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Théo Ananissoh: la revanche de l’écriture

Théo Ananissoh vient de débuter sa résidence d’écrivain à Brive. Elle va courir jusqu’au 18 décembre et devrait lui permettre de mettre un point final à son quatrième roman. L’écrivain dont on loue souvent le ton sans concession et le style épuré parle comme il écrit. Son regard pas plus que sa plume ne sourcillent: l’homme s’avance démasqué.

Demain, à 20h, au centre Raoul Dautry, l’écrivain ira pour la première fois à la rencontre des Brivistes et lira des extraits de ses trois romans parus chez Gallimard dans la collection Continents noirs. En avant-première de la foire du livre. Entrée libre. Infos: 05.55.18.18.45.

Théo portrait carré

“Ecrire est un travail assez exclusif, c’est pour cela que le système de la résidence est bénéfique: il vous dispense de toutes les autres préoccupations. Seule reste l’écriture”, explique Théo Ananissoh qui mesure pleinement la chance qui lui est offerte grâce à l’effort mené par la Ville qui s’est traduit par un crédit de résidence alloué par le centre national du livre.

Fraîchement arrivé, l’écrivain a déjà trouvé son rythme. “Je travaille le matin entre 7h et 11h30. Le reste de la journée, je la consacre à la découverte de la ville et de ses habitants. J’estime que le temps de la résidence doit aussi servir à connaître l’environnement dans lequel on est accueilli.” D’autant plus que Brive va figurer dans le prochain livre publié.

Dans ce nouveau roman, le lecteur retrouvera un des personnages principaux de Ténèbres à midi: Eric Bamezon. Celui-ci apparaît à une époque antérieure, lorsqu’il était encore étudiant en Europe. On le découvre en Touraine à travers le regard des habitants qui l’ont aperçu de loin ou côtoyé d’un peu plus près, dans un village où Théo Ananissoh a lui-même passé quatre mois. “Il est difficile de décrire une société où on n’a pas vécu soi-même”, relate l’auteur, qui est né au Togo, “or justement dans ce livre, j’ai le sentiment que j’ai réussi à décrire tous les personnages que j’ai rencontrés. Ça a été très intéressant pour moi d’arriver d’Afrique et d’écrire sur une autre société.” De fait, c’est la première fois qu’il situe un de ses romans en France. Jusqu’à présent tous se situaient en Afrique. Un pays qu’il regarde avec ambivalence.

le stylo et le carnet“Ce qui déconcerte, c’est l’impression que personne n’est humiliée de vivre dans ce pays”, estime le narrateur de son dernier roman Ténèbres à midi. Dans celui-ci, Théo Ananissoh ne fait pas de cadeau à sa terre natale. Il nous explique en fait le contraire: “Paris est dans les livres depuis des siècles. Moi j’ai vécu dans des lieux en Afrique qui ne sont nulle part au cinéma ou dans les livres. Je pense qu’écrire sur ces lieux anoblit la vie de ses habitants et leur procure de la fierté.” Et lorsqu’on avance que cet anoblissement est paradoxale vu les propos tenus, il s’oppose: “C’est la réalité. Il ne s’agit pas de faire semblant.”

Théo Ananissoh a refusé de s’enfermer dans un pays: dès l’âge de 24 ans il est parti étudier les lettres modernes à la Sorbonne et vit aujourd’hui entre son pays, le Togo, la France et l’Allemagne. Il n’a pas non plus voulu s’enfermer dans un propos: “On a tendance à écrire toujours la même chose car on écrit avec ses obsessions. Il faut sans cesse en avoir conscience, et à un moment, il faut sortir de là. C’est difficile”. Mais c’est dans cet optique qu’il a composé son dernier roman. “Le livre n’a rien à voir avec l’Afrique mais avec l’humanité”, termine l’écrivain, désormais soucieux d’ouvrir sa littérature, d’aller vers de nouveaux horizons de papier. Il nous murmure même que l’autobiographie pourrait être son prochain défi littéraire.

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Dès ce mois-ci, les saisons du livre proposent deux rencontres entre Théo Ananissoh et les Brivistes:

  • mardi 4 octobre à 20h au centre Raoul Dautry où il lira des extraits de ses trois derniers romans parus chez Gallimard, Lisahohé (2005), Un reptile par habitant (2007) et Ténèbres à midi (2010). Organisé en partenariat avec le centre Raoul Dautry. Entrée libre.
  • Jeudi 20 octobre à 20h30 au théâtre de la Grange, l’auteur partagera avec les Brivistes son travail de création et fera la lecture des écrits effectués durant son premier mois de résidence. Organisé en partenariat avec le théâtre de la Grange. Entrée libre.

Théo

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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