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Une cure de jouvence pour Sisyphe

Sophie-Jeanne travaillant sur SisypheSisyphe a 108 ans. C’est en effet en 1902 que le sculpteur Georges Saulo taille la pierre calcaire pour représenter le personnage mythique nu, courbé contre le rocher qu’il fait rouler. Quelque peu dégradée par les intempéries, la statue fait actuellement l’objet d’un entretien par des spécialistes en la matière.

Victor, deux mois, est au pied de Sisyphe. Ses parents sont à pied d’œuvre. Sophie-Jeanne Vidal juchée sur la sculpture, Frédéric Bourguignon au sol. Ensemble, ils ont créé l’entreprise Nova Cella. L’alliance des compétences d’une spécialiste de la conservation et de la restauration et d’un archéologue. A Brive, ils œuvrent donc sur Sisyphe, installé dans les jardins des archives municipales, mais aussi sur la lionne à l’entrée du musée Labenche et, très bientôt, sur le christ en croix de la collégiale Saint-Martin.

Compresse sur le mollet de Sisyphe“Là, je dépose des compresses, qui sont en fait un mélange de cellulose et d’eau déminéralisée”, explique Sophie-Jeanne. “C’est un test pour voir la teneur en sels en plusieurs endroits, car les sels fragilisent la pierre. Ces compresses font aussi office de traitement en les captant. Si Sisyphe a une teneur en sels très élevée un peu partout, alors j’en ferai un bonhomme de neige“, sourit la jeune femme. Et des sels, elle en trouvera, à n’en point douter. “Il y a eu beaucoup de graffitis sur cette statue, et donc autant de nettoyages. De quoi causer pas mal de dégâts à la pierre.”

“Nous faisons là ce qu’on appelle de la conservation préventive. On ne rénove pas. L’objectif est de freiner les altérations pour permettre à l’œuvre de mieux traverser le temps”, précise Frédéric.

Particulièrement exposé aux caprices météorologiques, Sisyphe a sa peau de pierre jonchée de lichens. “Je vais les enlever par micro-abrasion”, explique la technicienne. “Ça consiste à projeter sur la pierre un abrasif à basse pression qui n’altèrera évidemment pas la statue.”

A ceux qui s’inquièteraient déjà de voir Sisyphe un peu trop “lissé”, Frédéric tient un discours rassurant: “C’est le même type de technique qui permet d’enlever l’encre d’un journal sans abîmer le papier!”

Sisyphe, 108 ans, ne sera donc ni “lifté”, ni “botoxé”. Il va simplement faire une douce cure de jouvence, distillée par des mains expertes. De là à dire qu’il atteindra des sommets de beauté en roulant des mécaniques… Quant aux lichens, qu’ils ne comptent pas coloniser de sitôt le dos courbé du colosse. Car, qu’on se le dise, pierre qui roule n’amasse pas mousse! Et oui…

 

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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