Réduire de 21% sur 7 ans la consommation d’eau, c’est l’objectif affiché par l’Agglo et son délégataire Suez. Une démarche à deux leviers: une meilleure gestion de la ressource, entre autres par le repérage des fuites – l’équivalent de 80 piscines olympiques a pu être économisé en 2022 – et la responsabilisation des usagers. On vous explique les actions mises en place.
Ce matin, dans les locaux de Suez, avenue Roncier, c’était l’heure du premier bilan. Après un an d’exploitation, l’Agglo et son délégataire ont fait le point des actions engagées, de leurs résultats, et présenter les perspectives. L’été s’annonce déjà avec son lot de sécheresse alors même que l’on enregistre pour la première un déficit pluviométrique “hivernal”. “Nous pensions encore il y a quelques années que l’eau était abondance, mais c’est une ressource qu’il nous faut apprendre à préserver. Et il nous faut nous préparer à la période estivale”, resitue Alain Lapacherie, maire de Saint-Pantaléon de Larche et vice-président de l’Agglo.
La chasse à la fuite sur le réseau et chez les usagers
“2022 a été une année d’exception climatique marquée par une sécheresse très forte qui se poursuit sur 2023 et un déficit pluviométrique de 27%, mais aussi une année pendant laquelle nous avons mis en place des premières actions afin de réduire les fuites sur les réseaux et chez les usagers”, rappelle Nicolas Cotiche, directeur de la SEABB (Société des eaux de l’agglomération du bassin de Brive qui gère le contrat de concession contractualisé entre l’Agglo et Suez pour 7 ans).
Suez s’est ainsi doté d’un centre de pilotage baptisé PIV’EAU doté d’outils d’analyse de données ainsi que 180 capteurs de dernière génération. Trois chasseurs de fuite quadrillent également quotidiennement le territoire. L’enjeu est de pourvoir mieux localiser les fuites et de remédier plus rapidement à leur réparation. “En un an, ce dispositif nous a permis d’enregistrer une hausse de 23% de fuites détectées, ce qui correspond à 200.000m3… soit l’équivalent de 80 piscines olympiques économisées.”
“Des résultats très satisfaisants, contrebalancés malgré tout par la consommation des usagers liée à la climatologie“, nuance le directeur. Et ce malgré les différents actions menées pour sensibiliser le public que ce soit en touchant les jeunes à travers différentes structures, en distribuant gratuitement aux usagers des kits hydro économes ou en poursuivant le déploiement de la télérelève.
“À ce jour, près d’un usager sur 5 est équipé de la télérelève et peut ainsi consulter à tout moment sa consommation via le site internet ou l’application.” Ce système permet également de bénéficier d’un service d’alerte en cas d’augmentation inhabituelle de consommation, ce qui réduit les délais de réparation et du coup la facture d’eau.
Pour aller plus loin dans cette maitrise de la consommation côté usagers, Suez a diligenté à l’automne une enquête afin de “mieux comprendre ce qui se passe derrière le robinet et mieux cibler les actions à mettre en place”. L’étude révèle ainsi que si 9 personnes sur 10 se disent préoccupées par les enjeux environnementaux, 30% pensent toujours que la ressource en eau est suffisante. “Un abonné sur deux déclare connaitre les bonnes gestes mais ne les met pas en pratique, un sur quatre dit ne pas être en capacité de ne pas arroser son jardin et un sur deux de ne pas remplir sa piscine… On a aussi constaté l’été dernier que la quantité d’eau injectée dans les tuyaux avant et après une alerte sécheresse était restée la même”, détaille Nicolas Cotiche qui ne désespère pas. “Le terreau est fertile puisque l’usager est conscient du problème. Pour nous, l’enjeu c’est le comportement de l’usager. Sur les 21% d’économie à réaliser sur 7 ans, 13% concernent le réseau et 8% les usagers.”
Certes les plus gros consommateurs restent les agriculteurs et les industriels. “Les gros industriels ont déjà pris conscience de l’enjeu et se sont engagés dans des démarches pour améliorer leur process. Plusieurs ont enclenché des réflexions sur le recyclage de l’eau. Restent les petits industriels et les foyers”, cible le directeur
“Nous sommes inquiets sur nos ressources en eau. Ce n’est pas le jour où il n’y aura plus d’eau qu’il faudra se réveiller”, lance Laurent Darthou, maire de Malemort et vice-président de l’Agglo en charge du développement durable. “Peut-être que nous en arriverons, comme pour l’électricité, à un prix de l’eau en janvier qui ne sera pas le même que celui en aout… Nous n’en sommes pas encore là. Pour l’éviter, il faut que nous soyons responsables et acteurs des économies d’eau. Il s’agit aussi de préserver le pouvoir d’achat des habitants de l’Agglo. La mise en place de la télérelève nous permettra peut-être d’avoir des actions plus ciblées.”