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Les Anonymous décryptés

Hier soir au pôle universitaire de Brive, Frédéric Bardeau et Nicolas Danet, auteurs du livre Anonymous (Fyp) ont permis à un amphithéâtre plein, pendu à leur lèvres et peu avare en questions, de rentrer en intimité avec le phénomène mystérieux et ambigu des Anonymous.

Les questions se sont poursuivies encore et encore après l’intervention de Frédéric Bardeau et Nicolas Danet, invités dans le cadre des Saisons du livre de Brive, initiées par la direction de la culture. Des questions éthiques, précises, techniques ou plus personnelles (“Que dois-je faire pour que les Anonymous s’intéressent à la cause tibétaine que je défends corps et âme?”), fruit d’une présentation lumineuse, pointue mais accessible au grand public et d’un phénomène qui interroge et passionne. “Comment ce groupuscule de blagueurs a-t-il pu devenir l’expression d’un mouvement numérique mondial qui fait bouger les lignes?” posent les auteurs.

“Les Anonymous ne sont pas le fruit d’une génération spontanée”, lâchent-ils. Première surprise. “Ils existent depuis 1940. Ils étaient des hackers à l’époque, entendez ceux qui détournent les objets techniques”. Deuxième surprise! “Ils ont ainsi existé bien avant d’exister sous le nom que nous leur connaissons aujourd’hui.”

“Internet et les Anonymous: même combat, qui surfe sur la contre-culture”, avancent-ils. Les deux auteurs prennent alors le soin de recontextualiser le phénomène et de le décrypter simplement, sans le simplifier pour autant. Masque 2Les valeurs portées par les Anonymous sont inextricablement liées, apprend-on, aux origines de l’internet imprégné des mouvements de la contre-culture (mouvements des droits civiques, opposition à la guerre du Viet-Nam, mouvement hippie) des années 1960 et 1970. Cette contre-culture, refusant l’idée de hiérarchie et de système pyramidal, a influencé la manière dont les gens ont pensé le réseau: de fait, c’est un réseau horizontal, sans hiérarchie et les Anonymous agissent pour qu’il reste ainsi.

masque“A-t-on le droit d’être anonyme sur internet?”, questionnent les auteurs. “Les Anonymous répondent que oui, que c’est même fondamental”. Reste que beaucoup de personne conçoivent l’anonymat comme un danger à cause des prédateurs sexuels notamment et surtout les pédophiles. Frédéric Bardeau et Nicolas Danet précisent qu’à ce sujet, dès le début, des Anonymous ont pourchassé spontanément ces criminels. Et d’insister: “Ils instaurent un mode de régulation différent et nouveau.”

Acquis à leur cause sans en faire partie, les auteurs ont mis en garde le public contre une adhésion naïve au mouvement dont les actions de piratage tombent souvent sous le coup de la loi. Cerise sur le gâteau d’une riche conférence, les auteurs ont dévoilé le modus operandi des Anonymous en se connectant en direct sur les canaux IRC, sorte de tchat. “C’est complexe mais pas surréaliste”, concluent-ils. Un clic a priori plutôt aisé à faire mais qu’il faut réfléchir consciencieusement car s’il s’avère souvent légitime, il est loin d’être tout le temps légal.

Sur ce même sujet, vous pouvez également lire notre précédent article:

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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