Poignant. C’est sans doute le mot le plus adéquat pour évoquer l’hommage rendu aux victimes de violence conjugale hier après-midi par la Ville de Brive et l’association SOS Violences conjugales. Inauguration d’une stèle, projection des photographies de Lizzy Sadin, témoignages spontanés, la fin d’après-midi fut l’occasion d’évoquer un sujet heureusement de moins en moins tabou.
Il est 16h30 hier, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Le square de la Roseraie est silencieux, les visages de la cinquantaine de personnes présentes sont fermés. L’inauguration de la stèle à la mémoire des victimes de violence conjugale, en présence du préfet Alain Zabulon, de Catherine Gabriel pour la Ville de Brive et du nouveau président – après le récent décès de Didier Leinekugel Le Cocq – de l’association SOS Violences conjugales Jean-Claude Ducruezet, sera rapide. Comme pour ne pas trop laisser le temps aux victimes de coups présentes de se laisser envahir par l’émotion, malgré tout palpable.
156 femmes sont décédées l’an dernier sous les coups de leur mari ou conjoint. 156 roses sont déposées au pied de la stèle. Sur celle-ci, un texte *. Il sera lu par la comédienne briviste Amandine Jarry. Un long silence suivra. Puis la foule se rendra à la mairie où, là encore, le cœur de tous sera mis à dure épreuve. On en parle cette après-midi sur ce blog.
* Le texte inscrit sur la stèle est bien connu des défenseurs des droits des femmes. Il a été écrit par une femme battue. Le voici en intégralité :
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui. Ce n’était pas mon anniversaire ni un autre jour spécial. Nous avons eu notre première dispute hier dans la nuit et il m’a dit beaucoup de choses cruelles qui m’ont vraiment blessée. Je sais qu’il est désolé et qu’il n’a pas voulu dire les choses qu’il a dites parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui. Ce n’était pas notre anniversaire ni un autre jour spécial. Hier, dans la nuit, il m’a poussé contre un mur et a commencé à m’étrangler. Ça ressemblait à un cauchemar, je ne pouvais croire que c’était réel. Je me suis réveillée ce matin le corps douloureux et meurtri. Je sais qu’il doit être désolé parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui et ce n’était pas la fête des mères, ni un autre jour spécial. Hier, dans la nuit, il m’a de nouveau battu, c’était beaucoup plus violent que les autres fois. Si je le quitte, que deviendrais-je? Comment prendre soin de mes enfants? Et les problèmes financiers? J’ai peur de lui mais je suis effrayée de partir. Mais je sais qu’il doit être désolé parce qu’il m’a envoyé des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui. Aujourd’hui c’était un jour très spécial, c’était le jour de mes funérailles. Hier dans la nuit, il m’a finalement tué. Il m’a battu à mort. Si seulement j’avais trouvé assez de courage pour le quitter, je n’aurais pas reçu de fleurs aujourd’hui.