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Un baromètre économique en berne

La CCI a rendu publique ce matin les résultats de son enquête annuelle d’opinion auprès des chefs d’entreprise corréziens. Pas de surprise: le pouls est en baisse pour tous les secteurs et tous les voyants 2012, chiffre d’affaires, rentabilité, trésorerie, investissements. Les patrons affichent “scepticisme et prudence pour 2013”. Pour le président Jean-Louis Nesti, la situation est grave, mais pas encore désespérée.

Le manque d’activité est dramatique“, répète le président consulaire. “Ce n’est pas parce qu’on va créer des emplois, d’ailleurs souvent précaires, qu’on va relancer l’activité.” La solution passe pour lui par la flexibilité des emplois et une meilleure lisibilité des décisions gouvernementales. Peut-être aussi par le pacte de croissance pour la compétitivité et l’emploi “à condition qu’il soit mis en œuvre rapidement et que les dispositions administratives ne soient pas trop contraignantes. Sans parti pris politique”, se défend-il. Le seul qu’il revendique est celui des entreprises. Cela n’en reste pas moins un appel du pied aux pouvoirs publics nationaux et aussi locaux. “On ne travaille pas avec les mêmes règles du jeu que les autres entreprises européennes, il faut une harmonie.” Voire taxer les importations de certains pays qui emploient une main d’œuvre mineure. L’industriel prône aussi la réalisation de marchés publics qui insuffleraient de l’air au secteur du BTP et à tout un pan de l’économie.

Sans économie, sans industrie, on va droit dans le mur“, assure-t-il sans détour. “Il faut redonner confiance aux entreprises, arrêter de tirer dessus et les aider à passer ces moments difficiles.” C’est que le constat est sévère, très gris pour ne pas dire noir: “C’est un état de baisses, de dégradations, d’incertitudes… c’est la réalité”. Le président a rappelé la rigueur avec laquelle avait été menée cette étude auprès de 230 entreprises du département, pesant 11.500 salariés soit 21% des emplois du secteur privé. D’où il résulte que “tous les secteurs sont en tension” en ce qui concerne le bilan 2012, avec même une année critique pour les BTP, et des perspectives 2013 placées sous le double signe du scepticisme et de la prudence. Le manque d’activité se répercute avec plus ou moins d’impact sur tous les indices et les secteurs, industrie, BTP, commerce de gros et services aux entreprises, commerce de détail et services à la personne, cafés hôtels restaurants. Et c’est une longue litanie en décote dans laquelle se lance Anne Mambrini, responsable de l’observatoire économique, avec des verdicts qui tombent comme des couperets: “recul d’activité”, “activité en retrait”, “résultats en baisse”, “pas de rebond”, “diminution des marges et de la rentabilité”, “prévisions prudentes”, “pas d’amélioration prévue”… La dégradation est sensible notamment sur la situation financière de bon nombre d’entreprises, avec une détérioration de leur trésorerie.

Si le tableau est sombre, Jean-Louis Nesti ne veut pas pour autant verser dans le découragement et le renoncement. “Ce n’est pas dans la manière de faire des dirigeants d’entreprises.” D’ailleurs, malgré cet horizon obscurci, bon nombre d’entre eux ont toujours foi en leur entreprise, moins en l’économie mondiale. Certaines, comme Silab, tirent même très bien leur épingle du jeu, notamment lorsqu’elles travaillent dans des niches ou à l’export. Un export qui reste malgré tout hors d’atteinte pour la plupart des entreprises corréziennes, trop petites en taille. Reste à la CCI à aider les autres dans cette conquête de nouveaux marchés, pour qu’elles puissent ensuite irradier le reste du territoire. Et le président également de l’aéroport de conclure: “Le gros problème, c’est le manque de visibilité. Il faut apprendre à piloter dans le brouillard… Les PME sont mieux armées que les grands groupes pour s’y adapter.”

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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