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La douleur, on en parle ?

Dans le cadre de la journée mondiale contre la douleur, le centre hospitalier de Brive anime des stands et ateliers pour informer et sensibiliser grand public et professionnels sur la prise en charge de la douleur. Ils sont centrés sur le thème de l’éducation thérapeutique du patient, dernier outil dont l’hôpital de Brive se soit doté, aux côtés de la cryothérapie, de l’hypnose et des patchs aux extraits de piment. Jusqu’à 16h, aujourd’hui lundi 15 octobre, dans le hall de l’hôpital.

La douleur, on la reconnaît au premier signe. Elle fait mal. Elle fait peur. Mais qui est-elle au juste ? Samuel Seigneur est algologue à l’hôpital de Brive. Il s’intéresse aux causes et aux traitements de la douleur. “Tout commence par des récepteurs qui captent un dégât tissulaire: une déchirure, une inflammation. Ils envoient un message électrique qui remonte le long de la moelle épinière jusqu’au cerveau, d’abord au centre de la douleur qui fait une première analyse du type de la douleur et de sa localisation. Puis sont informés les centres qui gèrent les émotions et les pensées; et enfin des répercussions se produisent sur la mémoire et les comportements… Bref, c’est plus complexe qu’on ne pense. On est dans l’humain. La douleur, c’est la façon dont on est au monde”.
Ce n’est pas pour rien si l’algologue a abordé sa formation par les sciences humaines, l’histoire et l’anthropologie en parallèle d’un cursus de médecine traditionnelle.

Et si les choses sont si complexes, c’est aussi que derrière le même mot, se cache en fait différentes réalités. Il y a la douleur aigüe qui est utile car elle nous prévient d’un danger et contre laquelle il faut lutter coûte que coûte puis la douleur induite par les soins qui doivent être les moins douloureux possibles. “Aujourd’hui, on souffre moins de ces douleurs-là.” De la troisième, la douleur chronique, non. “C’est un dysfonctionnement du système de la douleur. Elle est liée à nos modes de vie. Beaucoup la méconnaissent. Ce n’est pas une douleur aigüe qui dure. Elle a un impact psychologique. Un autre mécanisme se met en jeu. L’objectif n’est pas là le zéro douleur. On est plus dans une démarche d’accompagnement, d’amélioration de la qualité de vie. La dépression peut donner des douleurs chroniques réelles. Ce n’est jamais dans la tête du patient. Les douleurs existentielles existent.”

À Brive, plusieurs techniques sont proposées: la cryothérapie pour refroidir la zone avant un acte, le MEOPA qui est un gaz utilisé pour refaire un pansement douloureux par exemple. Il y a encore l’électro et la magnéto thérapie, utilisées sur les douleurs chroniques ainsi que l’hypnose. “Plusieurs personnes y sont formées dans différents services. Nous, en douleur chronique, on travaille surtout en auto hypnose.”

La technique la plus récente mise en place à l’hôpital est l’éducation thérapeutique du patient qui vise à favoriser chez lui la capacité à faire face à la douleur. Elle englobe notamment des ateliers sur les médicaments animés par un pharmacien. Il y est question d’effets indésirables, d’automédication, de médecines complémentaires…

Cette approche psychosociale prend aussi en compte le champ de l’émotion et de la pensée. “Le patient y apprend à mieux gérer son stress qui est le facteur le plus puissant qui régule la douleur.” Multifactorielle, la douleur nécessite ainsi une approche pluridisciplinaire. Les bénévoles de la nouvelle association francophone d’écoute pour vaincre la douleur (AFVD), présents ce jour, ont été formés à cette pratique.

Les patchs aux extraits de piment pour des douleurs localisées sur des nerfs, les injections de botox dans les muscles contre les migraines complètent la palette intéressante de soins proposés pour lutter contre la douleur à l’hôpital de Brive. “On ne fait pas tout mais pour un hôpital comme le nôtre, nous sommes plutôt bien positionnés dans la prise en charge de la douleur”, a indiqué l’algologue en expliquant que la méditation était une nouvelle piste sérieuse, qui serait encore plus efficace que l’hypnose dans les douleurs chroniques. Mais, malgré les progrès de la médecine, rien de remplacera “l’adhésion du patient”, et c’est sur cela que veut insister l’algologue in fine: “Pour aller mieux, le patient doit être acteur de ses soins.

 

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

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