L'actualité en continu du pays de Brive


Un collège fermé pour cause de dyslexie

Problème de CE1Ce lundi, le collège Jean Lurçat était fermé. Non pas pour grève, mais pour cause de “dyslexie”. L’établissement organisait en effet une journée de formation sur ce thème à l’immeuble consulaire de Brive. Ce sont les profs qui se sont retrouvés élèves face à l’animatrice Frédérique Lahalle, enseignante à l’École nationale supérieure à Suresnes. Une spécialiste du problème. Et pour cause: elle est elle-même dyslexique et mère d’enfants dyslexiques.

La spécialiste Frédérique Lahalle face au corps éducatif du bassin de Brive

Sur l’écran, une photo de mots écrits sur le sable, effacés par endroits au passage de la vague. “C’est un peu ça les mots pour nous. Ils s’effacent”, explique Frédérique Lahalle. “On doit apprendre à chaque fois car il n’y a pas eu automatisation de la lecture, du décodage, de l’assemblage des mots.” Sous les propos, les souffrances accumulées au long du vécu scolaire. “Par exemple, certains enfants ne voient pas la différence entre le petit espace à l’intérieur d’un mot et l’espace qui existe entre les mots.” Alors les syllabes finissent par s’allier bizarrement, en dehors des codes partagés par tout un chacun.

Dyslexie? On va vous la faire savant. Si on s’en réfère à l’étymologie grecque avec “dys” signifiant difficulté et “lexis” le lexique, les mots, la dyslexie serait donc un trouble du langage, une difficulté à identifier des mots écrits, difficulté qui entraîne des problèmes d’écriture et se révèle un handicap dans l’apprentissage scolaire. Elle se repère à des inversions, des omissions, des substitutions…

Un auditoire attentifQuelques exercices inversés auront vite fait de mettre les quelque 75 enseignants, éducateurs ou orthophonistes rassemblés en salle Joseph Escande dans la peau d’un enfant dyslexique. La docte assemblée va d’emblée se casser les dents, plutôt les yeux, sur l’énoncé d’un simple problème mathématique de CE1 dans lequel les syllabes jouent les filles de l’air avec leurs voisines. “Alors, vous n’avez pas encore trouvé. Pourtant, c’est simple”, renchérit l’intervenante, comme un juste retour de ce qu’elle s’entendait dire gamine. “Vous voyez, c’est ce que vit en permanence un dyslexique. On n’en guérit pas et il faut apprendre à vivre avec.”

Tel était l’enjeu de cette journée de formation pour le principal du collège organisateur, Gérard Ganet: “Il s’agissait d’amener à une réflexion, une prise de conscience, de renvoyer aussi chacun à sa propre pratique. Rien n’est global, tout est individualisé.” “Il faut s’adapter, être à l’écoute, être bienveillant et travailler sur l’estime de soi”, insiste Frédérique Lahalle, assortissant son discours de quelques conseils simples à appliquer en classe “et qui pourront bénéficier à tous les élèves”.

Reste malgré tout le problème des formations “inexistantes par manque de budget”, souligne l’intervenante. Force pour elle est de constater que la France accuse un certain retard dans le domaine par rapport à nombre de pays. “D’autant que nous avons une langue “opaque”, à la différence par exemple de l’italien, une langue transparente: tout ce qu’on voit s’écrit, tout ce qu’on entend se lit.”

Un débat suivi de questionsCette journée est une bouffée d’air. Elle permet de mettre de la théorie sur des intuitions, des pratiques empiriques”, avouera à la fin Catherine Scheibenstock, enseignante spécialisée en SEGPA à Jean Lurçat. “Forcément, je suis confrontée à cette problématique avec des élèves trop souvent étiquetés dyslexiques.” “J’ai suivi des stages théoriques mais jamais avec des témoignages comme aujourd’hui”, ajoute sa collègue professeur de français Laurence Roubertie. “Je suis ravie car je crois avoir compris les difficultés réelles des élèves face à la dyslexie et d’autres troubles.”

“Il y a un double enjeu”, conclut la spécialiste: “Adapter l’enseignement pour que ces enfants puissent accéder aux savoirs et leur donner les moyens de cultiver leur double langage, celui de l’école et de leur dyslexie. Souvent, et c’est reconnu dans d’autres pays, le dyslexique développe d’autres qualités, l’écoute, la créativité, le sens humain…”

Frédérique Lahalle a écrit un livre sur le sujet Vivre avec la dyslexie, collection Histoires de vie. Pour la petite histoire justement, un livre qu’il a fallu rééditer car son auteur n’arrivait pas à le lire tel qu’il avait été imprimé selon les canons habituels.

Vous pouvez en savoir plus sur le sujet sur le site de l‘INSHEA (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés).

compo

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

Mot clé

2 commentaires

  •    Répondre

    Bonjour, je viens de lire l’article du 15 mars 2010 Collège fermé pour cause de dyslexie. J’ai un fils dyslexique Multidys plus exactement et je suis confronté actuellement au décrochage scolaire. Il a une notification Ulis mais faute de place j’ai dû l’inscrire en 6e classique. Il a eu une AVSi mais cela n’a pas suffit. Une ESS a eu lieu jeudi dernier ; On me propose une place en Ulis à 42 km de mon domicile soit 84 aller/retour. Je me questionne par rapport au trajet donc fatigabilité et sachant que ces enfants sont fatigables et 2e point sur l’efficacité du dispositif Ulis. Pouvez-vous me conseiller ?

    •    Répondre

      Vous êtes sur le blog du journal brivemag et cet article relatait une journée de sensibilisation des intervenants. Nous ne pouvons malheureusement pas vous renseigner. Nous vous conseillons de vous rapprocher d’associations ou d’organismes compétents dans ce domaine.

Répondre à VALERY Annuler

dix-sept + 13 =