Ses dessins aux fines hachures dénoncent l’absurdité, la censure, l’oppression totalitaire. Une vingtaine seront exposés du 5 au 15 décembre au centre Edmond Michelet et à la librairie Bulles de papier à l’occasion du 68e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le dessinateur iranien, réfugié politique en France, dédicacera également ses ouvrages le 10 décembre avant de participer à la cérémonie commémorative à 18h.
Le 10 décembre 1948, les 58 États membres qui constituaient alors l’Assemblée générale des Nations unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pour commémorer cette adoption, la Journée des droits de l’homme est célébrée chaque année le 10 décembre. Une date devenue familière depuis 1998 pour les Brivistes grâce à la cérémonie organisée par le Collectif du 10 décembre qui rassemble sous sa bannière plusieurs associations (ACAT, Amnesty International, CCFD-Terre solidaire, Fraternité Edmond-Michelet, Ligue des Droits de l’homme, Mouvement de la Paix, Peuples solidaires-Appels Urgents, Secours Catholique). La célébration aura donc lieu ce samedi à 18h dans le jardin du musée Edmond-Michelet.
Le Collectif a choisi cette année de mettre l’accent sur les articles 13 et 14 du document fondateur. Le premier stipule notamment que “Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État” et “Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays”. Le second complète que “Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autre pays”… Un parcours qu’a dû emprunter Mana Neyestani. Un destin forcé, comme malheureusement celui de tant d’autres.
Né à Téhéran en 1973, l’illustrateur a vu en effet son existence basculer en 2006 quand une caricature l’a mené en prison. Profitant d’une libération provisoire, il fuit à l’étranger avec sa femme, passant par Dubaï, la Turquie, la Malaisie et la France où il vit désormais en tant que réfugié politique. Le dessinateur de presse prolifique évoque d’ailleurs sa trajectoire dans un roman graphique à l’humour grinçant Une métamorphose iranienne. Sa dernière parution, Petit Manuel du parfait réfugié politique, dépeint avec humour et mordant les galères administratives d’un nouvel arrivant, lui-même d’ailleurs, croqué avec sa silhouette élancée chapeautée d’un borsalino. D’un trait toujours acerbe, à la fois sensible et grinçant. Membre de l’association Cartooning For Peace, il a reçu en 2010 le Prix du courage du CRNI (Cartoonists Rights Network International) et en 2012 le premier Prix international du dessin presse des mains de Kofi Annan.
Mana Neyestani dédicacera ses ouvrages samedi 10 décembre, de 15h à 17h, à la librairie Bulles de papier, 21 rue du lieutenant-colonel Farro. Il participera ensuite à la cérémonie commémorative qui se prolongera par un moment convivial autour de boissons chaudes et de gâteaux. C’est par le biais d’Amnesty international que cette venue a pu se concrétiser. “Nous nous étions mobilisé pour lui en tant que prisonnier d’opinion”, explique Anne-Marie Chauvignat, responsable du groupe Amnesty de Brive. Depuis, le réfugié politique collabore avec des antennes du mouvement. “Il nous a fait cadeau d’un dessin original qui servira de support à une manifestation sur la liberté d’expression que nous organiserons avec les Archives municipales en janvier”, annonce déjà la militante.
A noter que le Collectif du 10 décembre propose également jeudi 8 décembre à 20h30 une conférence “Exilés, migrants, réfugiés. Qui sont-ils ?” qui se tiendra dans la salle située 11, rue Bertrand de Born à Brive (à côté du Temple). Elle sera animée par Sibel Agrali, directrice du centre de soins Primo Levi à Paris, la plus importante structure en France spécifiquement dédiée au soin des victimes de la torture et de la violence politique réfugiées sur notre sol. L’entrée est gratuite, comme pour toutes les manifestations proposées dans le cadre de cette commémoration.