et une scène même pas couverte”, se rappelle Stéphane Canarias. “La grande scène des Francopholies fait 11.000 spectateurs. Nous chaque soir, c’est 8.000. Avec beaucoup d’humilité, je suis fier de ce que c’est devenu. Toutes les grandes ventes passent par Brive Festival.” Pour continuer l’aventure, le directeur sait surtout qu’il peut compter sur un indéfectible pilier de salariés parmi les 350 qu’a nécessité cette édition. Car si la manifestation a bien grandi, elle n’en a pas moins gardé son petit côté “famille”. Une “âme” qu’il sera bon de savoir préserver.

Photos Pause your life.

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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