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Rencontre avec Philippe Auliac, photographe officiel de David Bowie

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Philippe Auliac expose ses photographies de David Bowie et de ses amis à la médiathèque de Brive jusqu’au 25 juin. Rencontre avec un personnage au parcours étonnant.

C‘est l’histoire d’un enfant de la Corrèze qui voulait conduire des trains et qui deviendra photographe des plus grandes stars de la mouvance Glam-Rock. Difficile d’imaginer un parcours plus atypique. Et pourtant! Philippe Auliac a trouvé sa voie presque par hasard. Son fabuleux destin s’est imposé à lui, par la grâce du Capitole qui le mènera à Paris jusqu’à son idole : David Bowie.

Un premier reportage marquant

« Lorsqu’on est enfant en Corrèze dans les années 60, on peut devenir soit gardien de vaches, soit conducteur de train. J’ai préféré le train », s’amuse Philippe Auliac. Tout en apprenant la conduite des locomotives, le jeune Philippe collabore, à Paris, avec des maisons de disques : « je faisais des reproductions des photos des artistes dont ils s’occupaient. » Les quelques billets glanés n’étaient pas le seul moteur pour le photographe en herbe : « c’était aussi une manière d’approcher certaines de mes idoles, et de déjà les photographier, en quelque sorte ».

Avril 1972. Coup de téléphone : « La maison de disque RCA me propose un premier reportage. Sauf que, cette semaine-là, je devais passer mon examen de conducteur de train. J’ai hésité, mais j’ai finalement dit oui. » Parti pour ce reportage dont il ne savait rien, Philippe Auliac rejoint la gare du Nord, à Paris. Sur le quai direction Londres et sa gare Victoria, « je vois arriver deux p’tits mecs : David Bowie et Iggy Pop ! Mes idoles ! J’avais 18 ans, c’était un moment absolument incroyable ! ».

2 mai 1972: première photo de Bowie

Au moment de faire la première photo de ce reportage, « le 2 mai 1972 » se souvient le photographe, l’émotion a quelque peu parasité la technique, et le jeune photographe a bafouillé ses fondamentaux. Néanmoins, les journaux ont pu sortir quelques photos. Que l’une d’entre elles ait créé le scandale (« Selon les journaux, Bowie y faisait le salut nazi, mais il n’en était évidemment rien, il saluait la foule ! ») n’a pas tué dans l’œuf la relation naissante entre la star et le jeune homme. Il deviendra un des photographes officiels de l’icône du Glam-Rock et restera proche de lui jusqu’au bout du chemin.

« J’ai rapidement rencontré les amis de David Bowie : Mick Jagger, Keith Richards, Paul Mc Cartney, Marianne Faithfull, Andy Warhol, et tant d’autres. J’ai vécu des soirées incroyables avec eux. Je les ai souvent photographiés, en m’efforçant de rester dans le rôle du témoin, du paparazzo qui cherche à capter des instants de vérité, toujours avec le consentement des concernés. Ils m’ont accordé leur confiance, il était donc hors de question de faire des images qui auraient pu leur déplaire ou les desservir ».

De la vidéo pour Steven Spielberg

Après de telles rencontres, aujourd’hui, Philippe Auliac n’a plus vraiment envie de photographier les stars : « Depuis quelques années, les artistes sont presque toujours des produits marketing construits pour générer du profit », affirme-t-il, désabusé. Si les Gallagher, Marilyn Manson, Pulp ou Suède trouvent tout de même grâce à ses yeux, l’envie du photographe s’est déplacée vers un travail qui tend vers l’abstraction.

Le son également le fascine, ainsi que la vidéo qu’il a pratiquée de longues années à partir des années 80 : « J’ai filmé par exemple Marianne Faithfull en concert, et une conversation entre George Harrison et Ravi Shankar. J’ai également travaillé pour Steven Spielberg pendant des années : il s’agissait de filmer des témoignages de rescapés de la Shoah ». Jusqu’à ce cauchemar : « j’étais dans un train habillé en déporté. Un nazi me hurlait des ordres. En fond, la musique de Bowie. Il était vraiment temps que je passe à autre chose. »

Actuellement, pas mal du temps de Philippe Auliac est consacré à l’exposition Bowie & friends: «Elle a été montrée à Paris mais je tiens à la présenter aussi en province, notamment à Brive, ville dotée d’une gare magnifique », s’illumine l’ex-apprenti conducteur, qui a d’ailleurs obtenu son diplôme en 1973, un an après sa première rencontre avec Bowie. « J’y ai passé du temps dans cette gare et dans ce quartier puisqu’il y avait deux heures de correspondance à Brive à l’époque pour rejoindre Tulle à partir de Paris ! »

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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