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Voyage face caméra

Les rentrées se suivent et ne se ressemblent pas dans la classe du Dispositif d’accueil des adolescents du voyage (DAAV). Cette année, les jeunes voyageurs du collège Jean-Moulin seront les acteurs du documentaire Des caravanes dans la tête. Une manière de redécouvrir l’école à travers ces adolescents qui la vivent autrement.

“Tu vois ! Tu prétends que tu ne sais pas lire, or tu lis tout à fait bien!”, encourage le professeur Raphaël Descamps. Au programme de la matinée d’hier, dans la classe des enfants du voyage de Jean Moulin: évaluation de lecture!

Mais c’est une évaluation pas tout à fait comme les autres. En face de la table où est interrogé l’élève, Sylvie Texier, derrière sa caméra, ne perd pas une miette de ce moment planifié mais capté dans le live du moment, sans répétition, sans dialogue à apprendre.

Cette scène fera peut-être parti du film documentaire de 52′ Des Caravanes dans la tête, que la réalisatrice prévoit d’avoir fini en juin prochain. “C’est un projet auquel j’ai pensé il y a 10 ans et que j’ai laissé traîné jusqu’en 2010 au fond d’un tiroir. Comme bien souvent, c’est un heureux hasard de la vie qui l’a décidée à le ressortir. Après un an de travail de repérage et d’écriture, le moment du tournage est venu.

Le documentaire immergera le spectateur dans le quotidien des professeurs Julie et Noémie et de leurs actions au sein du camion-école de l’APEV 87 et donc celui de Raphaël Descamps et de sa classe du DAAV. “Je voudrais faire découvrir des enseignants qui travaillent à la marge et le rapport à l’école de ces enfants qui est très différent du nôtre”, explique Sylvie Texier. “Ce documentaire est aussi une manière de découvrir leur culture à travers le prisme de l’école.”

“Ça va m’aider”, confie l’enseignant. “Ce documentaire va mettre en relief le travail qui est fait et montrer aux gens qui pourraient penser qu’il n’y a jamais personne dans les classes du DAAV que les jeunes sont là, qu’ils réussissent. Cela mettra aussi en évidence le travail qui est fait avec la famille jusqu’à établir une relation de confiance indispensable.” Un travail de longue haleine, reconnaît Raphaël Descamps, mais aussi un poste qu’à présent, il ne céderait pas.

“Ce film n’apportera peut-être pas de réponses”, termine Sylvie Texier, “mais il incitera, je l’espère, aux questionnements. Il montrera que des choses sont possibles, par-delà la différence.” Sans doute même grâce à elle.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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