C’est la journée nationale de prévention du suicide. L’occasion pour l’hôpital de Brive et ses partenaires, à travers des stands et des conférences, d’attirer l’attention du grand public sur ce problème de santé qui touche aussi bien les ados que les adultes ou le grand âge. Il y a des signes avant-coureurs qui peuvent permettre de déceler, d’orienter, de suivre et surtout d’éviter le pire.
Chaque année, plus de 10.000 personnes meurent par suicide en France, soit trois fois plus que les décès par accidents de la circulation. Et encore, ce chiffre ne tient compte que des décès officiellement attribués à cette mort volontaire. Une réalité donc sous évaluée. Dépression, isolement, stress au travail, maltraitances vécues dans l’enfance… les motivations de l’acte irrémédiable peuvent être variées et révèlent un profond mal-être. Un profond isolement aussi, qui touche tout au long de la vie, de l’adolescence à la vieillesse.
Le suicide reste un sujet sensible, difficilement abordable. “Et pourtant il faut en parler”, assure le docteur Catherine Cailloux. Elle est gériatre et connait l’ampleur de cette problématique chez les plus de 65 ans. C’est l’âge de beaucoup de pertes: on perd ses amis, sa famille, ses capacités. Les plus de 65 ans qui constituent 20% de la population, “mais représentent 28% des suicides, environ 1 sur 4”. Et leurs tentatives se révèlent malheureusement dans la plupart des cas “fructueuses”. “Le ratio des personnes qui décèdent sur une tentative est de 1 pour 200 chez les jeunes, de 1 sur 4 chez les personnes âgées”, compare le médecin. Dans ses interventions à domicile, l’équipe mobile de gériatrie du centre hospitalier veille d’ailleurs également à diagnostiquer les troubles de l’humeur. “Il faut libérer la parole.” Mettre des mots sur les maux pour faire de la prévention.
Chez les moins âgés aussi, la problématique est cruciale. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans (derrière les accidents de la route). Ils représentent toutefois moins de 6% des quelque 10.000 décès par suicide enregistrés chaque année dans le pays. Le Centre de guidante infantile (CGI) prend en charge ses enfants et ados en difficulté. “Nous sommes une structure pluridisciplinaire”, explique Karine Vanherrrene, éducatrice spécialisée et thérapeute familiale. “Nous avons un protocole établi depuis plus de 10 ans avec le service pédiatrie: dès qu’un jeune arrive en urgence, nous établissons aussitôt un premier rendez-vous à même son chevet, avec ses parents. Nous travaillons toujours avec sa famille.” Un suivi thérapeutique qui s’appuie sur tout un réseau de pédopsychiatres “qui malheureusement sont en sous-effectifs”, relève Roland Zanin, cadre socio-éductaif.
Mais comment empêcher qu’un événement si bouleversant survienne dans une famille. Il en va de la vigilance de tous: parents, copains, assistances sociales, infirmières de lycée, médecin traitant, éducateurs sportifs… L’hôpital organisait d’ailleurs cet après-midi des conférences débats sur la prévention du suicide chez l’adolescent comme chez la personne âgée. Une autre aussi sur la souffrance au travail et le burn out, identifié comme le syndrome d’épuisement professionnel, qui touche les tranches adultes. Le suicide y est la première cause de mortalité chez les 35-44 ans. “C’est une problématique grandissante”, reconnait Sylvette Aufrère, cadre de santé du Centre médico psychologique. “Mais quelque soit les générations, que ce soit pour les ados ou les personnes âgées, le département de la Corrèze affiche des chiffres plus élevés que la moyenne nationale.” S’il est difficile de parler du suicide, cette journée avait le mérite de donner des clés pour aborder la question. En prévention comme en suivi.
A noter qu’un Centre écoute et soutien, comme son nom l’indique accueille en toute confidentialité au 05.55.23.49.95 ou 1 avenue du 11 novembre.