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Roger Steptoe : so british, so musique !

Roger Steptoe

“Je n’écoute jamais de musique car j’ai tout le temps des notes dans ma tête”, assure Roger Steptoe. Ce tranquille professeur au conservatoire de Brive, est surtout un compositeur internationalement reconnu et joué dans le monde entier. Il vient d’ailleurs de créer une œuvre pour Brive.

C’est le plus Corrézien de nos compositeurs contemporains. Et pourtant il est Anglais, le stéréotype même du Britannique à la peau claire, au flegme quasi inébranlable, qui parle français avec un accent incorrigible en mélangeant allègrement les temps comme le masculin ou le féminin des noms. So british ! Voilà 16 ans que Roger Steptoe s’est installé à Uzerche où il a d’ailleurs créé un festival de renommée, 14 ans qu’il professe au conservatoire de Brive où il enseigne la culture musicale, l’histoire, l’analyse et l’écriture à des générations de grands élèves sous le charme. Sa musique, elle, ne cesse d’être jouée dans le monde entier, à Londres bien sûr et dans tout le Royaume, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud, au Japon, en Australie, aux États-Unis et même, excusez du peu, pour son anniversaire, à la prestigieuse Washington national cathedral! Ce sexagénaire qui ne fait pas son âge est en effet une sommité reconnue internationalement dans son art. Il n’en reste pas moins aussi bienveillant que simple.

“Je peux écouter chaque note dans ma tête”

“Ma vie est ici. J’adore la France”, se plaît-il à répéter. C’est l’amour de nos compositeurs, qui l’a imperceptiblement attiré vers la “Perle du Limousin” après avoir enseigné durant 15 ans à la Royal academy of music de Londres. “Depuis que j’ai 5 ou 6 ans, je suis passionné par la musique française, bien avant celle de Bach, Mozart ou Beethoven. J’ai été fasciné par Fauré, Debussy ou Poulenc, déjà. À 10 ans, je me souviens, j’ai écouté Les Biches, c’est toujours là”, dit-il en pointant du doigt sa tempe et en fredonnant l’air. Son talent précoce s’est spontanément exprimé à 4 ans sur le piano familial. Le petit Roger savait à peine lire qu’il jouait à l’oreille, avant même d’avoir pris des cours.

Partout des partitionsJ’ai composé ma première pièce quand j’avais 6 ou 7 ans, c’est ma maman ou mon papa qui écrivait les partitions car je ne savais pas encore faire.” Le temps n’a toujours pas eu raison de son phrasé britannique. Un grand-père pianiste réputé, une grand-mère violoniste… les gènes peut-être ? “J’ai eu de la chance d’avoir une famille cultivée”, reconnaît-il, “mais ça n’explique pas tout. C’est une passion, c’est quelque chose dedans…” Vraiment dedans alors, car chez lui, le silence ambiant contraste avec l’effervescence intérieure qui semble l’animer. “Je n’écoute jamais de musique car j’ai tout le temps des notes dans la tête. En visualisant une partition ou un accord, je peux écouter chaque note dans ma tête, chaque note, c’est bizarre, ce n’est pas que je suis une grosse tête”, plaisante-t-il. Son antre de création est niché dans une modeste pièce tout en haut de son immense maison à flanc de vieille ville.

chaiseAu mur quelques souvenirs, des affiches de concerts, des photos aussi, celle très protocolaire avec la reine d’Angleterre y côtoie celle relevant d’un album de famille… Et partout des pages et des pages de partitions, posées sur le piano, étalées sur le bureau ou dispersées à même le sol. “Je sais que c’est le bordel, mais je m’y retrouve.” En fait, il y a là plusieurs créations en cours: leurs transcriptions sont agencées telles des instrumentistes devant leur chef d’orchestre. À l’heure actuelle, le compositeur achève simultanément cinq projets. “Chaque pièce est complètement différente”, explique-t-il avec une liberté chevillée de créer dans la diversité.

Une création pour Brive

“Ici “, détaille-t-il en pointant un parterre de notes et de clés, “c’est un quatuor de cuivres pour New York. Ici, il, quatre sonnets pour baryton et orchestre à cordes.” Cette commande qui célébrera le 450e anniversaire de la naissance de Shakespeare au printemps prochain, fait suite au prix, un de plus, que le compositeur a reçu l’an dernier de la société des auteurs de Grande-Bretagne, une distinction qui peut être comparée à celle de la Sacem en France. “Je suis en train de créer une pièce pour violon et orchestre”, poursuit Roger Steptoe, “une pièce aussi pour orgue, une autre pour trombone et piano… J’ai une idée d’opéra As you like it de Shakespeare”, dévoile-t-il sans façon.

“J’ai une facilité de composer, mais je suis perfectionniste.” Parmi tous ses travaux, une création lui tient à cœur: elle lui a été commandée par la Ville de Brive et sera jouée en 2015: “C’est une pièce de 12 minutes pour orchestre à cordes, une série de danses car pour moi, Brive est une ville dansante avec la lumière, les pierres…” Il lui faut aussi boucler la programmation du prochain festival d’Uzerche dont il est le créateur et le directeur artistique: “Je suis complètement bénévole, comme le reste de l’équipe”. Ce festival international qui se déroule pendant 4 jours en août, invite des artistes talentueux. Pour Roger Steptoe, un moyen d’aider à son tour de jeunes musiciens prometteurs. Avec aussi la volonté affichée de mieux faire connaître la musique contemporaine. L’édition 2014 (du 14 au 17 août) recevra ainsi deux compositeurs: l’argentin Tomas Bordalejo et le Britannique Joseph Phibbs, “très distingué, un très grand ami à moi”, comme 75 % des artistes programmés. “Il n’y a pas de diva, l’ambiance est familiale.” Car pour ce Corrézien d’adoption, la musique reste avant tout “un échange, une rencontre”.

Souvenirs

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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