Ils sont sept. Le stress, légitime, les freine un peu dans leur courageuse avancée vers la tribune. Alexis, Camille, Coralie, Joanna, Jules, Maxime et Thomas sont collégiens à Rollinat. Ils s’apprêtent à présenter, micro dans une main et notes dans l’autre, leur projet “graine de challenger” au jury et à d’autres camarades adolescents répartis dans la grande salle Escande de la CCI.
“Finalement, le plus stressant, c’est juste avant qu’on nous appelle sur scène. Une fois qu’on a commencé à parler, ça va mieux.” Les artistes appelleraient ça le trac. Cette pression que l’on se met lorsqu’on va devoir se produire face à un public. En plus de l’assistance constituée pour l’essentiel d’adolescents participant eux aussi à “graine de challenger”, les collégiens avaient, face à eux, un jury de professionnels gentiment intransigeants.
“Graine de challenger” vise à développer l’esprit d’entreprendre et la citoyenneté économique des collégiens de 3e, qui sont invités à créer virtuellement une entreprise. Cette 8e édition regroupe 29 équipes (de 4 à 8 élèves) de 12 établissements du département. Et c’est généralement au collège, dans le cadre de l’option découverte professionnelle (trois heures par semaine), que le travail s’effectue. “Les élèves sont les moteurs du projet, je ne suis là que pour éventuellement les corriger et les renseigner”, explique le professeur de technologie en charge de l’option Thierry Chauvin. Et la réussite de “graine de challenger” réside bien dans la liberté, fut-elle contrôlée, laissée aux collégiens. “Ils adhèrent car ce n’est pas le projet du prof! Ils portent vraiment le projet qu’ils ont choisi”, analyse Jérôme Authier, en charge de la communication de la Fédération régionale des challenges “destination entreprise” organisatrice.
“Notre entreprise, Alphanet, c’est un site internet pour aider les personnes analphabètes, illettrées et les personnes immigrées à apprendre à lire et à écrire le français pour qu’elles soient autonomes et qu’elles s’intègrent dans la vie active. On se servira de l’audio, de la vidéo en webcam et d’images, et les interlocuteurs des gens en difficulté seront peut-être d’anciens professeurs retraités.”
Les jeunes déroulent leurs propos face au jury de professionnels. Etat d’avancement du projet (qui sera présenté, bouclé, le 27 mai à Limoges), professionnels rencontrés, les points à développer, chacun déclame sa part de discours et, en deux temps trois mouvements, la présentation est close. Puis ce fut le feu des questions d’un jury qui joue le jeu, parlant aux ados comme ils parleraient à de véritables entrepreneurs, ou presque. Dans ce drôle de jeu de rôles, tout le monde trouve son compte.
Une fois l’épreuve terminée, vient l’heure du relâchement, mais aussi et surtout du bilan. “Les questions du jury nous ont permis de comprendre qu’on doit prendre des professeurs bénévoles plutôt que des salariés, sinon on aura trop de dépenses et pas assez de recettes.” Le stress n’a visiblement pas empêché les entrepreneurs en herbe d’écouter attentivement les conseils fournis par les membres du jury, intransigeants certes, mais avant tout complices.
“C’est la 1ère fois que le collège Rollinat participe, alors je découvre “graine de challenger” en même temps que les élèves”, s’amuse Thierry Chauvin. “Participer leur donne confiance en eux. Au collège, ils ne sont qu’enfants et élèves, alors que, là, ils sont avant tout de véritables personnalités. Ça participe grandement à leur épanouissement en tant qu’humain.”