Plusieurs centaines de jeunes ont répété hier après-midi pour le concert de Tchikidan qui sera joué samedi 21 mai à 21h et dimanche 22 mai à 14h30 à l’Espace des Trois provinces. Si l’aventure s’est révélée passionnante pour tous, celle vécue par les jeunes de l’IME de Puymaret, également associés au projet, a certainement dû avoir quelque chose en plus. Explication.
En juin 2009, Dogora, (nous vous en avions parlé ici et ici) cantate pour chœur mixte, chœur d’enfants et orchestre symphonique créée par le compositeur Etienne Perruchon avait fait un carton en rassemblant 3.000 spectateurs sur deux jours de spectacle et en enchantant les participants. Fort de ce succès général, le compositeur a entrepris la réalisation d’une suite. C’est ainsi qu’est né Tchikidan qui rassemble sur deux jours 90 musiciens, 50 danseuses du conservatoire, 1.100 élèves des écoles primaires de Brive et du pays de Brive, des jeunes des centres socioculturels et aussi de l’IME de Puymaret. Une particularité: de tous les spectacles de Dogora qui ont été joués depuis sa création, celui qui a été monté à Brive a vu pour la première fois la participation de jeunes porteurs de handicap mental. Un défi qui n’était pas gagné d’avance.
“Depuis septembre dernier, nous consacrons une heure chaque semaine aux répétitions”, précise Sylvia Vayne, assistance sociale dans la structure et porteuse du projet à l’IME de Puymaret. “Dans le cours de l’année, nous sommes aussi allés à l’école de musique pour répéter et nous avons fait venir chez nous les jeunes des autres écoles de la Ville avec qui nous allons chanter samedi soir de manière à ce que tous se rencontrent et que chacun s’habitue au comportement de l’autre. Nous n’avons pas droit à l’erreur et nous avons encore moins le droit que les autres de nous faire remarquer”, estime-t-elle.
Les enfants porteurs de handicap sont considérés comme ceux qui ne font pas; qui ne font et ne sont pas comme les autres, qui ne font pas de fête de fin d’année par exemple. Or, avec Dogora, c’était la première fois que les parents applaudissaient leurs enfants dans un spectacle au même titre que tous les autres.
Alors lorsque la suite a été écrite, la question ne s’est même pas posée. Mais Tchikidan s’est révélé plus compliqué avec son niveau de chant plus élevé et une densité supérieure de paroles formées à partir d’un langage imaginaire, sorte d’espéranto musical, et dont la mémorisation est particulièrement difficile. “Alors on a choisi 3 chansons, on en fredonne autant et on chante le final.” Comme les enfants ne maîtrisent ni la lecture ni l’écriture, la mémorisation des paroles a été un travail de longue haleine. “On a d’abord scandé le rythme puisque c’est la mélodie qui porte les paroles puis, par répétitions incessantes, on a réussi. Ce n’était pas non plus gagné que les enfants parviennent à se tenir debout avec une attitude de choristes durant plus d’une heure. Mais ils nous ont prouvé aujourd’hui qu’ils en étaient capables.” Peut-être plus que pour les autres enfants, “cette aventure a procuré beaucoup de fierté à nos jeunes”, confirme Sylvia Vayne. “Et pour moi, c’est beaucoup d’émotion de les porter sur un moment de joie partagée où il n’y a plus l’adulte ni l’enfant mais juste des individualités ensemble qui chantent.” Un chant fait de voix diverses, uniques et singulières qui se confondent, qui se mêlent et s’élèvent dans les airs pour ne former plus qu’une, pleine de force et de richesse, et qui devrait vous tirer les frissons.
Rendez-vous samedi 21 mai à 21h et dimanche 22 mai à 14h30 à l’Espace des Trois provinces. Entrée 8 €. Renseignements et réservations: le conservatoire, 05.55.18.17.91.