Yggdrasil, l’arbre à 9 mondes vous connaissez ? Non? Bloody Mary peut être ? La Dame blanche alors ? Ces légendes et bien d’autres peuplent un stage d’été proposé aux ados par le Centre municipal d’arts plastiques, CMAP.
Ils sont une dizaine, rassemblés autour d’une grande table. Tous bien sages, le nez sur sa feuille, pas une parole, pas un murmure, aucun regard vers la tablée, à peine un coup d’oeil furtif vers le dessin voisin. Chacun dans sa bulle. Un silence impressionnant. Depuis le début de la semaine, le petit groupe se retrouve chaque après-midi au centre de la rue André Devaud. Au programme de ce stage d’illustration: “Mythologie et légende”. C’est une tradition du CMAP de proposer en début d’été différents stages utilisant différentes techniques et s’adressant à différents âges.
“Comme base de création, je leur donne juste une documentation écrite afin qu’ils n’aient pas une référence visuelle et puissent extrapoler selon leur propre imagination”, explique Jean-Marie Laferté, le professeur d’arts plastiques qui encadre ce stage. “L’idée, c’est d’amener les jeunes à se lâcher, leur faire découvrir des techniques, leur faire avoir une réflexion sur ce qu’ils dessinent.” En 3 heures et demie, filles et garçons découvrent ainsi une légende plus ou moins urbaine, d’ici ou d’ailleurs.
S’ils connaissaient déjà celle de la Dame blanche (ce spectre de l’autostoppeuse qui prévient/provoque une mort imminente) ou de Bloody Mary (le fantôme de Marie la sanglante qui apparaît dans les miroirs éclairés à la chandelle), la plupart aborde pour la première fois ce jour là Yggdrasil, le concept central de la mythologie nordique selon laquelle ce frêne toujours vert se dressait au-dessus de ces Neuf Mondes et les tenait fermement entre eux.
“J’aime ce côté fantastique”, assure Clément, 17 ans, déjà élève le reste de l’année au CMAP. “L’an prochain, je vais devoir abandonner pour me concentrer sur le bac”, regrette-t-il. Pour Thomas et Julien, autodidactes de 14 et 15 ans, c’est par contre une belle révélation. “Le dessin, c’est une passion. Le faire en groupe, c’est mieux, on peut s’inspirer des autres, apprendre des techniques.” Eux, c’est sur, veulent s’inscrire au centre à la rentrée. Chaque jour leur apporte son mythe à croquer et demain, dernier jour du stage, ils devront tous inventer un Dieu…