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Mondiaux 24 heures : longue sera la nuit

22h. Voilà 12 heures que ces Mondiaux ont démarré et il en reste autant à courir. La fraîcheur a fait place à la souffrance, avec un corps qui s’épuise, un mental qui tiraille, des douleurs qui tenaillent. Pour les concurrents, au sablier de cette démesure, ce sont les heures de vérité qui s’égrènent. Chacun doit puiser au très fond de soi pour tenir jusqu’au bout de la nuit, jusqu’au bout de soi, et toujours bien au-delà.

Dehors, sur la Guierle, les encouragement se sont tus, avec le départ des spectateurs, chassés par la tombée de la nuit. Ils étaient pourtant nombreux jusqu’en fin d’après-midi à s’agglutiner derrière les barrières. Maintenant, le public s’est regroupé sous la salle Brassens où se tient le gros de l’organisation.

Un public d’amateurs mais aussi de curieux, venus voir ces étranges coureurs engagés dans une discipline extrême. Les uns comme les autres sont attirés par cet événement qui dépasse la compréhension: “Comment peut-on encore continuer à avancer, courir encore pendant 24 heures?!” L’interrogation en laisse plus d’un sans mot. “Il faut aimer se faire mal”, concluent la plupart. Mais, on lit dans leur regard le respect pour le courage de ces athlètes hors normes.

22h. Nous sommes à mi-course. La fatigue se fait sentir, sur les visages comme sur les corps. Si certains paraissent encore assez frais, quelques démarches se font plus saccadées, certains boitent, d’autres avancent en automates. Il y a déjà trois abandons. Mais rien n’est joué sur une telle distance. Certes, les écarts vont se creuser d’autant plus pendant la nuit. Il serait toutefois imprudent de se lancer dans des pronostics. Les masseurs accueillent leurs premiers clients. Les lits de repos aussi. Quelques minutes de sommeil permettent de se remettre dans la ronde. Chacun économise sa foulée pour garder le cap.

Dehors, sur le parcours qui traverse les jardins et longe la Corrèze, la nuit devient plus épaisse, plus fraîche, enfermant un peu plus les concurrents en eux-mêmes. Les coureurs enchaînent ces passages de l’ombre à la lumière. Le micro extérieur vient d’être coupé et l’ambiance se focalise sous la salle Brassens. Au micro, justement, le speaker joue de tous les registres, autant pour informer que pour motiver les troupes. Une voix dans la nuit. “Ça aide”, assure Daniel Robin qui tient le micro. “Je les admire”, confie-t-il en suivant le passage des coureurs. “Ça va se jouer entre 3h et 6h du matin, entre la nuit fraîche et la naissance du jour.” Poète, à ses heures le monsieur! Alors, pour les “aider”, en habitué de l’exercice, il fait l’ambiance. “Tout à l’heure, on a souhaité l’anniversaire d’un Russe au moment où il passait les 100km et battait son record. A minuit, on va faire pareil pour un Anglais.”

Et pendant ce temps, les coureurs continuent de tourner, comme inlassablement. Il n’est pas vraiment question de record du monde à battre, mais de tenir envers et contre tout. Le record, on verra bien au final, s’il est au rendez-vous. Un temps, vers les 18h mais c’est déjà si loin, les yeux s’étaient fixés sur la barre des 100km, histoire de pimenter une compétition qui s’étire dans la durée. Le Japonais Shingo Inoue (dossard 191) aura explosé le record des 100km réalisés sur le circuit de Brive, en bouclant la distance en moins de 8 heures, en exactement 7h48 (le record mondial officiel affiche quant à lui un peu plus de 6h30). Derrière lui, Scott Jurek (dossard 249) n’a pu réitérer l’exploit. L’Américain a beau avoir gagné deux fois le Spartathlon (246km non stop), les 24 heures, c’est décidément une autre affaire.

Mais le Japonais n’en reste pas moins sur des bases du record du monde. Et peut-être verra-t-on tomber le record de France? L’an dernier à Bergame, Anne-Cécile Fontaine (dossard 30), chef de file chez les Françaises, a échoué de 14 petits mètres. Aujourd’hui, elle se maintient en tête. Brigitte Bec (dossard 32) la suit à la 3e place derrière une Italienne. Et à la 4e, notre Sylvie Peuch du PBAC (dossard 33). Son fan club local l’applaudit à chaque passage. Des encouragements auxquels elle renvoie la même réponse; de la main droite, elle se frappe le cœur, puis le brassard sur son bras gauche: Sylvie court pour Patrick Marani, son président décédé à quelques jours de ces Mondiaux.

A 23h, le classement par équipe se confirme. Côté hommes, le Japon garde la primeur avec 421km, talonné d’un mètre par les Américains. Les Français ont la troisième place, à 18 mètres. Le premier Français, Stéphane Collard (dossard 98), se classe 9e. Côté femmes, les rôles sont inversés: la France est en tête avec 386km, suivie par les Etats-unis (371km) et l’Italie (356km). Au lever du jour, on y verra plus clair.

Et dans tous ces concurrents encore en lice, il y en a trois qui courent… pour rien, sans enjeu dans la compétition, en open. “C’était un souhait du président du PBAC de voir courir des invités locaux”, explique un licencié. Il s’agit de Rémy Brauge (254) du PBAC, Jean-Pierre Durmier (255), un ancien du club organisateur aujourd’hui licencié à Branceilles et Thierry Soulié (256) du TAC. Ils courent pour le seul plaisir d’être là. L’an dernier, Emmanuel Fontaine, le mari de notre leader nationale, avait expérimenté l’expérience open… et se retrouve aujourd’hui dans l’équipe de France. Dans cet course comme dans d’autres, tous les espoirs sont permis.

Vous pouvez suivre heure par heure le classement de ces Mondiaux sur le site 24h-brive.

Amy Palmiero-winters dans les stands

Avec le numéro 254 le Briviste Remy Brauge

L'Americain Scott Jurek

La régional de l'étape Sylvie Peuch

Amy Palmiero-winters

Le coupe Fontaine Anne-Cecile et Emmanuel

Le Briviste Jean-Pierre Durmier

Stephane Collard

Shingo Inoue

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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