A l’école de Séva, petit village du Togo, on joue à la pelote basque, si, si et c’est même ce qui vaut la venue à Brive des huit jeunes meilleurs joueurs de l’école. Reçus cet après-midi en mairie, ils ont offert leur chant “Nous sommes les enfants togolais. Mambo, alleluia”.
“C’est le chant qu’ils entonnent tous les jours à l’unisson avant de rentrer en classe“, explique leur directeur Degnidé Zanou qui accompagne les enfants avec l’inspecteur d’éducation Komi Djahlin. Un chant gentiment identitaire que les six garçons et deux filles ont offert au maire-adjoint Nicole Chaumont. Ils sont huit, âgés d’à peine 10 ans à bientôt 15 ans, en CM1, CM2 et 6e à l’école Séva, un petit village de brousse à 100km de Lomé, quelque 250 à 300 habitants. Mais là-bas, encore plus curieux qu’à Brive, on joue aussi à la pelote basque.
C’est dans le matériel acheminé en 2006 par l’association Togo 19 que les enseignants ont découvert des palas. Les bénévoles sur place, dont le président de Togo 19 également joueur de pelote, leur ont montré comment échanger des balles sur le mur de l’école. “Lorsque nous sommes revenus l’année suivante, nous avons constaté qu’ils y jouaient toujours et pourtant dans des conditions précaires”, s’étonne le président Jean-Louis Verlhac. Depuis, Séva pratique un sport à nul autre pareil. Et même si depuis l’an 2000, les enfants de ce village correspondent avec ceux de l’école Thérèse Simonet, c’est bien grâce à la pelote que huit d’entre eux peuvent vivre ce voyage de quinze jours dans la cité gaillarde. L’association mène d’ailleurs un projet d’agrandissement du pignon de l’école pour en faire un fronton digne de ce nom.
“Demain et après-demain, nous les emmenons à Pau assister aux championnats du monde de pelote basque à l’invitation des fédérations nationale et internationale”, explique Jean-Louis Verlhac. “Mais au-delà de la pelote, ce voyage crée des ponts entre des gens qui ne se seraient jamais rencontrés”, déclare Gérard Bentejac, président du Pilotari briviste. “On ne revient jamais comme on est parti“, assure-t-il comme à l’africaine en s’adressant aux enfants. “C’est une chance et vous aurez le devoir à votre retour de vous en montrer digne, de porter autour de vous de l’ambition, de vous accrocher à l’école, d’être les meilleurs.” Et tous d’opiner gravement.
Mais pour l’heure, les jeunes Togolais qui ne sont à Brive que depuis avant-hier, découvrent cet environnement inconnu. “Nous sommes impressionnés par les étages des maisons, la rivière et la circulation, tous ces vélos, ces voitures, ces motos. Et ici, les enfants mangent à l’école“, s’étonne Abra, 13 ans. A tous, il tarde de pouvoir faire des matchs. “Ils s’y sont préparés depuis avril”, explique le directeur de l’école. Une grande aventure pour ces jeunes enfants hébergés dans des familles. Le séjour promet d’être riche en émotions et souvenirs. Le programme est copieux. Abra et ses camarades vont visiter une ferme bio, Pompadour, Rocamadour, faire un tour au marché… et se rendre dans plusieurs établissements scolaires. Le 8 octobre, ils sont attendus à l’école Thérèse Simonet pour reproduire devant les élèves une rentrée en classe comme chez eux. Le 12 octobre, ils seront toute la journée à Cabanis: ils y suivront des TP d’électricité, sur le tri des déchets, le photovoltaïque ou l’éolien, s’initieront à l’informatique pour commencer à rédiger leur journal de voyage, sans négliger une rencontre de foot et une autre musicale.
Notez trois rendez-vous ouverts au public:
Plus d’infos au 05.55.87.54.41 et sur le site de Togo 19. Rappelons que l’association a fêté en 2010 ses 10 ans. Elle œuvre habituellement dans des domaines de coopération plus pédagogique et sanitaire. C’est la première fois qu’elle organise un tel voyage. Son prochain projet est la construction d’une cantine qui fera également classe maternelle pour favoriser la scolarisation des jeunes enfants.