L'actualité en continu du pays de Brive


Le temps de voir “Le temps d’aimer”

Il est sorti grand vainqueur du Film francophone d’Angoulème. Ne manquez pas l’avant-première du dernier film de Katell Quillévéré, lundi 30 octobre à 20h30 au Rex. La cofondatrice du festival du cinéma de Brive sera présente à la projection.

Katell Quillévéré était déjà venue présenter ses deux précédents films à Brive © Olivier Soulié

Katell Quillévéré est une cinéaste qui compte dans le paysage cinématographique français. Pas encore dans la lumière, mais pas totalement inconnue. 300.000 entrées pour  Suzanne, le récit d’un amour qui emporte tout avec Adèle Haenel et Sara Forestie. 345.000 entrées pour Réparer les vivants, adaptation du best-seller de Maylis de Kerangal, qui raconte une greffe de cœur à toute vitesse. Deux films, deux succès dont elle cosigne les scénarios et qui ont fait parler d’elle. Avant celà, il y avait eu en 2010, Un poison violent, auréolé du prestigieux prix Jean-Vigo. On lui doit aussi la mini-série Arte Le monde de demain sur la naissance du hip-hop français.

Avec ce quatrième long métrage, la trajectoire est ascendante. Son nom figurait ainsi cette année pour la première fois dans la sélection officielle cannoise. Le temps d’aimer y était présenté, certes hors compétition, mais dans la section consacrée aux réalisateurs “chevronnés” tels que Victor Erice ou Dominik Moll. Et déjà, la critique lui avait fait bon accueil. Et puis au mois d’août, le voilà récompensé au Festival du film francophone d’Angoulême. Le jury présidé par Laetitia Casta lui a décerné le Valois de Diamant, la plus haute distinction, et le Valois du Meilleur acteur pour son comédien principal, Vincent Lacoste.

Avec ce film, Katell Quillévéré affronte le drame des femmes tondues à la Libération et bien plus à travers ça. Cette page de notre Histoire s’ancre dans celle restée longtemps secrète de sa famille. Le film est en effet inspiré de la vie de sa grand-mère qui a eu un enfant à 17 ans avec un soldat allemand pendant l’Occupation. À partir de ce traumatisme familial et d’un important travail de recherches historiques, Katell Quillévéré a imaginé une histoire d’amour de deux heures dans la France de l’après-Guerre. Et il en soulève des questions ce film: est-on à jamais prisonnier de son passé, de la biologie, du déterminisme social, du poids du secret ? Qu’est-ce qu’un couple, cette folie que l’on invente à deux alors que tout oppose?

Le couple du film, c’est celui formé par François (Vincent Lacoste) et Madeleine (Anaïs Demoustier) qui tentent de surmonter leur honte et de se réparer, unis par l’amour et le secret. Le Temps d’aimer s’ouvre sur des images d’archives tournées à la Libération. Des images insoutenables et abjectes (certaines n’avaient jamais été montrées) montrant ces hommes, pour la plupart d’entre eux résistants de la dernière heure ou planqués, tondant des femmes devant une foule haineuse et hilare. Dans un collage subtil, le film passe du réel à la fiction, montrant Madeleine se réfugiant chez elle, tel un animal traqué, et s’efforçant d’effacer la croix gammée qu’on lui a dessinée sur le ventre.

La couleur succède au noir et blanc pour prendre relief et raconter la vie qui continue, la rencontre avec François, l’amour qui se construit autour du fardeau d’un secret singulier que chacun porte au fond de lui. Un scénario qui consacre davantage cette cinéaste de l’émotion et des histoires souterraines éclairant notre société. “Un mélange de classicisme et de modernité, mariant le romanesque à la lucidité et l’histoire de France à l’imaginaire”, a salué Télérama. Le temps d’aimer, le temps de l’émotion.

Le temps d’aimer en avant-première en présence de la réalisatrice Katell Quillévéré, lundi 30 octobre à 20h30 au cinéma Rex. Tarifs: 7 et 5,50 euros. Infos et billetterie sur cinema-rex-brive.fr.

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

Laisser un commentaire

douze − sept =