Le 126 régiment d’infanterie briviste n’échappe pas à la règle du confinement. Il se doit même d’appliquer scrupuleusement les mesures afin de se tenir toujours prêt à assurer si besoin ses missions extérieures comme intérieures. Un défi au quotidien pour cette collectivité soudée par le sentiment de corps. On vous explique comment les Bisons restent en ordre de bataille face au Covid-19.
Pour faire front face à la pandémie, nos fiers et vaillants Bisons ont du s’adapter comme tout un chacun. A la caserne Laporte, le port du masque n’a pas pour autant été intégré à la panoplie du combattant. “Le port permanent du masque est obligatoire pour les personnels qui ne peuvent pas, de part leur mission, respecter les mesures de distanciation, c’est le cas du poste de garde qui doit vérifier les laisser-passer, des armuriers, des cuistots… Pour le reste, nous appliquons les mesures et avons adapté nos activités”, explique le colonel Stéphane Gouvernet.
Assurer la continuité des missions
“Nous avons des missions à tenir sur lesquelles nous nous sommes recentrés”, cadre le chef de corps. “La menace terroriste n’est pas moins pressante qu’il y a quelques semaines. Nous devons constamment nous préparer pour ces missions opérationnelles extérieures, comme intérieures avec Sentinelle ou Résilience dans la cadre du Covid-19. Nous devons aussi assurer la formation des nouvelles recrues et la protection de nos emprises militaires à Laporte.”
Préparation, formation, protection. Face aux mesures de confinement, le régiment a ainsi activé le plan de continuité prévu dans ce type de situations, englobant catastrophes naturelles, coupure d’énergie et pandémie. “Nous nous sommes recentrés sur nos missions prioritaires et nous avons suspendu les autres activités: les stages, les instructions théoriques en salle, les séances en ordre serré comme les prise d’armes… Le lundi matin, le régiment se rassemblait pour la levée des couleurs. On ne le fait plus. Tout ce qui passait verbalement pendant ce moment, passe désormais par affichage.”
Des mesures strictes
Le régiment s’est recentré sur sa caserne. Pas question de marche pour la fourragère à travers le département pendant 3 jours, pas de compagnie en manœuvre autour de Turenne… “Les activités maintenues ont quant à elles été aménagées. Elles se font au sein de la caserne et en module restreint, pas plus de 10 et avec les mesures de distanciation.” Que ce soit pour les séances de travail, de formation ou de sport.” Plus de corps à corps ou de rugby. Le gymnase et la salle de musculation ont été fermés. “On privilégie le renforcement musculaire et la course à pied dans l’enceinte de la caserne. On essaie de préserver le maximum de choses grâce aux conseils de notre antenne médicale. On continue à faire du combat, un peu du tir à la Courtine et au Chastanet, en ayant restreint les groupes de 30 à 10.”
Un fonctionnement par roulement
Qui dit activités annulées dit davantage de monde sur le quartier, ce qui n’est pas courant au régiment qui regroupe au total environ 1200 personnels civils et militaires… “Nous fonctionnons en bordées par cycle de 3 semaines.” Une partie est a son poste à la caserne et l’autre confinée à domicile et rappelable. “On maintient le lien tous les jours pour savoir s’il n’y a pas de problème de santé ou de détresse.” Le régiment a trouvé un nouveau rythme. “Comme le fonctionnement est en plus petits groupes, les petits échelons sont davantage responsabilisés. Les choses prennent aussi plus de temps. Les activités demandent davantage de préparation et de précaution en amont, ensuite il faut tout nettoyer et désinfecter à l’eau de Javel: postes de radio, véhicules, armes…”
Quant au logement des compagnies, “les chambres sont au maximum de 5 avec de l’espace et les mesures barrière sont bien respectées”, ne s’inquiète pas le colonel. L’intendance suit le mouvement : côté mess, “les gens ne viennent plus en ordre serré. Nous avons étalé la période d’alimentation avec des tours de passage et établi un protocole: le plateau est pré équipé, il n’y a plus qu’à récupérer le plat choisi et on mange en quinconce.” Moyennant quoi, s’il y a bien eu quelques symptômes qui s’apparentaient au Covid-19, “il y a eu confinement automatique tant que le doute n’a pas été levé. Et tous les tests effectués jusqu’à présent se sont révélés négatifs.”
Une compagnie en Outre-Mer
Le 16 mars dernier, une compagnie était en mission Outre-Mer et s’est du coup retrouvée confinée sur place. Loin des familles confinées de leur côté ici. Un facteur psychologique qui appelle toute l’attention du colonel. “Nous sommes en contact permanent avec nos hommes là-bas. Les militaires sont habitués à vivre dans une forme de confinement et en situation stressante. Mais c’est la première fois que leurs familles se retrouvent dans la même situation. Alors notre préoccupation s’est accrue à leur égard, de part et d’autre.”
Par “bordées” et groupes restreints, à un autre rythme de croisière, le 126 se tient ainsi toujours prêt à répondre à l’appel. Et notamment, comme tous les régiments si le besoin s’en fait sentir, à s’engager dans l’opération Résilience déclenchée le 20 mars dans le cadre de la pandémie. Il peut ainsi être amené à intervenir au plus près pour des missions d’aide aux populations ou d’appui aux services publics. C’est d’ailleurs le cas de son antenne médicale qui apportait déjà régulièrement son concours à l’hôpital de Brive et qui y a intensifié ses tours de garde.