L'actualité en continu du pays de Brive


Sur les traces d'un aviateur hors pair

intro bossoutrot

“En 1918, Bossoutrot n’est encore rien…” C’est avec cette phrase énigmatique que débute le livre de Richard Michaud consacré à cet aviateur corrézien. Un premier tome qui nous emmène de Tulle à la Grande guerre où pourtant ce fou volant, ami de Mermoz, a brillé par ses exploits. L’auteur briviste dédicacera son ouvrage samedi 20 décembre prochain, de 9h30 à 17h30 à BP Bureautique, 11 avenue président Roosevelt.

richard michaud“En 1918, Bossoutrot n’est encore rien…” L’affirmation est de Pierre Farman, petit-fils et petit-neveu des très grands constructeurs d’aéroplanes du même nom, qui a d’ailleurs apporté un énorme contribution à cet ouvrage. La phrase peut surprendre, et même faire sourire. Surtout lorsqu’on sait qu’au sortir de cette Première guerre mondiale, Lucien Bossoutrot avait déjà un palmarès éloquent à son actif. Certes bien dérisoire si on le compare à son parcours ultérieur extraordinaire.

Ce qui frappe dans le livre de Richard Michaud, c’est en effet le destin étonnant de ce corrézien bosseur issu d’une modeste famille d’ouvriers, un père maître-ajusteur (qui travailla un temps à la manufacture d’armes de Tulle) et une mère couturière. Déjà employé de banque à 14 ans, le jeune Lucien sent naître sa passion en regardant voler Santos-Dumont à Bagatelle. Nous sommes en 1906. Il va tout faire pour devenir “homme volant”, quitte à jouer bénévolement les arpètes dans les ateliers Farman et suivre en candidat libre les cours du CNAM. Patiemment, le jeune Lucien va gagner l’estime du fabricant de biplans qui finira par l’engager.

Lucien BossoutrotMême son premier décollage le fait entrer dans la légende: il vole seul, aux commandes d’un aéroplane, sans avoir pris la moindre leçon ! Naturellement un grand sens de l’air. Mobilisé en 1914, il devient pilote de guerre et côtoie les plus grands. Il est sans doute un des rares à traverser cette période sans jamais avoir blessé un passager ou abîmé un avion. La chance surement, mais aussi une adresse exceptionnelle. Farman en fera d’ailleurs son pilote d’essai, un des premiers de l’histoire mondiale de l’aviation. Lucien Bossoutrot accumule les records, du plus léger au plus lourd des avions de l’époque, du Moustique au Goliath. En 1919, il devient le premier pilote de ligne sur un Paris-Londres, ouvrant ainsi la voie aux vols commerciaux. Le premier aussi à traverser le Sahara, le premier toujours à dépasser la barre des 10 000 kilomètres parcourus… Un parcours singulier!

L’histoire commune aura retenu le nom des Mermoz, Garros, Saint-Exuperry… Laissant de côté celui de Bossoutrot qui a néanmoins jalonné l’évolution de l’aviation. Pourtant, “Bobos” ou “Beau Gosse”, ses surnoms, a bénéficié d’une immense popularité. Son visage figurait sur des paquets de cigarette et autres réclames. Il sera également homme politique, député, toujours l’aviation marquera sa vie, il fournira des avions aux Républicains espagnols, oeuvrera dans la résistance, mais ça c’est la suite de l’histoire qui fera faire l’objet d’un second tome. Pourquoi alors est-il resté si peu connu? Certains diront, du côté local, (il fut président de l’Aéroclub de la Corrèze) qu’il n’aura “finalement pas eu de chance”. Si comme Mermoz ou Saint-Ex, il était mort en avion en pleine gloire, et non “de sa belle mort dans son lit”, qui sait s’il ne serait pas aujourd’hui un héros ?

Lucien Bossoutrot, de Tulle à la Grande guerre (1ère partie), Editions de La Veytizou, 192 pages, 20 euros. L’ouvrage est publié par l’AIRAC (Association Interactive pour la Recherche et la mise en valeur des richesses Aéronautiques et spatiales de la Corrèze et des environs).

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

1 commentaire

  •    Répondre

    Bonjour et merci de parler de cet homme qui a tant fait pour l’aviation et la France comme homme politique et résistant.
    Je n’ai découvert qui était réellement mon arrière grand oncle qu’à la mort de mon père.
    Il faudrait qu’un jour nous rendions à cet homme l’hommage qu’il mérite.
    Cela m’a permis de rencontrer Richard Michaud, historien, qui a donné beaucoup pour sa mémoire.
    Je l’en remercie .

Laisser un commentaire

16 + onze =