Créé en 2017, le CSU, Centre de supervision urbain, dispose de 47 points vidéo, bientôt 62, répartis à travers la ville. L’an dernier, ses caméras ont permis de déclencher 1546 interventions de police. 154 extractions d’images ont étayé une procédure. Preuve par l’image en cinq exemples.
« La vidéo protection est un outil de prévention et de résolution“, résume Dominique Eyssartier, ajointe au maire en charge de la sécurité. “Comme son nom l’indique, elle sert d’abord à protéger, en permettant de prévenir, ou d’intervenir au plus vite, dans des infractions de toutes natures, que ce soient des violences, des effractions, des dégradations de biens, des trafics de stupéfiants… Il faut d’abord penser aux victimes. Et dans ce sens, la vidéo protection a aussi un véritable impact en matière de résolution des infractions car elle fournit des images aux services de police nationale, de gendarmerie et de justice avec lesquels nous travaillons étroitement. C’est un réel atout. Nous en avons des exemples concrets. La population l’a bien compris et nous demande de développer le dispositif. »
Une effraction évitée
Période de Noël. Un soir, au moment de la fermeture, la gérante d’un bureau de tabac presse repère des allées et venues suspectes de deux personnes. Elle vient à en parler à un policier municipal qui prévient ses collègues du Centre de supervision urbain. Dans le créneau horaire indiqué, l’opérateur oriente les caméras et met en place une surveillance particulière. Au bout de deux jours, il identifie les deux individus devant le commerce et met en alerte les patrouilles des polices municipale et nationale. Il y a encore quelques clients, les deux hommes hésitent puis repartent. L’opérateur ne les perd pas de vue, les voit entrer dans l’enceinte d’une résidence en sortant du blouson un pied de biche. Il donne aussitôt le top départ aux patrouilles embusquées à proximité. Elles interpellent le duo au moment où il essayait de forcer la porte. L’un d’eux, en situation irrégulière fera également l’objet d’une OQTF, Obligation de quitter le territoire français. « On ne connaît pas systématiquement la suite judiciaire donnée aux affaires, mais les images nous ont permis de prévenir une effraction. Et on ne sait pas ce qui aurait pu arriver après… », commente Fabrice Micouraud, responsable du CSU.
Des livraisons sauvées
Depuis plusieurs jours, une série de vols est perpétrée sur des camions de livraison effectuant des tournées en centre-ville. Le CSU entame une observation sur la base des renseignements fournis. Un individu passe à l’acte. L’opérateur déclenche aussitôt l’intervention afin d’arrêter l’individu en flagrant délit. Mais il prend la fuite. Le réseau de protection va le suivre. Il change même de tenue pour tenter de s’échapper. Le manège n’échappe pas à l’opérateur. Le voleur est finalement appréhendé par la police nationale. Un rapprochement judiciaire permet de confondre l’auteur qui venait directement de Limoges perpétrer ses méfaits à Brive.
Place Charles de Gaulle. Un soir. Sur ses écrans, l’opérateur du CSU voit deux individus se cacher dans un coin sombre. Un troisième les rejoint. Le policier constate une transaction avec échange de produits contre numéraire. Il suit les protagonistes et va recueillir suffisamment d’éléments d’identification pour permettre de faire ouvrir une enquête sur commission rogatoire. Plusieurs personnes vont être interpellées dans le cadre d’un trafic de cocaïne. « Cela a nécessité plusieurs mois d’enquête avec la gendarmerie », explique le responsable du CSU. « Les gendarmes nous ont adressé une lettre de félicitation. Dans d’autres affaires, nous en avons aussi reçu du parquet. C’est la reconnaissance de l’efficacité du dispositif, du professionnalisme des opérateurs et de la coopération étroite des acteurs. Cette collaboration a encore fonctionné récemment sur un cas similaire. Les observations d’un opérateur ont permis d’établir l’existence d’un trafic de stupéfiants. La police nationale a diligenté une opération, avec la police municipale en renfort et notamment une équipe cynophile. C’est encore l’opérateur qui a pu restreindre la zone de recherche et le chien a trouvé la planque. Deux personnes sont interpellées. »
Voleur de baiser
Septembre 2020. 13h30, c’est la reprise des cours. Une collégienne signale à son établissement qu’un adulte vient de lui enlever de force son masque pour lui voler un baiser. L’établissement prévient la police municipale. Le CSU effectue une relecture des images au moment des faits, identifie la personne. Le lendemain, la vidéo capte à nouveau l’individu qui sera appréhendé par la municipale et remis à la police nationale. « Des violences faites aux femmes sont ponctuellement constatées par les opérateurs. » Parmi eux, des outrages sexistes, des exhibitions sexuelles et même du up-skirting (sous la jupe en français, pratique consistant à filmer les dessous des femmes à leur insu).
Tombés dans le lit de la Corrèze
« Des chutes, malaises et autres accidents sont régulièrement repérés par les opérateurs du CSU », précise Fabrice Micouraud. Comme cette nuit d’hiver, où une personne tombe tête la première entre deux voitures en stationnement ou lorsque des personnes ont chuté par-dessus une balustrade directement dans le lit de la Corrèze… « La vigilance des opérateurs a permis de déclencher rapidement les secours. Leur fonction ne consiste pas à « surveiller des écrans », mais correspond à un véritable métier qui s’appuie sur une grande expérience. » Lui-même est ancien officier de police judiciaire en gendarmerie. « Nous n’avons pas le pouvoir d’enquête, mais nous n’avons pas perdu notre compétence pour sentir où il faut chercher. Cela s’applique en matière d’extraction d’images pour la police ou la justice. Les images servent de preuve irréfutable, à charge mais aussi à décharge, car elles permettent parfois d’innocenter les personnes accusées à tort. »