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“Quand tu ne votes pas, tu n’es rien”

Adem Ersoy ce matin au bureau de vote du gymnase LachaudDepuis son arrivée à Brive, il y a 30 ans, Adem Ersoy s’est investi dans la vie de la cité, notamment dans le milieu sportif. Son envie de faire bouger les choses, de donner de la voix, était malgré tout quelque peu contrariée. En effet, Adem, jusque là, ne pouvait pas voter, car il n’était “que” Turc. Bénéficiant désormais de la double nationalité, turque et française, il peut voter. Ce matin, pour la première fois en France, il a glissé un bulletin dans une urne.

Adem est arrivé dès 7h30

Adem Ersoy est né il y a 41 ans en Turquie, dans la ville d’Alanya. Il y a 30 ans, il rejoignait Brive. “Je suis arrivé en gare de Brive le 16 janvier 1980 à 21h18”, se souvient-il. Un moment fort pour celui qui n’était alors qu’un enfant rejoignant son père, Briviste depuis 1973. L’enfant a grandi, et bien grandi. Sportif complet, Adem a pratiqué, outre la lutte en Turquie, l’athlétisme, la boxe, le rugby et le football avec l’association “Solidarité turque de Brive”, dont il est un membre très actif.

Listes en mainEt son envie de bouger ne s’est pas limitée au développement du corps, mais a vite atteint celui de l’esprit: “J’ai beaucoup lu, et ça m’a aidé à apprendre le français. Quand je suis arrivé, je ne savais que compter jusqu’à dix.” Aujourd’hui, les chiffres, il maîtrise: “Sur le bassin de Brive, la communauté turque représente environ 400 voix aux élections. Dans quelques années, on atteindra les 1.000”, prévoit Adem. “J’incite les Turcs à prendre la double nationalité pour pouvoir s’inscrire sur les listes électorales. Et aussi les français d’origine turque à aller voter. C’est très important. Car, quand tu ne votes pas, tu n’es rien”, affirme celui qui peste contre les abstentionnistes, a fortiori lorsque ceux-ci viennent s’exprimer sur la politique menée. “Ils n’ont pas voté, ils doivent la fermer!”

Adem a voté pour la première fois ce matin, pour les régionales. “Je peux voter, et je pourrai même être sur une liste électorale un jour“, s’enthousiasme-t-il. Cette grande première a eu lieu ce matin, dès l’ouverture de son bureau de vote, le gymnase Lachaud. Alain, ami avec Adem depuis une vingtaine d’années, avait tenu à être présent: “C’est sa première fois, c’est normal que je l’accompagne”, s’amuse-t-il. “Je suis vraiment heureux que tu puisses voter”, ajoutera-t-il à l’attention de son ami sans doute un peu impressionné d’être là.

“Monsieur Adem Ersoy. A voté.” C’est fait. Le bulletin a chu dans l’urne peu après 8h. “C’est un peu comme quand on gagne une médaille en sport, l’émotion vient plus tard, et je me rendrai compte que j’ai voté après coup.” En attendant de vraiment réaliser, Adem, à peine sorti du bureau de vote, a tout de même ouvert la bouteille de champagne. Il ne pouvait en être autrement tant il avait rêvé ce moment.

Adem est finalement représentatif des “déracinés” qui continuent à entretenir leurs racines tout en plantant quelques belles graines de citoyenneté dans le pays qui les a accueillis. Sans renier l’endroit où ils ont nés, la double nationalité leur permet d’être des citoyens investis sur leur lieu de vie.

Alain et Adem ont bu une coupe de champagne dès la sortie du bureau

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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