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Maxence Célérier en tête à tête avec Bobby Sands

Un an qu’il empile les recherches, rature, relit et peaufine son nouveau projet. Maxence Célérier qui cartonne encore avec sa précédente pièce L’Evangile selon Saint-Moi revient avec un nouveau texte qui sera créé à la rentrée sur les planches du théâtre des Gavroches. Le thème est inattendu, le sujet délicat. Traité avec finesse et ténacité, il a mis toutes les chances de son côté pour renouer avec le succès.

Maxence CélérierAu centre des intérêts de Maxence Célérier depuis un an, Bobby Sands, républicain irlandais, membre de l’IRA provisoire. “Le traitement dans la presse du conflit nord-irlandais, côté français, m’a beaucoup touché”, explique-t-il. “Cette grave crise n’a jamais constitué dans les media qu’un sujet de fin de JT et pourtant ça s’est passé si près de nous…” De ce déséquilibre est né sa volonté de travailler sur ce thème, comme pour rendre justice à un conflit resté dans l’ombre. Et c’est par le biais de Bobby Sands que le jeune homme a choisi de l’aborder.

Bobby Sands est un nom qui résonne dans les mémoires collectives. Il est le premier des 10 membres de l’IRA emprisonnés qui, après avoir entamé une grève des vêtements, de l’hygiène, puis finalement de la faim est mort, à 27 ans, dans la prison de Maze en Irlande du Nord, après 66 jours de jeûne. “Jusqu’où peut-on aller pour défendre ce en quoi on croit”, s’interroge Maxence Célérier. C’est bien cela le cœur de cette nouvelle, écrite comme un monologue. “Comment ce gamin de 25 ans a pu choisir de défendre ses convictions jusqu’à la mort?” Une question qui le taraude et le passionne. “Moi, je n’ai pas de grande cause à défendre”, semble-t-il déplorer, “mais j’aurais aimé en avoir une…”

A travers le texte de Maxence Célérier, on suit les derniers jours de Bobby Sands, de son emprisonnement à sa mort. La précision et la rigueur ont été des obsessions pour le jeune auteur: “Je n’ai changé aucun nom, vérifié cent fois les dates et les lieux, en prenant garde à ne pas susciter la compassion. C’est un homme qui a du sang sur les mains. Même s’il a un but et que j’admire cela, il n’est pas louable. Je ne voulais surtout pas qu’on pense que je faisais l’apologie du terrorisme“, prévient-il.

Le livreLe jeune homme a finement travaillé son personnage de manière à ce qu’il colle à sa réalité. Son Bobby Sands n’a rien à voir avec celui de Steve Rodney McQueen, vieux et froid, dans le film Hunger. Maxence Célérier, qui mettra en scène son texte, bataille d’ailleurs en ce moment pour que le comédien, Alexandre Josse, ne voit pas cette version; car lui l’a peint jeune mais aussi paniqué quelquefois. Un profil qui s’appuie sur les textes que Bobby Sands a lui-même écrit en prison sur du papier à cigarette et du papier toilette.

Au terme d’un an de recherches rigoureuses et d’écriture pointilleuse, attentive jusque dans la ponctuation, Maxence Célérier a donné naissance à un texte d’une cinquantaine de pages manuscrites, offrant un spectacle d’une heure. Il sera créé au théâtre des Gavroches à la rentrée et destiné à vivre toute une année durant.

La suite, le jeune auteur y a déjà pensé. Il traitera de l’isolement. “De Duras (où il était question dans son premier texte Dans l’éclatement d’une valse de Chopin, NDLR)  au terrorisme, il fallait le faire! Cette diversité m’effraie et me rassure. Je ne sais jamais dans quoi je vais partir.” Sans nul doute angoissant, mais apparemment stimulant.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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