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Le musée Michelet a besoin de vous pour monter une expo

Peintre, résistante et déportée, Anna Garcin-Mayade est surtout connue pour ses œuvres sur l’univers concentrationnaire. On sait moins que celle qui fut élève de Renoir, a été professeur de dessin à Brive. Le musée Michelet qui souhaite lui consacrer sa prochaine exposition lance un appel à contribution aux Brivistes qui pourraient conserver une œuvre de l’artiste, des documents et témoignages. Contact au 05.55.74.06.08 ou à museemichelet@brive.fr.

Après la guerre, de 1945 jusqu’à sa retraite en 1960, Anna Garcin Mayade fut en effet professeure de dessin au collège de jeunes filles de Brive, aujourd’hui lycée d’Arsonval, où elle a éveillé la sensibilité artistique de nombreuses générations. Avant cette carrière, elle aura connu l’atrocité des camps nazis. Pour rendre hommage à cette femme d’exception, le musée Michelet prépare une exposition. Il possède des œuvres données par l’artiste sur l’univers concentrationnaire. S’y ajouteront d’autres prêtées par la ville de Pontgibaud d’où elle est originaire. Mais c’est surtout l’artiste elle-même que le musée souhaite mettre en lumière. D’où cette appel à contribution d’œuvres et de témoignages lancé aux Brivistes.

Mais qui était Anna Garcin-Mayade ?

Elle est née à Pontgibaud, dans le Puy-de-Dôme, en 1897. Elle va vivre, avec sa mère, à Paris, où sa tante et son oncle tiennent une boutique de tableaux, à Montmartre. Elle habite dans le même immeuble que Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo, et peint très souvent avec lui. À 18 ans, son professeur de croquis n’est autre qu’Auguste Renoir. Anna est passionnée de peinture. Elle baigne dans ce milieu d’artistes marginaux talentueux mais désargentés : Aristide Bruant, Francisque Poulbot…

Pour vivre sa passion, il fallait bien qu’elle gagne sa vie, elle devient alors professeur de dessin. À 42 ans, elle est nommée à Épinal dans les Vosges. Elle ne cache pas ses convictions politiques et, lorsque éclate la seconde guerre mondiale, elle s’engage dans la résistance. Elle écoute la radio de Londres, récupère des armes sur les champs de bataille d’Epinal…

Sa vie bascule le 30 octobre 1943. Ce jour-là, comme l’avait réclamé le général de Gaulle, sur Radio-Londres, elle demande à sa classe de première de respecter une minute de silence. Deux élèves la dénoncent. Elle est arrêtée par la police française et condamnée à cinq ans, pour « activités communistes et manifestations anti-allemandes ». Elle a 46 ans et va être déportée à Ravensbrück. Tatoué sur la peau, son matricule: 39 119.

Accusée de sabotage, elle est transférée dans un camp disciplinaire, Rechlin, véritable mouroir aux conditions atroces, surnommé “camp de la mort lente”. Elle y fait la connaissance de Paulette Pradel, résistante tulliste, qui lui donne le courage de continuer à dessiner et de se battre. Elle fait des croquis illustrant la vie du camp : l’organisation systématique de la dégradation, la recherche de l’avilissement, les coups, la faim…

Toutes deux sont sauvées de justesse par la Croix-Rouge suédoise. Soignées puis transférées en France. Mais ses précieux dessins, témoignages de l’horreur, qu’elle conservait dans ses vêtements sont brûlées, comme tous les effets des déportées, par crainte de contamination du typhus.

Elle n’oubliera rien de cette atroce période et réalisera de mémoire, des années plus tard, ces scènes de la vie quotidienne dans les camps, utilisant différentes techniques : fusain, huile, lavis. Des œuvres signées de son nom ou de son matricule et dont elle a fait don aux municipalités de Pontgibaud, de Tulle et de Brive où une salle du musée Michelet lui est consacrée. À la retraite, l’Auvergnate se retire dans sa ville natale, dans la maison de son enfance. Elle est décédée en 1981, ses œuvres témoignent toujours.

 

 

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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