L'actualité en continu du pays de Brive


Un dispensaire pour les personnes en précarité

tension. Photo DRAprès l’épicerie sociale, la Ville de Brive innove en créant un dispensaire. Cette structure municipale tiendra une consultation préventive hebdomadaire gratuite destinée aux personnes en situation précaire. La Ville par l’intermédiaire de son CCAS, pense déjà à aller plus loin avec la mise en place d’une mutuelle sociale pour ceux ne bénéficiant pas de la CMU mais qui ne peuvent pour autant s’offrir une mutuelle complémentaire.

Lorsqu’il faut déjà rogner pour se loger et se nourrir, se soigner n’est plus une priorité. La santé est souvent sacrifiée par les plus précaires, intolérable tribut versé à la crise. Et d’autant plus avec les déremboursements de médicaments. Il faut savoir que les aides du CCAS (Centre communal d’action sociale) ont plus que doublé en moins de 3 ans, “beaucoup concernent des aides en direct avec les soins”, a précisé l’adjoint au maire Michel Da Cunha. Force est donc de constater que le phénomène s’aggrave.

D’où l’idée de créer un dispensaire. Pour l’adjoint, “il s’agit d’une action de santé innovante“. Ce dispensaire proposera une consultation médicale préventive hebdomadaire et gratuite dans les locaux du service environnement, hygiène et santé de la Ville, déjà habilité par l’ARS (Agence régionale de santé) à organiser sur le département des séances de vaccinations obligatoires pour les personnes ayant des difficultés d’accès aux soins.

Examen clinique avec prise de tension artérielle, poids, taille, Indice de masse corporelle, mise à jour des vaccinations si nécessaire, recherche de facteurs de risques et de possibles dépendances, vérification de l’état dentaire… Cette consultation permettra ainsi de faire le point sur la santé et la couverture maladie de ceux qui en bénéficieront et de les orienter selon le contexte vers une diététicienne, un spécialiste, une assistante sociale…. Elle se révélera aussi un moment privilégié d’écoute et d’échanges.

vaccination dispensaire. Photo archives Sylvain Marchou“Cela n’engendrera pas de dépenses de fonctionnement supplémentaires en personnel car les personnes affectées à cette action, secrétaire et médecin du SEHS, interviendront sur leur temps de travail”, précise l’adjoint au maire. Si besoin, des médecins vacataires pourront également être sollicités. Des démarches vont être engagées pour obtenir des subventions auprès des partenaires sociaux, CPAM, ARS, Conseil général, mutuelles… “Sans chercher à revenir sur le débat de l’Etat qui se désengage, il est important que la Ville contribue à cet accès aux soins: c’est préserver l’égalité entre tous en permettant de bénéficier de soins à temps. Vaut-il mieux attendre que la santé de la personne se dégrade et que les soins qui lui seront prodigués tardivement nous coûtent plus chers? Sur le plan économique, il s’agit de mettre en place un système intelligent.”

Cette création présentée lors de la dernière séance du conseil municipal a été adoptée à l’unanimité. Un projet encouragé par l’opposition. Pour Frédéric Soulier, “cette délibération est aussi importante que la mise en place par le CCAS des repas à domicile à une époque différente”. Son colistier, Jean-Louis Estagerie a attiré l’attention de la majorité sur les difficultés rencontrées il y a une dizaine d’années par la CPAM de la Corrèze avec l’expérience d’un centre d’examen de santé.

“La situation a considérablement évolué”, a répondu le maire: “déremboursements, privatisation de la sécurité sociale au travers de l’augmentation de la part complémentaire, difficulté d’un nombre croissant de personnes à accéder à une assurance complémentaire, la CMU avec son effet de seuil… et aujourd’hui, il y a des difficultés réelles d’accès au soins pour des gens qui autrefois n’étaient pas en situation précaire mais qui sont devenus des travailleurs pauvres et ne peuvent s’offrir une mutuelle, et ne vont pas consulter pour ne pas avoir à faire l’avance… Nous sommes en train de recréer des choses qui avait disparu avec le progrès social.” Résumant son sentiment: “C’est une belle délibération, mais je ne suis pas heureux qu’on soit amené à la prendre car elle correspond à un besoin.” Tout en relevant une “part d’ironie” dans la recherche des subventions: “L’ARS a fait savoir il y a quelques jours à la Mission locale qu’elle supprimait les crédits pour le point santé… Nous allons demander sans espoir une subvention à l’ARS pour faire fonctionner ce dispensaire.”

Vous pouvez visionner le débat sur cette délibération en consultant le site brive.fr.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

Laisser un commentaire

cinq × 3 =