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Une classe presque comme les autres

La classe autiste à la cité des Roses

Ils sont 7 garçons et autour d’eux autant d’adultes formant une équipe multidisciplinaire qui sans cesse provoque les occasions de communiquer. Depuis la rentrée, l’école maternelle de la cité des Roses accueille en son sein une classe pour enfants présentant des troubles du spectre autistique. Une prise en charge précoce avec un objectif : rejoindre dans la mesure du possible une classe ordinaire. Tous les moyens sont bons pour apprendre. Sans compter récré et cantine partagées en commun avec les autres élèves. Une belle leçon de citoyenneté pour toute l’école. Un bel exemple aussi du vivre ensemble.

intro classe inclusion

Il y a Francky, un petit charmeur en Marcel qui va beaucoup vers les autres, Ethan toujours à vouloir parler, Jean le nez souvent plongé dans un livre, Kenan aimanté par tout ce qui est balle, Liam qui adore agencer les lettres, Enzo attiré par les puzzles et Stanislav qui aime bien les activités de motricité. Ils sont 7 bambins craquants, pas tout à fait comme les autres, chacun avec ses troubles, chacun un peu dans son monde et pourtant tous ensemble scolarisés pour la première fois. Ici, on parle d’inclusion, pas d’intégration. “C’est l’école qui va vers l’enfant et non l’inverse.” Pour l’équipe spécialisée, chaque élève a un emploi du temps qui lui est propre.

classe1“Ils suivent le programme scolaire d’une maternelle ordinaire, mais il est adapté à chaque enfant“, explique Alice Cousteix, l’enseignante spécialement formée. “On travaille sur leur singularité et sur l’accessibilité à l’apprentissage.” Kenan s’est actuellement occupé à mettre des grosses pastilles en plastique sur des plots. L’activité pourrait passer pour un jeu, c’est en fait une façon de lui faire travailler sa dextérité manuelle. “L’assemblage des couleurs entre elles viendra plus tard.” Son attention n’a pas dépassé 3 minutes. “C’est déjà une conquête, même petite. Ça demande de la flexibilité tout en étant capable de garder le cap sur le programme”, commente l’enseignante qui doit amener ces enfants à devenir des élèves, comme dans toute maternelle.

anne sophie morena“Le  spectre autistique est très large et chacun a des besoins différents. Certains parlent, d’autres pas du tout”, décrit Anne-Sophie Morena, chef de service du dispositif autistique à l’Adapéi Corrèze, l’association support logistique de cette classe. “Avec certains, on travaille le langage oral, pour d’autres il va falloir communiquer par échange d’images.” Cela n’en reste pas moins une première expérience collective, l’apprentissage d’une vie sociale et pas seulement. En fait, ici, tout est apprentissage. “Le plus compliqué pour eux, c’est de connaître les consignes et de les appliquer. Le geste le plus simple doit être décomposé en autant d’actions qu’il nécessite. Il faut tout séquencer, tout ritualiser, tout modéliser et il faudra de nombreuses fois avant que ce soit intégré.”

collationUne petite clochette résonne. Il est 10h, c’est l’heure de la collation. Chaque enfant vient s’assoir autour d’une table et y reste le temps de gouter. Tous ensemble. “Ça parait simple, mais c’est un très gros progrès”, commente Anne-Sophie Morena. La jeune femme est titulaire d’un master en neuropsychologie obtenu au Canada “où l’inclusion est déjà bien implantée”. Elle y a d’ailleurs travaillé plusieurs années en tant que consultante experte en autisme. “C’est un domaine qui évolue beaucoup. On sait que l’enfant a des possibilités d’intégrer une vie normale si la prise en charge est précoce, intensive et globalisée.” Trois mots clés. “On les sollicite beaucoup.”

Les 7 garçons ont donc de la chance d’avoir intégré cette classe d’inclusion, la seule du Limousin. Aujourd’hui en France, beaucoup de ces enfants ne sont pas scolarisés par manque de structures adaptées. Ce à quoi veut remédier le 3e plan national autisme avec à terme une classe par département.

francky

Cette classe qui a ouvert fin septembre, un peu en décalé, est le fruit d’un partenariat tripartite entre la Ville de Brive qui met à disposition les deux salles de classe, l’Education nationale qui fournit une enseignante spécialisée et l’Adapei de la Corrèze, support du dispositif, avec ses intervenants spécialisés.

Pour accompagner les 7 élèves, il y a en permanence avec l’enseignante, une éducatrice jeunes enfants et 3 aides médico-psychologiques auxquelles se joignent régulièrement une psychométricienne, une psychologue, une orthophoniste et des cadres de l’Adapei. C’est presque du un pour un. “Tout est côté, analysé.” Jusqu’aux “évitements”, lorsque l’enfant se détourne de la sollicitation. Ces données sont analysées tous les 15 jours par un organisme de supervisation national qui va sans cesse guider les professionnels dans leur pratique. Dans cet accompagnement adapté, les parents sont eux aussi impliqués.

a la fenetreChaque enfant vient de prendre son pictogramme “salle de gym” pour descendre au rez-de-chaussée. Pendant un petit quart d’heure, les garçons vont courir, sauter, lancer des balles, franchir des obstacles, en fait travailler leur motricité… sous le regard envieux d’autres élèves agglutinés aux vitres. “Il est grand temps de changer le regard sur l’autisme”, assure Anne-Sophie Morena. “Certains parents ne se sont d’ailleurs même pas aperçu qu’il y avait cette classe dans leur école. Lorsque les enfants sont en récré ou à la cantine avec les autres, tout se passe bien. On éduque aussi les autres élèves, enseignants, parents à accepter la différence. Et on explique : si l’un des garçons ne répond pas à un bonjour, ce n’est pas qu’il est méchant ou impoli, c’est qu’il est différent. Des enseignants ont entamé un travail en classe sur cette notion. Chaque enfant a droit à la scolarité, c’est le principe de la citoyenneté. “Le but est qu’il y ait des résultats à la fin de l’année. L’objectif ultime est que ces enfants intègrent une classe ordinaire de grande section ou de CP avec l’aide d’une assistante de vie scolaire.” De leur permettre d’aller le plus loin possible dans leur autonomie.

ethan

expression commune

les sensations

salle de motricite

sous le regard

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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