Hier après-midi à l’hôpital, une conférence sur le questionnement éthique dans la pratique des soins palliatifs a permis à la communauté médicale et paramédicale de partager ses points de vue et ses ressentis sur une question délicate. Entre bientraitance et maltraitance, la frontière est parfois mince et mouvante.
“Pourquoi on arrête tout?” questionne le proche d’un patient inquiet. “Si on la nourrit plus, c’est de l’euthanasie”. “La nourrir dans ces conditions reviendrait à la gaver, c’est-à-dire à la maltraiter.” Lui répond le soignant. “C’est la fin. C’est de l’accompagnement. Il faut maintenant qu’elle parte dignement. Le plus important c’est de vivre ou de ne plus souffrir?” questionne alors le médecin.
C’est par le biais de saynètes mises en scène par Séverine Garde-Massias du Théâtre sur le Fil et construites à partir de cas réels retravaillés par les membres du groupe “soins palliatifs et approche éthique”, créé en 2008 que la conférence a abordé la thématique délicate des soins palliatifs. Un medium clair et poignant qui a permis de bien comprendre les enjeux de ces soins dont la question se pose de plus en plus ces dernières années: “On a voulu rendre la complexité de la pratique des soins palliatifs au travers d’exemples quotidiens que rencontrent les soignants”, explique les docteurs Paulus-Luternauer, référente en soins palliatifs et Dupuis-Pegourdie, pilote du projet de soins palliatifs. Au centre de toutes les attentions: le respect et la dignité du patient.
“C’est quoi palliatif?”, interroge le docteur Moreau, en charge des soins palliatifs à Limoges. “Palliatif signifie terminal. Est-ce que ça doit pour autant signifier agonique“, questionne-t-il. Or ce que les saynètes et le docteur ont voulu mettre en évidence, c’est que, en ce domaine, la frontière entre bientraitance et maltraitance est fine et fragile. La question s’est d’abord et surtout posée par rapport à la nutrition.
“Que faire quand un patient refuse de se nourrir? C’est une question fréquente qui ne laisse personne indifférent: d’un côté il y a la culpabilité des soignants de laisser quelqu’un mourir de faim, de l’autre l’incompréhension des proches, mais aussi l’enfer pour le malade de se voir forcé de manger.” Et de questionner: “Qui est le plus compétent pour décider de la mise en place d’une nutrition artificielle?” Là encore, pas de réponse toute faite, mais plusieurs possibles selon la situation: “Cela dépend du patient. A-t-il toutes ses facultés, est-il en fin de vie? S’il l’est, vous devez leur présenter les choses de façon non partisane. C’est à lui de choisir s’il est en état de le faire. S’il n’est pas en fin de vie par contre, vous devez tout mettre en œuvre pour le convaincre. A quel moment est-on bientraitant et à quel moment cesse-t-on de l’être? Il faut à tout moment se poser la question de l’obstination déraisonnable, de la finalité des soins, de leur cohérence”. Et le docteur Moreau de rappeler: “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.”
Au vu de l’intérêt suscité par cette question, les organisateurs envisagent de reconduire cette conférence sous cette forme en l’ouvrant aux hôpitaux de la Corrèze, aux libéraux et aux usagers.
Ce fut un enrichissement de tous les instants de participer à cette entreprise collective.
En tant que comédien “pour l’occasion” il était aisé de constater dans quel dilemme peuvent se trouver les équipes médicales et les familles quand il s’agit de prendre une décision si grave.
“On arrête ou on continue ?” semble être la phrase qui résume cette problématique devant un malade en fin de vie.
Au nom de l’Association pour les Soins Palliatifs 19 (ASP 19) nous remercions les grandes organisatrices de cette conférence théâtralisée, et Brive Mag pour son suivi.