Plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé briviste pour une manifestation haute en couleurs et forte en revendications. Des slogans, des chansons, mais en toile de fond un profond mécontentement et une envie communicative d’exprimer l’urgence d’une vie meilleure qui passe par le maintien de l’emploi et par une revalorisation salariale significative.
En première ligne, une banderole unitaire portée par les principaux leaders syndicaux du département. Puis, à quelques encablures, les salariés de Rencast. Cette société spécialisée dans la fabrication de pièces automobiles vient d’être placée en liquidation judiciaire, avec un sursis jusqu’au 18 juin.
Alors les gars de Rencast sont là, fatigués, mais déterminés.”Cette manif tombe à point”, explique Jean-Marie Barrot, 24 ans de boîte, “les gens nous soutiennent, nous sommes victimes de la crise et nous n’y sommes pour rien.” Dans l’après midi, ”les Rencast” vont retourner à l’usine et occuper les lieux.
Dans ce cortége, la majorité silencieuse donne de la voix sur les notes du groupe Zebda ou de Manu Chao. “Motivées” plus que jamais, les filles d’une grande surface. ”Il faut augmenter les salaires, on ne peut plus se contenter des miettes, alors que pour certains, c’est le festin chaque jour. On le voit bien, les gens n’achètent plus que l’essentiel, il y a moins de travail dans le magasin, tous les emplois contractuels ont été supprimés”, dit Isabelle.
Le syndrome de la Guadeloupe
“200 euros d’augmentation pour tous” scandent en cœur les militants de Force Ouvrière qui veulent radicaliser le mouvement.” Notre secrétaire national va appeler à une grève générale dès demain”, dit en substance Marie-Christine Caquot, secrétaire départementale.
Laurent Vialle, secrétaire départemental de l’Union départementale CGT, est plus mesuré: ” Une grève générale ne se décrète pas, il ne faut pas donner des fausses illusions aux gens, on ne va pas leur dire que le grand soir est pour demain, mais je suis satisfait de la mobilisation, c’est énorme.”
Les postiers, les enseignants, les gaziers, les électriciens, les gars du rail, les personnels soignants, ceux de la télé et bien d’autres encore, ont exprimé un vent de révolte en espérant un souffle d’espoir. “Il faut faire comme en Guadeloupe. Ce qu’ils ont lâché là-bas, on doit pouvoir l’obtenir en métropole. Moi je n’y arrive plus et pourtant je bosse”, dit encore ce manifestant d’une entreprise privée.
Plus loin, en fin de manif, un groupe chante Le Temps des cerises, nostalgie d’un avenir meilleur pour un rêve général en attendant, pour certains, la grève générale.