“Welcome back”. C’est avec cette formule consacrée que le colonel Goisque, commandant le 126e régiment d’infanterie briviste, a salué les douze Bisons revenus d’une mission de six mois en Afghanistan. Une première puisque ces hommes étaient déployés en OMLT, c’est à dire au cœur même des unités afghanes. Une “précieuse expérience” que le régiment saura mettre à profit pour sa prochaine mission: le gros du 126, soit quelque 500 Bisons, repart pour l’Afghanistan en juillet 2010.
Ils sont rentrés tranquillement par le train vendredi dernier et leur arrivée en gare de Brive n’est pas passée inaperçue. Sur le quai les attendait une quarantaine de leurs camarades, chef de corps en tête, commandants d’unité en bloc, tous en tenue de sortie. Aujourd’hui, le régiment marquait plus officiellement leur retour par une petite réception en salle d’honneur.
La fatigue se lit encore sur les visages. Le décalage aussi. “Il faudra nécessairement du temps pour se réhabituer à notre culture”, reconnaît le capitaine Régis Baptiste. “Là-bas, la vie est plus rustique. Il faut réapprendre à dormir dans un vrai lit”, ironise-t-il. Leur mission a débuté en mars dernier pour une durée de six mois. En tant qu’OMLT (Operational mentoring liaison teams). En clair, ils étaient déployés par petits groupes de 4 au cœur des unités afghanes, les assistant dans l’instruction comme dans l’action sur le terrain. “Ma mission était de conseiller un homologue afghan, capitaine comme moi. L’Afghanistan est un théâtre particulier et nous avons eu 6 mois de préparation avant le départ. Sur place, c’était une relation très proche, très enrichissante, une grande expérience humaine.”
Bien sûr, tous ont eu une pensée pour un des leurs, le médecin capitaine qui a failli perdre la vie en Afghanistan. “On se prépare psychologiquement à ce genre de problème. Il faut essayer de faire abstraction car la mission continue.” Grièvement blessé en juillet dernier, ce 13e homme a été rapatrié sur l’hôpital militaire Percy de Clamart et n’a pu rentrer chez lui que ce week-end. “Dès qu’on s’est posé à Paris, on lui a tous rendu visite à l’hôpital.”
A leur retour, les Bisons “afghans” ont aussi pris contact avec leur nouveau chef de corps, le colonel Jérôme Goisque. “J’ai eu beaucoup de difficultés à vous joindre par téléphone sur le terrain, mais je sais que la manière dont vous vous êtes comportés est remarquable. Vous avez fait honneur à votre uniforme et à votre régiment. Vous avez participé à une expérience relativement rare dans l’armée et qui possède donc une grande valeur”, a-t-il déclaré, avant de leur souhaiter de “bonnes permissions” et de finir sur un “welcome back et la main dessus”.
“Que des éléments brivistes aient été désignés pour cette mission d’OMLT est une reconnaissance pour le régiment“, se félicite le colonel. “Car le choix de ces hommes est rigoureux. Ils doivent faire preuve certes d’une résistance physique à l’endurance mais aussi d’un équilibre psychologique et familial, car sur place ils sont confrontés à une situation stressante, à la mort dans ce qu’elle a de plus cru.” Nul doute que l’expérience accumulée par ces trois officiers et dix sous-officiers sera mise à profit au sein du régiment.
Car en ligne de mire se profile la prochaine mission du 126 en Afghanistan qui est prévue pour juillet 2010 pour une période de six mois. “Ce théâtre étant particulier, la préparation est plus longue et la mission dure plus longtemps”, explique le colonel. Le régiment composera le gros d’un bataillon de 800 personnels, placés justement sous le commandement du colonel briviste: 500 Bisons, renforcés par une quarantaine d’hommes du 92e d’infanterie de Clermont-Ferrand, une centaine du génie de Castelsarrasin, une centaine des blindés d’Angoulème et environ 80 artilleurs de La Valbonne près de Lyon. Tous appartenant à la 3e brigade mécanisée.
Avec le récent retour du Tchad de la 2e compagnie, le régiment briviste est aujourd’hui quasiment au complet à une quinzaine d’éléments près. Il a entamé sa préparation spécifique qui va se décliner en plusieurs phases. “D’abord un aguerrissement individuel, avec un effort mis sur le tir, le secourisme de combat et la conduite des véhicules”, explique le colonel Goisque. “Puis de février à mai 2010, une préparation collective, 15 jours en Champagne sur un centre d’entraînement tactique, avec des scénarios propres au théâtre afghan, un séjour au camp du Larzac pour des tirs opérationnels de petits calibres pour finir par une mise en situation dans le nouveau camp spécifique à Canjuers dans le Var.”
Quant aux éléments qui resteront sur place à Brive, eux-non plus ne chômeront pas: ils devront accueillir les 200 nouveaux engagés qui sont attendus de novembre à fin 2010.