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Violences conjugales : une cérémonie à laquelle on aimerait ne plus assister

“C’est un dépôt de gerbes que l’on espère, dans quelques années, le plus tôt possible, ne plus faire “, a affirmé, hier, Frédéric Soulier , maire de Brive, lors de la cérémonie contre les violences conjugales, qui s’est tenue hier à la Roseraie, comme chaque année depuis de trop nombreuses années, face à la stèle qui nous rappelle tristement l’intolérable banalité des violences faites aux femmes. Depuis le début de l’année ce sont 124 femmes qui sont mortes sous les coups de leur partenaires… peut-être 125 depuis que vous avez commencés à lire ce texte. Une tous les 3 jours.

 

Frédéric Soulier était accompagné, entre autres, de Geogette Chastanet, l’inoxydable présidente de l’association Violences Conjugales 19, très émue qui a fait de ce combat un combat à la vie à la mort et de Julie Gayet, marraine de l’association qui a lu cette année encore, le très beau poème. “J’ai reçu des fleurs aujourd’hui”.

Des femmes, victimes de violences, qui ont participé à un atelier artistique pour libérer leur parole, organisé par Violences Conjugales 19 , ont également lu leurs écrits. Des témoignages poignants et forts.

 

 

 

 

Mieux qu’un long discours un poème aussi triste soit-il pour interpeler. Lu par Julie Gayet donc et écrit par une anonyme victime de violence. A lire ci-dessous.

 

 

J’ai reçu des fleurs aujourd’hui

J’ai reçu des fleurs aujourd’hui.
Ce n’était pas mon anniversaire ni un autre jour spécial.
Nous avons eu notre première dispute hier dans la nuit
et il m’a dit beaucoup de choses cruelles qui m’ont vraiment blessée.
Je sais qu’il est désolé
et qu’il n’a pas voulu dire les choses qu’il a dites
parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.


J’ai reçu des fleurs aujourd’hui.
Ce n’était pas notre anniversaire ni un autre jour spécial.
Hier, dans la nuit, il m’a poussée contre un mur et a commencé à m’étrangler.
Ça ressemblait à un cauchemar, je ne pouvais croire que c’était réel.
Je me suis réveillée ce matin le corps douloureux et meurtri.
Je sais qu’il doit être désolé
parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.


J’ai reçu des fleurs aujourd’hui
et ce n’était pas la fête des mères ni un autre jour spécial.
Hier, dans la nuit, il m’a de nouveau battue,
c’était beaucoup plus violent que les autres fois.
Si je le quitte, que deviendrais-je?
Comment prendre soin de mes enfants? Et les problèmes financiers?
J’ai peur de lui mais je suis effrayée de partir.
Mais je sais qu’il doit être désolé
parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.


J’ai reçu des fleurs aujourd’hui.
Aujourd’hui c’était un jour très spécial,
c’était le jour de mes funérailles.
Hier dans la nuit, il m’a finalement tuée. Il m’a battue à mort.
Si seulement j’avais trouvé assez de courage pour le quitter,
je n’aurais pas reçu de fleurs aujourd’hui.

 

Julien Allain, Photos : Fatima Kaabouch

Julien Allain, Photos : Fatima Kaabouch

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