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Rencontre avec une Légende

Photo officielle fournie par le service communication du Père Noël

Depuis son village de Laponie, le Père Noël, malgré la période faste « pré-fêtes », a bien voulu nous accorder un court entretien en visioconférence depuis son chalet. Un moment rare et en exclusivité pour Brive Mag. Rencontre avec une Légende.

 

Dans la pièce pour l’instant vide dans laquelle va se dérouler l’entretien, trône un grand fauteuil en fourrure de glouton, posé sur un tapis en poils d’ours brun, « C’est du synthétique ! » gronde le Père Noël tout en faisant son apparition. « Je refuse que des animaux soient sacrifiés pour mon confort », assure-t-il d’une voix rocailleuse tout en s’asseyant.

Désormais assis près d’un gigantesque feu de cheminée, le Père Noël, traditionnelle longue et imposante barbe blanche, lunettes au bout du nez, chemise à carreaux rouge et blanc (on ne se refait pas), pantalon marron large en velours, usé au niveau des genoux, charentaises aux pieds, nous accueille chez lui.

La demeure est un chalet typiquement « lapon » tout en bois. Le salon, depuis lequel est organisée cette visioconférence, est simplement décoré mais chaleureux. Il ne fait pas encore tout à fait nuit, il n’est que onze heures du matin. Le feu de cheminée éclaire toute la pièce. Son incandescence se prolonge au-dehors à travers de larges fenêtres.

Malgré son âge (inconnu mais à trois chiffres, on suppose) et la charge de travail – à flux tendu – actuelle, le Père Noël semble en pleine forme… il faut dire qu’il prépare cette période depuis des mois… et suit un régime draconien… « Diététicien et coach sportif sont à mon chevet tout au long de l’année », avoue-t-il.

À côté du Père Noël, une table sur laquelle sont disposés une chope, à son effigie, remplie d’un liquide couleur or, et un ordinateur. Le Père Noël traite depuis longtemps par mails les commandes des enfants, même s’il reçoit encore beaucoup de lettres, comme le suggèrent les sacs immenses remplis de courriers entreposés tant bien que mal dans cette pièce qui semble finalement trop petite.

Au loin, on distingue un bruit qui brise la sérénité des lieux et couvre légèrement le crépitement du feu. Sans doute les lutins qui préparent les commandes des enfants du monde entier… Ils travaillent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, de jour et de nuit, par – 40 °C. Bougies, aurores boréales et cocktail local à base de ronces faux-mûrier tiennent éveillés ces ouvriers infatigables, selon une légende du peuple autochtone, les Samis.

« Beaucoup de choses ont changé depuis que j’ai commencé cette mission… soupire le Père Noël, un brin nostalgique. Les maisons sont de moins en moins équipées de cheminées… il faut que je me débrouille, que je ruse et parfois, c’est limite… mais je ne me suis pas encore fait arrêter par la police », sourit le vieil homme. « En plus, les enfants sont de plus en plus gâtés… bougonne-t-il. Quand je pense qu’avant c’était souvent une simple orange au pied du sapin ou de la cheminée, c’était plus facile pour moi… maintenant ma hotte déborde… c’est un puits sans fond et encore, s’ils étaient tous gâtés… J’essaie d’y remédier mais cela dépasse mes compétences… la Laponie n’a pas encore de siège à l’ONU ou à l’Unicef ! »

Par une des fenêtres, on aperçoit les rennes, fidèles serviteurs du Père Noël, turbulents dans leur enclos. Ils sont majestueux et paraissent gigantesques. Bien plus grands que ceux que l’on peut voir dans des documentaires animaliers sur ARTE… Toute l’année ils se sont préparés au marathon de la nuit de Noël. Leur peau est reluisante, ils sont affûtés comme jamais. « Ce sont de braves bêtes qui m’accompagnent depuis toujours. Jamais je ne les abandonnerai pour un moyen de transport plus moderne, bien qu’on m’ait démarché », avoue le Père Noël tout en jetant un œil ému aux cervidés stoppant leurs jeux afin de déguster plusieurs ballots de paille que l’on vient de déverser dans leur mangeoire. « Comment ferais-je sans eux ? Ils connaissent chaque continent, chaque pays, chaque ville, chaque quartier, chaque maison par cœur, aussi bien que la Laponie. C’est mieux qu’un GPS… En plus, c’est un moyen écolo de se déplacer… C’est tendance et respectueux de la planète. »

L’attaché de presse jusque-là invisible (le Père Fouettard ???) surgit, l’entretien est terminé. Le Père Noël se lève, fait un signe de la main pour dire au revoir. La vidéo se coupe.

 

Julien Allain, Photos : Diarmid COURREGES

Julien Allain, Photos : Diarmid COURREGES

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