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Les élèves de Cabanis à la veille de leur procès

Répétition du procès mis en scène par la classe de seconde 7 de CabanisLa pression monte chez les 29 lycéens en seconde 7 au lycée Cabanis. Ce matin et demain, ils répètent avec le comédien Cédric Laroche le procès d’un accident de la route qu’ils ont monté de toutes pièces et mettent eux-même en scène. Le procès est imminent: lundi 11 mai, dans la salle d’audience du tribunal de Brive. Depuis septembre dernier, ils se sont investis dans cette pièce qui les sensibilise à la sécurité routière.

Dans les coulisses de la justice, côté théâtre.

Le requisitoire du procureur MorganeL’affaire est terrible : un accident de la route qui a coûté la vie à trois personnes dont une femme enceinte, une quatrième victime clouée dans un fauteuil roulant, une autre atteinte d’amnésie irréversible. L’auteur de l’accident: un jeune homme, tout juste majeur, au permis de conduire tout neuf et plus de 2 grammes d’alcool dans le sang. Dans les victimes: son frère unique qui plus est son unique famille. C’est du grand pathos, relatant la réalité du drame humain, mais toute ressemblance avec des personnes ou des faits ayant existés ne serait que pure coïncidence. Car “l’affaire” a été entièrement imaginée par les 29 élèves de cette seconde 7.

Le tribunal attentif au requisitoireIls y travaillent depuis septembre. Un projet de longue haleine porté par leur professeur de français Nathalie Marchou, la CPE Michèle Coelho et leur professeur d’histoire Marielle Alary. Tout au long de ces mois, les lycéens se sont documentés, familiarisés avec la justice, sa procédure et son vocabulaire. Ils ont rencontré des professionnels, procureur, avocat, juge, gendarme, journaliste, militant d’association de prévention… Tout en construisant la trame de ce procès exceptionnel, écrivant les dialogues, se répartissant les rôles, assistant à des audiences… Chacun son rôle. Même l’élève canadien qui suit actuellement cette classe jouera la presse internationale!

Aujourd’hui, ils sont à J-5 de ce procès retentissant qui se déroulera lundi 11 mai, à 9h30, dans la salle d’audience du tribunal de Brive, en robes et uniformes de circonstance. Qui plus est devant les professeurs, leurs familles et les professionnels qui les ont aiguillés. Mais pour l’heure, la classe se retrouve sous l’œil du comédien Cédric Laroche pour le premier filage, avant la dernière répétition, demain… Ensuite, viendront les affres de l’attente jusqu’à lundi.

Le comédien Cédric Laroche donne ses conseilsLa salle de cours a été agencée en salle d’audience et tout le monde joue successivement son rôle. “Il faut être plus ferme, plus convaincant”, insiste le comédien du fond de la salle. Guillaume, un des avocats des victimes actuellement sur la sellette, reprend sa plaidoirie d’un ton plus persuasif. Quelques rires nerveux se font entendre dans la classe.

Morgane, la procureur, se lève à son tour et entame son réquisitoire. Elle adopte une voix grave, pèse les mots, interpelle, marque des blancs. L’atmosphère devient lourde, imposant le silence à chacun. Le prévenu Axel, encadré par ses deux camarades gendarmes, baisse la tête sous la charge. On s’y croirait. Son avocat, Sophie, tente de défendre son client en instillant le doute dans le jury. “Joue la colère, exagère un peu, tu es dans le théâtre et insiste sur les consonnes, ça donne du volume”, reprend le comédien. C’est du théâtre, certes, mais aux accents bougrement réels.

Chaque élève joue un rôle

“Lundi, dans la salle d’audience, vous allez avoir tendance à parler plus bas et vite. C’est surtout ce qu’il ne faut pas faire”, anticipe Cédric Laroche. “Au contraire, il faut créer une atmosphère pesante. Regardez les gens, modulez les voix…” Des derniers conseils que les élèves reçoivent attentivement, dans un silence où perce l’appréhension. Les lycéens n’auront pas loisir de répéter auparavant au tribunal. Tout juste prendrons-t-ils possession des lieux quelques minutes auparavant. Heureusement, le comédien sera aussi là pour les rassurer et leur apporter ses derniers recommandations.

Après, ce sera entièrement à eux de jouer. Et il faudra attendre la fin du procès pour connaître le jugement, que les lycéens n’ont pas voulu éventer.

Vaincre son trac

Scènes du procès

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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