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Ma vie avant le déconfinement : Mathieu Bosredon, athlète (20)

Si à un mois des championnats du monde d’Ostende en Belgique, sésame pour décrocher une qualification aux Jeux paralympiques de Tokyo, Mathieu Bosredon cultive son potager, c’est que toutes les compétitions ont été annulées ou reportées. En attendant la fin du confinement, le multiple champion de France de handbike s’entraîne chaque jour dans son garage en rêvant à la prochaine sortie sur route et à un monde meilleur.

Mathieu Bosredon est soulagé depuis qu’est tombée, le 24 mars, l’annonce de l’annulation des jeux paralympiques de Tokyo initialement prévus du 25 août au 6 septembre prochains. « Avant cette date, on ne savait pas où on allait. Les premières semaines de confinement ont été extrêmement stressantes émotionnellement. On cherchait toutes les solutions pour compenser les entraînements et pour être opérationnel dès la sortie du confinement si les dates avaient été maintenues. Mais la perte d’un mois de préparation aurait été catastrophique. »

Aujourd’hui les choses sont claires. « Toutes les compétitions ont été annulées jusqu’à mi-juillet ou début-août dans le meilleur des cas. Ce sera une année blanche. Peut-être y aura-t-il une course mondiale en septembre ou octobre mais après terminé ».

Mathieu Bosredon n’a pas cessé l’entraînement pour autant évidemment. « J’ai la chance que mon sport soit reproductible sur rouleau. Bien sûr, on ne voit pas défiler le paysage, c’est moins beau, moins drôle mais avec les capteurs de puissance et les résistances de mon home trainer, je peux faire des sprints ou monter des cols. »

A cet entraînement d’une heure, ou maximum deux, le matin dans son garage, il ajoute une séance de musculation l’après-midi. « L’un dans l’autre, ça ne se passe pas si mal. On mise sur la qualité et on essaie de nouvelles techniques, de nouvelles stratégies. J’arrive même à garder une bonne condition physique sans sortir. Il n’y a que l’endurance qui fasse défaut mais ça se récupère facilement, j’ai 15 ans de vélo derrière moi », explique l’athlète qui avait fait quatrième aux Jeux paralympiques de Rio en 2016 et qui, pleinement conscient de l’ampleur de la crise, se force aussi à tirer du positif dans cette situation.

« J’entends des gens qui ronchonnent, ils trouvent que c’est long, qu’on leur enlève des libertés. Mais il y a des personnes qui meurent, d’autres qui se battent pour les soigner. Cet effort de deux mois de confinement qu’on nous demande, c’est que dalle. On est chez nous. Je profite de ma femme et de mon fils. Je ne les ai jamais vus autant. » Il cultive aussi son jardin. « J’ai fait des radis, des concombres, mes salades poussent, j’ai planté des fraisiers et des tomates même si c’est sans doute un peu trop tôt », craint-il. « Je ne jardine pas du tout d’habitude ! » Mais il profite de ce temps suspendu, persuadé que dans le monde d’après, les choses vont changer. « Il y aura une prise de conscience importante sur ce qui est le plus important dans nos vies, notre rapport à la consommation aussi. Moi je suis en fauteuil depuis l’âge de 4 ans. C’est une prise de conscience à laquelle j’ai déjà été confronté. »

Maintenant que le déconfinement se profile, Mathieu Bosredon se prend à rêver de sa première sortie. « Je n’ai aucune appréhension. C’est un sport solitaire, sans contact. » Il va retrouver son circuit habituel, une boucle de 65 kilomètres qui l’emmène jusqu’à Ayen en passant par Brignac-la-plaine avec un retour par Varetz. D’autant que ça le fait passer par Yssandon où habitent ses parents qu’il n’a pas vus depuis le début du confinement. « Le risque, c’est de partir trop fort sur 100 ou 150 km alors qu’on n’est plus habitué à rouler. Moi je compte reprendre tranquille, je ne suis pas pressé. »

 

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

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