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Médecine d’ici et de là-bas

Ils ne sont pas Brivistes, mais c’est tout comme : ils viennent de Sikasso, notre jumelle malienne. Lui est médecin, elle sage-femme. Rencontre pendant leur mois en immersion à l’hôpital de Brive.

Ils se sont immédiatement fondus dans le service maternité-gynécologie car ces deux « stagiaires » (c’est le terme consacré par cette coopération sous l’égide de la Fédération hospitalière de France) sont loin d’être des novices venus quérir une formation initiale. Soumalia Alama Traoré, 43 ans, est gynécologue obstétricien, chef de service à l’hôpital de Sikasso, également président de la CME (Commission médicale d’établissement). Adjaratou Ballo, 48 ans, est sage-femme « maîtresse », c’est-à-dire qu’elle chapeaute dans ce même service 18 consœurs. Deux professionnels rompus au rythme intensif d’un hôpital en bout de chaîne du système de santé malien.

« Nous venons chercher un échange d’expérience, observer des pratiques que nous pourrions mettre en œuvre. Par exemple, l’accouchement sous péridurale qui n’est pas tellement à la mode chez nous. Il se fait naturellement, dans la douleur, avec davantage d’efforts et de travail. Et le temps d’hospitalisation est beaucoup plus court : s’il n’y a pas eu de complications, les mamans rentrent chez elles six heures après avoir accouché », listent-ils, bien conscients que les changements de pratiques doivent s’adosser à des changements de culture.

« Ici, l’asepsie est très rigoureuse, il y a un grand respect des check-lists, des protocoles thérapeutiques, une collaboration des personnels plus étroite. Il y a beaucoup de matériel, moins de cas compliqués, c’est l’inverse chez nous. » Des différences dans la surveillance, la prévention et la prise en charge des patients qui alimentent les discussions entre soignants.

« Leur service affiche un taux de césariennes très élevé, 40 %, alors que nous sommes à 20 %. Nos suivis plus rapprochés nous permettent d’éviter des complications de grossesse », comparent côté briviste les docteures Chrystelle Mesnard et Muriel Cantaloube. Ce qui se traduit malheureusement au Mali par un taux de mortalité assez élevé, tant maternel qu’infantile. « Certaines femmes viennent trop tardivement en consultations prénatales, d’autres n’y ont pas recours, on les voit pour la première fois en salle d’accouchement. » Chose impensable ici.

Si, en 2023, la maternité briviste affichait près de 1 200 accouchements, son homologue malienne dépasse les 2 300, très souvent des cas compliqués, car la plupart des accouchements se pratiquent en centre communautaire. Une tension moindre à Brive qu’apprécient les deux soignants maliens complètement intégrés aux équipes. « On se sent en famille », assurent-ils, très sensibles à l’accueil des Brivistes : « Il y a de la chaleur humaine. On dirait des Africains ».

La santé a toujours été un des axes majeurs de ce jumelage de cœur qui entretient depuis 42 ans des liens indéfectibles. « Cet axe s’est dernièrement renforcé autour d’un programme conjointement établi par les deux établissements hospitaliers grâce au docteur William Assaf », explique Michel Blancher, président de l’association Brive-Sikasso gérant le jumelage pour le compte de la Ville. « Il y a une approche cohérente et globale. » Depuis 2012, l’hôpital de Brive a ainsi accueilli une quinzaine de soignants maliens.

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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