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Vincent Floderer: dompteur de papier de renom et de la région

Pollen : des "capsules séminales" à identité unique parcourent le plafond. Un symbole de la base originelle, cosmique des diverses formes de vie.Il fait des plis, des petits plis, encore des petits plis. Des plis de première classe… Bien loin de nos cocottes en papier de la récré. Ses plis à lui sont choses sérieuses, ils sont affaires d’art et de science. La profession de cet artiste mi magicien, mi scientifique: origamiste. Sa passion: donner forme et vie au papier par les plis. Ça peut faire sourire, pourtant, infailliblement, un regard porté à l’une de ses créations laisse songeur et admiratif. A l’occasion de sa participation à l’exposition “Regards sur la biodiversité” au parc de Bagatelle (à Paris jusqu’au 31 octobre), lumière sur Vincent Floderer. Un artiste de chez nous qui excelle en son domaine et dont la renommée n’est plus à faire.

Fond marin fantôme, une allégorie des ravages des activités humaines sur les coraux et biotopes marinsVincent Floderer a emmené le pliage à des sommets de science et d’art. Avec une feuille de papier, sans colle, ni ciseau, l’artiste donne vie, par le pli, à des formes en 3D: des créatures naturelles (arbres, champignons, anémones…) ou des formes abstraites (spirales, formes aléatoires). Au sein de cette métamorphose par laquelle la feuille prend vie s’équilibrent la légèreté poétique et la rigueur mathématique. Si l’émotion affleure à la vue de ces pièces c’est qu’elles semblent renfermer quelque chose de précieux, comme un secret. Celui du mystère de la vie qui s’épanouit sous des yeux, bien souvent ébahis.

Cet artiste qui a grandi dans le coin, à Saint-Aulaire, expose en ce moment à Paris, au Parc de Bagatelle. Une exposition qui propose à travers des œuvres et des installations de plusieurs artistes de découvrir d’une façon ludique, originale et pédagogique les rapports complexes de la nature et de l’homme.

Trois installations sont proposées par Vincent Floderer et son équipe: Fond marin fantôme, une allégorie des ravages des activités humaines sur les coraux et les biotopes humains. Pollen, une structure gonflable qui évoque la diversité des graines, symbole de la base originelle et cosmique des diverses formes de vie. Enfin, Dans la serre est une création sous globe qui évoque les curiosités de la nature. “Cette exposition veut, de façon sous-jacente, attirer l’attention sur les menaces qui pèsent sur la nature et la nécessité de la protéger. A défaut de miser sur le pédagogique avec de beaux discours, on opte pour le choc artistique”, explique l’artiste.

Dans la serre, une évocation des différents règnes du vivant qui souligne la nécessité de la classification pour maîtriser la préservation“La similitude entre l’art du pli et ce qu’accomplit la nature est troublante. Il existe une résonance très claire entre la façon dont la nature produit avec simplicité toute une diversité de formes et les techniques de pliage qui, à partir de règles sommaires, et par des variations successives, recréent une complexité et une multiplicité de formes”, précise Vincent Floderer. “L’éclosion d’une forme et d’une espèce ne sont pas si différentes de l’éclosion d’un pli. Le pli est partout présent dans la nature. Il est la trace d’un mouvement dont il grave l’empreinte. Par exemple, c’est toujours de dépliage dont il s’agit lorsque le bourgeon, formé depuis l’automne, éclot au printemps”, une histoire d’énergie accumulée et soudain libérée.

Si l’origami est à la croisée des chemins, entre les arts et la science, il est surtout un hommage rendu à la nature, source d’inspiration inépuisable pour l’artiste : “Toutes les formes préexistent dans la nature” et pour l’artiste, de l’observation à la contemplation, il n’y a qu’un pas. Un pli.

Des nervures de la feuille au soulèvement des montagnes, le pli est la dynamique qui anime la perception du monde de cet artiste, il est la lorgnette avec laquelle Vincent Floderer observe la nature. “Il nous reste encore beaucoup de chemin à accomplir avec le CRIMP (Centre de recherche international de modélisation par le pli). Plus on avance, et plus c’est dense et complexe et plus les implications dans des domaines comme l’architecture sont importantes”, termine l’artiste résolument enthousiaste.

Des permanences sont organisées dans les locaux du centre de recherche, à Saint-Viance, sur rendez-vous et toute l’année. C’est l’occasion de découvrir leurs travaux et les expositions. Infos: CRIMP, 32 rue du Pontel 19240 Saint-Viance. 05.55.17.24.29.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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