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Rapprochement hôpital-clinique: un projet plus que complexe

René Ripert lisant la déclaration de la coordination en préambule du conseil municipal du 8 novembreHier soir, avant l’ouverture de la séance du conseil municipal, la coordination de défense de l’hôpital public de Brive, opposée au rapprochement hôpital-clinique, avait été autorisée à faire une déclaration. Comme prévu, il n’y a pas eu de débat, mais plus d’une heure de prises de paroles au cours desquelles chacun a pu exprimer son point de vue: la coordination, le directeur de l’hôpital et des élus de la majorité comme de l’opposition. Chacun au nom d’ailleurs du service public, malgré les divergences. D’où il ressort toute la complexité de ce projet. Vous pouvez visionner ces interventions et vous faire votre propre opinion en cliquant ici.

Un projet contre nature!” Pour le porte-parole René Ripert, “il ne peut y avoir de compromission entre le secteur public de santé et le secteur privé commercial”. Parlant “d’évolution pernicieuse”, de “loup dans la bergerie”, il dénonce “une mort programmée de certaines activités de l’hôpital”, s’inquiétant de voir “démolir par petites touches le service public hospitalier”. “Pourquoi cet acharnement pour sauver un établissement privé qui n’a pas su ou voulu investir pour moderniser son plateau technique et qui n’apporte rien de plus à l’offre de soins? A-t-on la même attitude complaisante pour l’entreprise Deshors ou Jacob Delafon?”, finit-il par questionner.

Le directeur de l'hôpital Vincent ?? a fait le pointInvité par le maire à clarifier l’évolution du dossier, le nouveau directeur de l’hôpital Vincent Delivet a ciblé sur l‘intérêt que ce projet apporte à la population de Brive et des départements limitrophes: “On ne rassemble pas des projets immobiliers, mais des compétences médicales et paramédicales. Dans le domaine de la femme et de l’enfant, ce projet va permettre de proposer une offre qui n’existe pas. En matière de cancérologie, une meilleure prise en charge.” Pour le directeur, l’intérêt de l’opération est d’améliorer le plateau technique de l’hôpital et de lui assurer une certaine pérennité.” En tant que président du conseil de surveillance, le maire a demandé un effort de transparence pour que les documents soient consultables.

Ce regroupement me semble inévitable“, avance Francis Collason, élu de l’opposition. “Ce qui pose problème, ce sont les modalités. Je vois surtout l’effet positif en tant que chef de service chirurgie obstétrique. Nous allons pouvoir développer les activités, les compétences aussi. Si on reste chacun de son côté, on risque de perdre tous les deux les accréditations.”

Martine Contie, conseillère dans la majorité, s’inquiète: “Je travaille depuis 40 ans dans le service public et je ne le vois pas évoluer dans le bon sens. Ce gouvernement actuel veut casser le service public. Beaucoup de gens aujourd’hui ne peuvent plus se soigner.” Pour Jean-Claude Chauvignat, “vraiment opposé à ce projet”, c’est “l’introduction de la clinique dans l’hôpital”. L’adjoint André Pamboutzoglou se pose la question “du coût acceptable pour la population” dans ce qu’il qualifie “une équation sans solution“: faire exister sur le même site un établissement privé à but lucratif avec un établissement public qui n’a pas cet objectif et doit accueillir tous les publics. Conseil municipal Ce n’est pas possible sans dégât pour le service public“, estime-t-il. Un problème certes de spécialistes et, au-delà de son aspect technique, aussi politique. “Oui, il m’arrive de manifester au côtés de la coordination. Ce n’est pas la Ville de Brive qu’il faut cibler dans cette affaire, mais l’ARS (Agence régionale de santé, NDLR), la direction de l’hôpital et l’Etat.”

Recadrant sur “les masses critiques” des accréditations et “l’équilibre fragilisé entre le public et le privé qui caractérise le contexte local“, Philippe Nauche rappelle l’exemple de l’hôpital de Tulle qui a refusé il y a quelques années tout esprit de collaboration et se retrouve aujourd’hui en grande difficulté. Rappelant que c’est “l’argent collectif qui finance aujourd’hui le service privé comme le service public” et que “70% de l’activité du bassin de Brive se situe dans le service privé”, le député-maire a conclu par une mise en garde: “Prendre l’avis des assurés me semble judicieux, mais méfions-nous les uns et les autres du sort que nous faisons à la démocratie représentative, si à chaque fois qu’une instance élue dans le cadre des lois de la République prend une décision avec laquelle on est pas d’accord, on la remet en cause en demandant l’avis des gens.” Un projet qui pour le premier élu appelle donc “beaucoup de recul et sagesse”.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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