“C’est le vélo qui doit s’adapter au cycliste et non l’inverse.” Une philosophie qui a amené Hubert De Carvalho, fils de l’ex-coureur pro Alain, à concevoir entièrement son logiciel d’analyse du geste sportif pour faire du sur-mesure. A 33 ans, ce petit génie de l’informatique vient, enfin, de voir son travail récompensé par le Prix de l’innovation technologique Stars et Métiers. Et l’aventure continue.
Le vélo, on peut dire qu’il est tombé dedans tout petit, bercé par les exploits d’un paternel champion cycliste avec un palmarès riche de quatre Tours de France. Lui n’a pas tenté de reprendre le flambeau sportif, mais c’est bien à partir des notes de son père Alain qu’il a poursuivit l’aventure au sein de l’entreprise familiale spécialisée dans les cycles. En passionné de l’informatique, Hubert De Carvalho a préféré l’ombre à la lumière et opté pour la biomécanique du vélo. Ça fait près de quinze ans qu’il y travaille, améliorant sans cesse son développement du “sur-mesure”.
“Mon premier logiciel date de 1999. J’ai travaillé à partir des notes de mon père et des mesures qu’il a accumulées pendant des années avec ses clients”, explique-t-il. Des réglages réalisés de façon empirique qui lui ont servi à concevoir un programme qui intègre la morphologie du sportif. Il avait alors tout juste 18 ans. L’amateur comme le pro est d’abord mesuré sous toutes les coutures: longueur des bras, des jambes, de l’entrejambe, écartement des os du bassin au niveau des fessiers… Les cotations sont entrées dans l’ordinateur et son logiciel détermine cadre, guidon, selle et autres pièces les mieux adaptés.
“L’idée c’est d’être le plus précis pour s’ajuster complètement à l’individuel et proposer un choix optimum. Il fallait donc aussi passer à l’analyse dynamique, en mouvement.” Ce qu’il enclenche en 2008. Cet autodidacte se replonge alors dans les cours d’anatomie, les maths, les calculs en 2D ou 3D, prend des cours du soir, écume les travaux scientifiques sur le net pour mettre au point un logiciel intégrant les études posturales. “Au-delà des distances des segments articulaires identifiés par des pastilles positionnées sur le sportif, le logiciel analyse grâce à des caméras de reconnaissance automatique du mouvement, la manière dont le sportif développe la jambe, ce qui va permettre de définir une allonge, un développement du corps optimum.”
Dans son bureau, un grand tableau recouvert de signes, savants calculs et formules mathématiques. Car ce concepteur tenace poursuit sans cesse ses recherches. Il a même fait venir des Etats-Unis une imprimante 3D qui lui permet de fabriquer des cales pour s’ajuster au dixième près à l’appui du sportif sur la pédale et lui éviter ainsi une dispersion de puissance. Pointu ! Ses lectures: de doctes travaux d’éminents spécialistes. “Je m’appuie sur la science fondamentale pour l’appliquer à mes recherches”, explique-t-il comme une évidence.
Ce prix de l’innovation technologique remis par la Chambre départementale des métiers vient donc comme une reconnaissance de son savoir et de sa persévérance. Un bon coup de pouce aussi au bouche-à-oreille qui circule déjà entre sportifs.