Équipé de six pneus neufs pour affronter les 2.000 km de trajet, un bus urbain briviste vient de partir en début d’après-midi pour l’Ukraine. Mélitopol étant bloquée, il devrait arriver dans 4 jours à Zaporijia, à 150km de notre ville jumelle. Le maire Frédéric Soulier devrait à nouveau s’entretenir prochainement en visioconférence avec son homologue Ivan Fedorov pour faire le point de la situation et des besoins.
“C’est très appréciable. Il n’y a pas de petit geste, tout compte”, a remercié le chauffeur ukrainien. Il ne parle ni français ni anglais et c’est par l’intermédiaire de l’habituelle interprète ukrainienne Alla Rayeroux, installée à Brive depuis 2000 que les échanges se sont déroulés. Avant la guerre, Stanislav avait une petite entreprise de transport à Kiev. Depuis deux ans, il s’est réfugié à Berlin d’où il est arrivé tout juste la veille au soir. “On a besoin de camions de pompiers, de secours, de bus pour transporter les civils… Tous les véhicules sont bienvenus. Tous ensemble on va gagner”, martèle-t-il.
Le bus toujours aux couleurs du réseau Libéo a été scrupuleusement contrôlé pour affronter ce qui l’attend. “Les anciens pneus étaient encore bons, mais on a préféré tous les changer au vu de la distance à parcourir”, précise le maire et président d’Agglo Frédéric Soulier. La carte grise, dûment barrée et estampillée de la mention “cédé le 7 mars 2024” comme l’exige la loi française, a été remise au chauffeur par le délégué communautaire François Patier en charge du transport urbain. Une remise symbolique de clés… sans clés.
Stanislav s’est installé au volant, non sans avoir remis au préalable au maire une pochette cadeau à l’effigie de Melitopol. Le moteur a vrombi au quart de tour et le chauffeur a écouté attentivement le brief effectué par un mécanicien. Le bus roule désormais vers l’Ukraine. Le voyage aurait nécessité habituellement deux jours. “Je vais devoir attendre deux jours à la frontière polonaise qui est bloquée. En tout, il faudra quatre jours pour atteindre Zaporijia. C’est à 150km environ de Melitopol qui est entièrement bloquée.”
“C’est une nouvelle action engagée dans le cadre du jumelage qui ressort des besoins exprimés lors de la précédente visioconférence avec le maire Ivan Fedorov.” Frédéric Soulier prévoit d’ailleurs d’établir prochainement un nouveau contact avec son homologue contraint à l’exil hors de sa ville tenue par les Russes.
“On va laisser le bus atteindre sa destination pour savoir comment il est utilisé. La difficulté avec le flou de la guerre, c’est le suivi, nous sommes un peu à l’aveugle sur l’aboutissement de nos actions. Mais il est important de maintenir le contact et de soutenir notre ville jumelle. Nous avons été extrêmement mobilisés dès les premiers jours de la guerre. Il y a eu un très bel élan des habitants du bassin pour envoyer du matériel de première nécessité par l’intermédiaire des Pompiers de l’urgence internationale. Nous avons également reçu pendant quinze jours en novembre dernier 40 jeunes de Mélitopol. Un moment chargé d’émotions”, a-t-il rappelé. Les enfants, dont le plus jeune venait de perdre son papa à la guerre, ont pu laisser un temps derrière eux les privations pour savourer une parenthèse de paix et de sécurité, un peu de joie et de sourire.