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Sur la route : une expo qui fait voyager

Trois classes du collège Jean Moulin présentent avec bonheur leur exposition dédiée aux gens du voyage dont certains sont issus. Un beau regard sur l’autre pour dépasser les préjugés. Présentée ce mardi 22 mars au sein de l’établissement, l’exposition “Ando drom” (sur la route en manouche) fait et va voyager : vous pourrez la découvrir du 14 au 29 avril au centre Jacques Cartier. À noter aussi ce soir à 18h à la Grange de Rivet le spectacle Tchicha ou la vie rêvée d’un manouche avec deux artistes qui ont également contribué à ce projet.

“La caravane, c’est comme une maison, mais en plus serré. Il y le salon, la chambre, la cuisine, la salle de bain…” Devant un panneau photos reproduisant l’intérieur d’une caravane, Ariiheihia prend son rôle de guide très au sérieux, tout fier de présenter le résultat d’un travail long de plusieurs mois. “On a appris beaucoup de choses, mais ce qui me plait le plus, c’est la caravane: avec elle, on peut voyager partout, pas besoin de payer l’avion”, s’embrase l’élève venu des iles.

Avant de participer à ce projet, Jessica et Noémie ne connaissaient du monde tsigane que les mots racli, raclo (fille et garçon). “On a appris à comprendre les voyageurs. On a découvert comment ils vivent, leurs métiers, leurs fêtes, leurs plats, leur culture, qui ils sont… Ils sont comme nous, mais on ne les connait pas, alors on les traite mal, on ne veut pas d’eux, on les met à côté des déchetteries.” Et de montrer une carte de France couverte de photos d’aires d’accueil ou de panneaux d’interdiction.

“Quand on connait, on respecte”, concluent-elles. Dépasser les préjugés et les stéréotypes, c’est l’un des objectifs visés par ce projet qui a réuni une classe de sixième, une autre de quatrième Segpa et celle du dispositif EFIV (Enfants de familles itinérantes et de voyageurs) et auquel ont été associées les familles du voyage mises à contribution pour les photos et témoignages.

“L’idée était aussi de prôner la scolarisation et l’ascension sociale“, explique l’enseignante Lauranne Magnac, responsable depuis 5 ans du dispositif EFIV et qui a encadré ce projet réunissant également deux autres professeurs de français et d’arts plastiques. Si la présence physique en classe se fait en pointillés du fait même de l’itinérance de leurs parents, les enfants du voyage n’en sont pas moins suivis par le CNED, mais arrêtent trop souvent leur scolarité à 16 ans, en excluant d’autres champs des possibles. Les élèves ont ainsi pu interviewer trois personnes issues des gens du voyage illustrant d’autres voies: une professeure de comptabilité, un avocat et un rugbyman professionnel. La venue en classe du demi d’ouverture briviste Enzo Hervé a d’ailleurs fait sensation.

Le projet a également embrassé une dimension artistique. Les élèves ont en effet travaillé avec Armelle et Peppo Audigane, deux artistes issus eux-aussi du monde du voyage. Elle est tsigane des pays de l’Est, lui musicien d’origine sinto forain italien. “Nous avons voyagé 15 ans en roulotte avec nos enfants et lorsqu’on a arrêté, nous avons écrit nos livres pour raconter et porter notre culture par le conte et la musique.” Le duo a notamment illustré un conte écrit par les élèves et truffé de mots voyageurs. Une jolie invitation au voyage pour ce projet cofinancé par le contrat de ville et l’Agglo de Brive.

 

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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