Près de 500 personnes s’étaient rassemblées hier sur la place du Civoire pour assister au ciné-concert. Portée cette année par le compositeur Laurent Levesque, cette soirée constitue un des temps forts du festival du cinéma de Brive inauguré mercredi soir. Chaque année, cette soirée fait le plein. Le cru 2010 n’a pas failli à la règle. Les secrets de ce succès ? “Trois courts métrages de qualité, un grand pianiste, et une superbe écoute de la part du public briviste”, résume Sébastien Bailly, délégué général des Rencontres de Brive.
Laurent Levesque, compositeur de musiques de film, qui a notamment travaillé avec Costa-Gavras et Cédric Klapisch, a proposé au public briviste des morceaux inédits de sa composition pour accompagner et sublimer les trois films projetés sur l’écran géant installé sur la place du Civoire. Entr’acte de René Clair d’abord, un film en noir et blanc de 1924. Destiné à être diffusé à l’entracte de Relâche, un ballet dadaïste de Jean Börlin et Francis Picabia, ce film d’avant-garde, curieux et intriguant, a entraîné les spectateurs dans une course folle qui mettait notamment en scène une danseuse barbue filmée de dessous ou encore un corbillard tiré par un chameau. Surréaliste !
Broadway by night de William Klein, photographe et réalisateur, a ensuite plongé les spectateurs dans le festival de couleurs et de lumières du Broadway des années 1950. Un Moment de silence de Johan van der Keuken a terminé la soirée. “Le dernier film dégage une émotion particulière. Il est centré sur des personnes et dévoile des rencontres impromptues. Je trouve qu’il y a beaucoup d’humanité”, a confié Laurent Levesque avant de se remettre au piano. Sur l’écran, s’installe alors un paysage urbain du début des années 1960. A travers les regards, les sourires de ces hommes et femmes pris sur le vif de leur journée, la tendresse cristallise à même l’écran. Une poésie de l’image exprimée, par-delà les dialogues, par le piano. Des morceaux qui accompagnent l’image, l’enrichissent et lui confèrent un surplus de sens, d’âme.
Le public paraît séduit: “L’ordre dans lequel les trois courts métrages ont été proposés me semble judicieux. C’était un véritable voyage dans l’espace, le temps et dans l’histoire du cinéma”, confie Xavier un des spectateurs. “C’est allé crescendo. J’ai été intriguée par le premier, émoustillée par le second et complétement émue par le dernier“, confirme Cécile.
Du côté du compositeur, le moment, agréable, a aussi créé en lui une certaine part d’angoisse. “Pour le second morceau, il y a eu une large part d’improvisation. Je prépare des morceaux et puis quand vient le moment de la projection, j’éteins les prises et je me laisse transporter par l’émotion“.
Le choix des films a été osé. “Mais la qualité de l’écoute du public témoigne de sa curiosité. Ça nous incite à faire des choix audacieux, différents“, termine Sébastien Bailly tandis que les spectateurs s’éloignent doucement, encore imprégnés de la douceur du soir, des images des films et des notes de piano.
Les rencontres européennes du moyen métrage se poursuivent jusqu’au lundi 26 avril. Consultez toute la programmation et toutes les rencontres sur le site du festival.