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Silence, ça pousse entre les rails

aire-stationnementLe site est improbable. A deux pas du centre ville et aux abords des voies ferroviaires, un petit groupe d’hommes est réuni, comme chaque matin, dans le jardin qu’ils louent à la SNCF. Ils profitent de la fraîcheur que le début de journée prodigue encore, en cette heure matinale. Le contraste du métallique et du végétal est saisissant : les trains passent à heures régulières sans que cela ne chamboule la poussée tranquille et sereine des légumes et des fruits. Derrière le fatras de fer et d’acier, les produits de la terre paraissent d’autant plus précieux, vivants. epouventailC’est indéniable, il flotte en ces lieux une sérénité étonnante, comme si la chlorophylle des plantes, en plus d’absorber le carbone, aimantaient les bruits de la ville. Tour d’horizon de jardins pas comme les autres, cultivés par ces passionnés de la terre et de ces trésors. Ils nous montrent la voie avant que le soleil n’atteigne son zénith, et acceptent de nous ouvrir les portillons de leur havre de paix.

vignal-nbC’est Gilbert, 68 ans, qui s’avance le premier. Il l’affirme sans détour : ” j’aime la terre “. Son jardin est impressionnant de par la diversité des productions qui le compose. Cela fait maintenant 36 ans qu’il y bêche, bine, désherbe, fauche, bute … On y trouve de tout : des classiques bien sûr avec de la tomate, des aubergines et des poivrons. De quoi faire la ratatouille dont il est friand. Des blettes aussi dont il ne fait pas régal “quoique passées dans le jus de viande …”. Des choses plus insolites aussi comme la cacahuète ! C’est sa petite nièce qui lui en a ramené du Maroc. Pas farouche, il s’y est essayé. Son plaisir : “voir les légumes grandir, les manger et les donner”. Il n’est pas question d’aller les vendre : “ça fait plaisir aux voisins, à la famille”. ” Je ne me fatigue pas!”, affirme-t-il. On a peine à le croire tant ce jardin regorge de produits en tout genre. Question fleurs, c’est madame qui s’y colle. La répartition des tâches, ils reneconnaissent ! Au jardin en tout cas car ” à la maison…”, lance Gilbert sans terminer sa phrase! L’hiver, c’est autre chose, mais en ce moment, il faut venir tous les matins. Il y passe près de 2 heures : ” ça me sort, et il n’y a pas de bruit. C’est agréable cette tranquillité”, termine-t-il.Ce n’est pas René, 71 ans, qui dira le contraire. La sérénité, l’entraide ne sont pas des vains mots en ces lieux. Ni stress ni compétition. La vie est ici belle et douce : “on a l’essentiel”, termine René sans que l’on sache au juste s’il fait référence à la production de légumes qui leur permet de vivre en quasi autarcie ou plus largement à un état d’esprit, une certaine philosophie.André

André, locataire du jardin depuis plus de 25 ans, nous révèle le rituel du matin : “le dernier arrivé vient saluer tout le monde”. Il n’avait pas beaucoup d’espace chez lui, dans ces terres partagées, il est tout à son aise.

portrait-henri-blogHenri, 83 ans, est là lui aussi. Le soleil commence à faire perler des gouttelettes de sueur sur les fronts mais ni la chaleur montante ni sa femme, quelque peu réfractaire à la fréquence de ces virées en ce lieu, ne pourraient le détourner de son plaisir. Tout comme ses voisins de jardin, Henri n’utilise que du fumier : “il maintient la plante ; sans ça, elle végète” et de fait, les végétaux ne végètent pas plus que les jardiniers. La vente n’est pas son fort non plus. Il préfère donner et faire des conserves. Le stérilisateur, à l’entrée de la cabane en témoigne. “Depuis que tu as ce jardin, tu fais plus rien à la maison”, lui rabâche sa femme mais l’occupation est tellement belle : “c’est la vie rêvée. Quand je peux m’échapper de la maison, c’est ici que je me réfugie”, dans cette terre de liberté où il fait si bon vivre.

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Henri fauche

sous le soleil

du jaune dans le paysage

la faux

les jardiniers

un train passe

 Arrivée d'André

enchevetrement

Reflet dans la cabane

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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