ROC, l’abréviation pour “Réalisation d’ouvrages chaudronnés”. En terminale bac pro chaudronnerie industrielle au lycée Lavoisier à Brive, Valentin, 19 ans, montre avec fierté la lampe design qu’il a entièrement créée. Dans l’atelier, d’autres élèves réalisent en autonomie des projets commandés par des professionnels ou des particuliers. Tables de salon, sièges, servantes d’atelier, barquettes de labo, consoles… Autant de projets qui leur permettent d’acquérir et d’exercer leur savoir-faire. Une formation bac pro solide comme du ROC et une griffe made in Lavoisier qui mérite d’être connue.
“Réalisation d’ouvrages chaudronnés”… L’intitulé n’éclaire pas vraiment le néophyte. En gros, et pour faire simple, ceux qui suivent cette formation au sein du lycée professionnel Lavoisier deviennent des spécialistes du métal. Ils sont capables de souder, riveter, boulonner, coller, assembler métaux et alliages ferreux ou non, et si besoin des matières plastiques ou matériaux composites. De jouer aussi avec les machines et les formes en plat, tube ou profilé… Bref, ce savoir-faire leur ouvre des secteurs aussi variés que le bâtiment, les travaux publics, les constructions aéronautiques, spatiales, ferroviaires ou navales, les industries mécaniques, pétrolières, chimiques, sidérurgiques, agro-alimentaires… et j’en passe. Des débouchés qui s’évasent en entonnoir.
Direction l’antre où tous ces savoirs se frottent à la matière: l’atelier de chaudronnerie. Une grande salle des machines où la radio distille non stop des airs de musique classique, uniquement. Bruits de soudures et de machines fusent par intermittence comme pour s’intégrer à l’orchestration. Ici, tous les mardis, les lieux sont réservés aux élèves en terminale. Chacun vaque en autonomie à son projet en cours, qu’il mène seul ou en binôme. Valentin travaille sur un prototype de barquettes de laboratoire commandées par la société cosmétique Silab à Saint-Viance. Mais ce jour-là, le lycéen a réservé une petite surprise à ses camarades en ramenant de chez lui une lampe en inox aussi haute que lui. “Celle-ci, j’ai eu l’opportunité de la fabriquer dans l’entreprise où j’ai réalisé mon stage, car ici, les machines n’étaient pas suffisantes.” Les élèves s’attroupent un moment autour du bel objet, apprécient silencieusement la facture. Pas peu fier de sa création, Valentin explique: “L’inox, c’est plus beau, mais aussi plus dur à travailler. Chez moi, je l’ai mise dans le salon, elle donne une belle lumière d’ambiance. Alors que la première que j’ai fabriqué, plus petite, en acier pur et tout en rouge, va dans la chambre. Ces lampes, ça parle aux gens, on m’a proposé d’en faire pour des bars ou des boîtes de nuit. ” Et de confier: “J’ai toujours aimé inventer, je rêve de faire design, ou alors ferronnerie d’art“.
Depuis quelques années, histoire de se faire la main, le lycée demande aux promotions de travailler sur une gamme de mobilier. La formation 2009-2011 s’est ainsi vue attribuer les luminaires. “C’est de la conception pure”, explique Bernard Chatras, l’un des professeurs en chaudronnerie. Des projets qui naissent d’abord en cours d’arts plastiques et passent par l’épreuve du feu en atelier. Tables de salon en XY, consoles, porte-CD, sièges assis-debout…, autant de challenges qui font appel aux connaissances acquises. “Il y a de quoi faire un catalogue. Ces objets sont d’ailleurs vendus, ce qui permet d’acheter d’autres matériaux. Même chose en ébénisterie”, souligne la proviseur Maryse Coste. Elle même n’est pas peu fière de montrer son propre bureau, bel objet associant bois et métal, entièrement conçu par les élèves de l’établissement. Et comment mieux convaincre les visiteurs des savoir-faire ici acquis?
Il y a aussi des commandes spéciales. Elles permettent elles aussi aux élèves de s’exercer en titillant leur curiosité et leur ingéniosité. En ce moment, les bac pro s’activent sur des porte-plateaux pour le self du lycée Cabanis, un meuble de salle de bain pour un particulier, des servantes d’atelier pour la SNCF, une banque pour le magasin de l’établissement, une table de tri pour les noix… “Le but, c’est qu’ils puissent à partir d’un schéma être capable de fournir l’objet précisément souhaité. Là, ils sont prêts à être lâchés en entreprise“, se réjouit la proviseur.
“On se sert de tout ce qu’on apprend”, commentent Thibaut et Guillaume, 18 ans chacun. Tous les deux ont collaboré à un plus vaste projet pour le CRTS à l’école primaire Jules Ferry, mais si, ce Centre de ressources technologiques et scientifiques célèbre pour son élevage de coccinelles. Il y a une quinzaine d’années, le lycée avait déjà réalisé l’aménagement des salles labo et informatique. “Le matériel n’était plus adapté. Nous avons équipé entièrement deux salles avec des paillasses en inox.” Le tout dans un laps de temps assez court: tout le mobilier est déjà en place et n’attend plus que l’inauguration, en présence des concepteurs-réalisateurs bien sûr. “C’est valorisant de faire quelque chose pour une école et on sait que ça va servir.”
Pour plus d’infos, vous pouvez contacter le lycée Lavoisier au 05.55.86.44.00 ou consulter son site en cliquant ici.