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Poésie et musique en résidence et en cadence

Les résidences d’artistes à Brive se multiplient. Alors que Christophe Mahy, poète auréolé du prix Mallarmé vient de finir la sienne il y a peu, c’est Mickaël Mazaleyrat, célèbre harmoniciste, qui prend la suite. Poésie et musique ne sont pas si éloignées et les résidences successives de ces deux artistes s’inscrivent dans une démarche nouvelle d’ouverture à diverses disciplines artistiques. Ces résidences permettent aux artistes invités de travailler sur de futurs projets mais également d’aller à la rencontre des Brivistes en particulier des plus jeunes. Ce qui a été le cas avec Christophe Mahy et ce qui va être le cas avec Mickaël Mazaleyrat qui débute sa résidence le 9 octobre.

Christophe Mahy poète récompensé du prestigieux prix Mallarmé 2022 pour son livre À jour passant paru aux éditions Gallimard en 2021, a profité de son séjour studieux à Brive en résidence pour travailler sur de prochaines œuvres et projets. Il a également participé à des ateliers d’écriture avec des élèves de Rollinat et de d’Arsonval. Rencontre avec l’auteur qui, par son parcours, la vision de son art, sa modestie, s’est sans doute révélé inspirant pour ces élèves autant qu’il l’est pour ses lecteurs.

Comment en étant originaire de Charleville-Mézières peut-on ne pas s’intéresser à la poésie, en être inspiré et se rêver un jour poète ? Cette ville des Ardennes qui a vu naître Rimbaud a sans doute inspiré plus d’un poète en herbe, un peu comme Liverpool et les Beatles pour les musiciens. Christophe Mahy y est né en 1970. Cependant, l’auteur d’À jour passant viendra un peu sur le tard à cet exercice littéraire réputé difficile. La littérature a ses exigences, la poésie sans doute encore plus. Christophe Mahy a du talent c’est incontestable. Le prix Mallarmé ne lui a pas été attribué par hasard, les éditions Gallimard ne lui ont pas déroulé le tapis rouge dès la lecture du premier vers d’un de ses manuscrits. Non. Christophe Mahy a travaillé pour en arriver là ou il en est. Désormais reconnu son éclosion date d’une dizaine d’années.

Enfant, Christophe Mahy lit beaucoup, pas seulement de la poésie. L’idée de passer à l’écriture viendra beaucoup plus tard dans les années 2000 par l’intermédiaire d’une revue ardennaise qui s’appelle aujourd’hui Maugis et par les rencontres qu’il peut faire avec certains collaborateurs de cette revue. Jean-Claude Pirotte, Guy Gofette ou encore Franz Bartelt seront de précieux conseillers et des mentors. « Cela a été déterminant. Le fait de côtoyer ces auteurs a rendu les choses finalement plus accessibles. Ils m’ont inspirés. Ils ont lu mes textes, les ont critiqués parfois sévèrement. C’est une histoire entre un maître et un apprenti. Ils m’ont transmis leur savoir. J’ai commencé ainsi puis j’ai publié certaines choses dans la revue. Ensuite, j’ai beaucoup travaillé car la poésie n’est pas facile. C’est un style, parfois qualifié d’élitiste, très exigeant pour l’auteur mais aussi pour le lecteur. »

Ateliers d’écriture à d’Arsonval
Denis Dufour, responsable de la Classe Préparatoire aux Études Supérieures – Classe d’Approfondissement en Arts Plastiques (CPES-CAAP) du lycée d’Arsonval, est à l’initiative de ces ateliers d’écriture qui devraient se pérenniser. Pour cet atelier, Christophe Mahy était donc en quelque sorte le parrain. Les élèves de cette classe préparatoire ont déambulé dans Brive, à la Guierle et aux bords de la Corrèze afin de capter des bruits, des odeurs, des sensations qu’ils ont ensuite tenter de retranscrire par écrit sous l’œil vigilant et bienveillant de Christophe Mahy. L’écriture pour ces élèves plus habitués à dessiner ou à peindre reste une pratique fondamentale pour présenter son travail ou pour analyser une œuvre. L’écrit sert aussi dans le cadre de créations comme les livres d’artistes où souvent, à coté d’un dessin, d’une peinture, on retrouve un texte, un poème. « Des textes peuvent entrer en résonance avec des productions, comme le souligne Denis Dufour. L’écriture peut donc se révéler très utile. Il faut savoir se mettre dans une posture d’écriture, de prose ou dans un style plus poétique. Le texte doit éclairer l’oeuvre. »

Un travail qui aura un prolongement avec justement la création par les élèves de livres d’artistes. « Les étudiants vont être amenés à produire un livre qui combine, superpose, qui croise le texte et l’image. Leur travail sera exposé à la médiathèque de Brive. »

Ce que Christophe a connu, il est venu à Brive le transmettre par l’intermédiaire de ces ateliers d’écriture qui se sont tenus au collège Rollinat et au lycée d’Arsonval. La poésie bien entendu, son amour pour la littérature mais aussi certaines valeurs qu’on lui a inculquées et qu’il a apprises aux côtés de ses amis poètes. Travail, curiosité, humilité. Des principes qui lui ont réussis. Le second manuscrit envoyé à Gallimard sera le bon. La prix Mallarmé obtenu en 2022 sera l’ultime reconnaissance de ses paires.

Comme le souligne Christophe Mahy, poésie et musique ne sont pas si éloignée. Lui-même admet une certaine similitude dans la construction d’un poème et d’une chanson. Du rythme, des audaces et dans une œuvre plus large, comme un recueil ou un album, un fil rouge, une homogénéité, une constance.

C’est sans doute le discours que Mickaël Mazaleyrat tiendra lors de la conférence “La Passion de la musique” qu’il animera au centre Raoul-Dautry le mardi 17 octobre à partir de 14h dans le cadre de sa résidence qui débute le 9 pour se terminer le 21 octobre. Harmoniciste de génie, Mickael Mazaleyrat a parcouru le monde lui aussi en allant à la rencontre de musiciens avec lesquels il a beaucoup appris. En plus de cette conférence, Mickaël Mazaleyrat donnera deux concerts. L’un sur l’esplanade de la médiathèque Michel-Dumas aux Chapélies le mercredi 18 octobre à 15h30, l’autre à la médiathèque du centre ville le 20 octobre à 18h.

Petit extrait.

 

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Julien Allain

Julien Allain

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