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Rencontre avec un grand homme : Stéphane Hessel

Stéphane HesselDemain, jeudi 14 janvier, ne manquez pas l’événement: la venue à Brive de Stéphane Hessel. Rescapé du camp de Buchenwald, cet ancien résistant, diplomate, ambassadeur de France, demeure un militant infatigable et humaniste. A plus de 90 ans, il n’hésite toujours pas à descendre dans la rue pour défendre inlassablement les droits de l’homme.

Stéphane Hessel dédicacera ses ouvrages de 16h à 18h à la médiathèque de Brive, avant une conférence-débat à 20h30, salle de conférence de la CCI. Entrée libre.

Respect pour ce monsieur de 92 ans, infatigable militant des droits de l’homme. Balloté par une Histoire à ses plus sombres heures, il est de ceux qui ont su garder malgré la tourmente une foi indéfectible en l’humain. Né Allemand, bachelier à 15 ans, naturalisé Français à 20, Résistant, survivant des camps de concentration, co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, grand serviteur de l’Etat, diplomate à l’ONU, Saigon, Alger, Genève et New-York, toujours ambassadeur de France, grand médiateur en 1996 dans l’affaire très médiatisée des sans-papiers de l’église Saint-Ambroise, défenseur des droits des Palestiniens… voici pour les seules grandes lignes d’une vie d’engagement. Une trajectoire qui force l’admiration.

Sa venue à Brive est donc un événement. Vous pourrez rencontrer Stéphane Hessel lors de deux rendez-vous:

  • Stéphane Hesselde 16h à 18h, il dédicacera ses ouvrages à la médiathèque municipale, place Charles de Gaulle,
  • à 20h30, lors d’une conférence-débat “Résistance et médiation”, salle des conférences de la CCI. La soirée sera animée par Corine Chabaut, journaliste à La Vie.

Au cours de cette conférence, Stéphane Hessel évoquera des périodes de son parcours et répondra aux questions de lycéens de 5 établissements de Brive et d’Objat qui ont travaillé durant deux soirées autour de l’histoire et de la pensée de Stéphane Hessel et sont chargés de poser les questions de la partie débat. Cette conférence est organisée par la Ville de Brive, l’association Les Amis de La Vie et le centre Edmond Michelet.

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Voici les propos recueillis par notre consoeur Myriam Entraygues pour le mensuel culturel Bouger.

Bouger: Co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée le 10 décembre 1948 par l’assemblée générale des Nations unies, quel est votre regard sur cette déclaration soixante ans plus tard ?

Stéphane Hessel : Elle reste un instrument indispensable et très précieux pour savoir où il faut aller. Les trente articles de cette déclaration indiquent clairement ce que les peuples demandent à leurs Etats, ce sont leurs revendications.

N’est-elle pas aujourd’hui une utopie ?

Non ce n’est pas une utopie, c’est un programme. Ce sont les revendications des peuples qui sont transmises par ces articles et ces articles disent aux états les libertés et les droits que les peuples revendiquent. Dans ce sens, beaucoup d’états ont fait des efforts sensibles. On peut par exemple citer la décolonisation qui est une revendication de cette Déclaration mais aussi la fin de l’apartheid, la fin de l’empire soviétique dans lequel les personnes n’avaient pas les mêmes droits dans un goulag ou à Moscou.

Quels sont à vos yeux les articles les plus importants ?

Stephane HesselLes deux premiers. (Stéphane Hessel récite alors le premier article, en détachant chaque mot, NDLR) “Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.” Il reste beaucoup à faire pour ce premier article et c’est le rôle des jeunes générations. Oui, il y a encore beaucoup à faire : par exemple, le droit au logement est inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme, le droit à la santé aussi et ils ne sont pas respectés.

Le deuxième article rappelle combien aucune discrimination n’est fondée. En disant cela je pense à la France, ma patrie, et à la régularisation des sans-papiers, on en est loin.

Vous êtes un homme engagé, un résistant. En ce début de 21e siècle, quels sont les enjeux de la résistance ?

Il existe deux grands défis à relever pour les jeunes de 18 à 25 ans. Le premier, c’est la terre. C’est un défi relativement nouveau, en 1948 nous n’y pensions pas, on croyait que les ressources étaient infinies mais ce n’est pas le cas.

Le deuxième défi a trait à l’extraordinaire injustice de la répartition des richesses entre ceux qui vivent avec moins de 2 dollars par jour et ceux qui capitalisent des richesses de plus en plus grandes. La lutte contre l’injustice sociale est une des luttes d’aujourd’hui.

La mondialisation bouleverse les codes et de nombreux citoyens la redoutent. Qu’en pensez-vous ?

La mondialisation est un fait, un constat. Nous vivons comme si nous étions pris dans une “mondialité” des problèmes économiques, sociaux, bientôt culturels, mais il ne faut pas que les problèmes soient noyés et que les spécificités de chacun disparaissent. Jusqu’à maintenant la mondialisation économique a été au bénéfice des plus puissants.

Nous sommes dans une réalité où l’on ne peut plus traiter les problèmes individuellement mais il faut faire beaucoup plus pour les uns que pour les autres. La nécessaire diversité doit être respectée, par exemple, ce ne serait pas une bonne chose que l’anglais devienne la langue prépondérante. La mondialisation n’est ni un bien ni un mal mais elle nous oblige à réfléchir ensemble.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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